Dr Yipeng Ge, R1, Santé publique et médecine préventive

Alors que j’étais à Régina en Saskatchewan pour un stage au choix en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, une visite avec un ami de l’exposition ‘UPRISING: THE POWER OF MOTHER EARTH’ de Christi Belcourt et Isaac Murdoch au Musée d’art MacKenzie m’a amené à poursuivre ma réflexion sur les services et le système de santé financés par les fonds publics offerts aux Canadiens. Ce musée est situé dans l’édifice multifonctionnel T. C. Douglas, ainsi baptisé en l’honneur de Tommy Douglas, considéré comme le père de l’assurance-maladie au Canada. Monsieur Douglas a été premier ministre de la Saskatchewan et plus tard, chef du NPD du Canada. Il a été témoin de l’adoption de son régime d’assurance-maladie par la Saskatchewan en 1962 (le premier régime d’assurance-maladie au Canada), puis par le gouvernement fédéral en 1966. 

Alors que nous nous apprêtions à quitter l’édifice, nous avons remarqué la toile du Dr Orville Hjertaas dans le foyer de l’édifice. C’est à ce moment qu’un agent de sécurité, aimable et renseigné, a partagé avec nous le rôle important qu’a joué le Dr Hjertaas dans le mouvement de l’assurance-maladie en Saskatchewan, et ultimement dans l’ensemble du Canada. Dr Hjertaas pratiquait la médecine à Prince Albert. Il est devenu chef du département de chirurgie dans les deux hôpitaux de la ville, et est le pionnier de l’approche collaborative à la médecine holistique et préventive. Lorsque les soins de santé financés par les fonds publics ont fait l’objet de discussions et de débats sur le fait que la capacité de payer pour des services de santé ne devait pas servir à établir si une personne pouvait recevoir des soins ou non, les médecins se sont largement opposés à ce changement de paradigme politique. Le Dr Hjertaas faisait partie de la minorité de médecins ayant choisi de poursuivre la pratique de la médecine, prodiguant des soins aux gens sans égard à leur capacité de payer. 

Je crois qu’il est essentiel de reconnaître que nos connaissances de la structure et du financement des soins de santé primaires et des soins hospitaliers reposent en grande partie sur des décisions relativement récentes. Nos valeurs sociétales ont rapidement et considérablement changé nous permettant ainsi non seulement de reconnaître les déterminants sociaux de la santé, mais également de les refléter dans tous les domaines de la pratique médicale, et particulièrement en médecine familiale. Nos médecins de famille sont bien placés pour agir face aux facteurs qui peuvent avoir un impact sur la capacité d’une personne à assurer sa santé et son bien-être à l’extérieur du milieu clinique et hospitalier. Cela signifie parfois de faire ce que le Dr Hjertaas et plusieurs autres continuent de faire, soit de dénoncer les iniquités et injustices, d’agir en faisant preuve de responsabilité sociale, et de travailler en faveur d’un monde qui prévient la maladie et favorise le bien-être. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de m’engager en médecine familiale, santé publique et médecine préventive.