Ambassadrice au centre des Amériques

Karine Asselin sourit devant une baie bordée de palmiers et de gratte-ciel à l’arrière-plan.

« J’ai toujours été fascinée par le Panama, en raison de la diversité extraordinaire du pays et de son rôle historique comme plaque tournante commerciale et culturelle des Amériques. »

– Karine Asselin

Par Mike Foster

La vie d’ambassadeur ne consiste pas qu’à assister à des réceptions et à tenter d’influencer les dirigeants de pays étrangers, précise Karine Asselin (LL.L. 1990). C’est là le genre de mise au point qu’elle a récemment dû faire auprès d’un pilote d’hélicoptère avec qui elle survolait une mine d’or et de cuivre exploitée par une société canadienne au Panama. Elle se rendait sur les lieux pour visiter les initiatives de l’entreprise en matière de responsabilité sociale.

« Les exploitations minières que j’ai visitées sont situées en région montagneuse. Elles sont difficilement accessibles par la route, voire pas du tout. La seule possibilité de s’y rendre est par la voie des airs », dit-elle.

À peine nommée ambassadrice du Canada auprès du Panama, en septembre 2015, Karine Asselin a dû trouver son rythme de croisière.

« Dès ma première semaine en poste, il a fallu me plonger à fond dans les dossiers bilatéraux avec le président du Panama. Ma connaissance de l’espagnol a été mise à l’épreuve, mais j’ai trouvé un partenaire positivement disposé au Canada », raconte-t-elle.

Son affectation précédente, en tant que ministre conseillère pour les affaires politiques et publiques à l’ambassade du Canada au Brésil, exigeait qu’elle parle le portugais couramment. Avant d’aller s’installer au Panama, elle a dû revenir passer deux mois au Canada, l’été dernier, pour suivre un cours intensif d’espagnol.

« Dans ce genre de travail, il faut pouvoir s’adapter rapidement à de nouveaux environnements et à de nouvelles langues, ce que je trouve fascinant », dit-elle.

En plus d’articuler le programme du nouveau gouvernement, ses principales tâches ont consisté jusqu’à présent à discuter de débouchés commerciaux, à rencontrer les membres du cabinet panaméen, les dirigeants d’agences des Nations Unies et les leaders du monde des affaires, ainsi qu’à dresser la liste de ses priorités avec les 23 membres de son équipe à l’ambassade.

Elle a également organisé divers séminaires sur les politiques environnementales et la lutte au blanchiment d’argent et visité des écoles et différents projets, dont certains reliés à un programme de responsabilité sociale qui aide des collectivités isolées à convertir leur économie locale, fondée sur la cueillette des œufs de tortue, à l’ostréiculture.

« Mes journées sont tout sauf routinières », ajoute-t-elle. « Le rôle d’un ambassadeur est très varié. Nous touchons à tellement de secteurs différents. En ce moment, mon objectif principal est de promouvoir les intérêts et les valeurs du Canada dans ce pays. Nous voulons faire comprendre au gouvernement panaméen, au milieu des affaires et à la société civile que notre pays a quelque chose à offrir au leur, et vice versa. L’un de mes messages importants c’est que le Canada est un partenaire de confiance pour la croissance et le développement. »

Karine Asselin est accroupie, son bras autour d’un jeune garçon.

Karine Asselin et un élève d’une école construite avec l’appui d’un projet de responsabilité sociale d’une entreprise minière canadienne.

Ce poste d’ambassadrice constitue le prolongement naturel d’une carrière déjà riche et variée, au cours de laquelle Karine Asselin a participé à de nombreuses négociations multilatérales et recherches de consensus. Son rôle consistait à faire valoir la position du Canada sur des questions aussi diverses que les mariages forcés et précoces, le contrôle des armes et la non-prolifération nucléaire. Le fait d’être nommée ambassadrice au Panama, dit-elle, représente pour elle une occasion extraordinaire.

« J’ai toujours été fascinée par le Panama, en raison de la diversité extraordinaire du pays et de son rôle historique comme plaque tournante du commerce dans les Amériques. Sur le plan physique, le Panama est un pays de contrastes. Les gratte-ciel du quartier des affaires côtoient un charmant centre-ville d’époque coloniale, le Casco Antiguo, inscrit au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. À quelques minutes du centre, on trouve une forêt tropicale incroyablement verte et luxuriante, bordée de plages aussi bien du côté de l’Atlantique que de celui du Pacifique. De plus, le peuple panaméen a une attitude naturellement positive et amicale. Depuis deux ans, le Panama se classe au premier rang des pays les plus heureux du monde dans une étude sur le bien-être à l’échelle mondiale menée par Gallup-Healthways. C’est un privilège d’y représenter le Canada. »

Ce que la plupart des gens connaissent du Panama se limite probablement au fameux canal, à la dictature du général Manuel Noriega, aux liens avec le trafic de la drogue et à l’invasion américaine de 1989. Pourtant, tout cela est de l’histoire ancienne, explique Karine Asselin. Le pays connaît maintenant l’un des taux de croissance économique les plus élevés de la région.

« Le Panama d’aujourd’hui est bien différent de ce qu’il était. La chute de Noriega date de plus de 25 ans, et les Panaméens ont tourné la page. En 2014, le pays a tenu sa cinquième élection démocratique depuis la fin de la dictature, et la population a exercé son droit de vote dans une proportion de 76 %. Le scrutin s’est déroulé dans le calme et a été reconnu comme libre et équitable. Les gens ont même parlé à son sujet de “fiesta électorale”, ce qui témoigne bien de l’enthousiasme et de la confiance que leur inspire le processus. Depuis 2000, le Panama a récupéré le contrôle du Canal de Panama et de la zone du canal, et en 2016, le Panama inaugurera l’élargissement du canal. Il s’agit de l’un des plus importants chantiers d’infrastructure de toute l’Amérique centrale. »

L’établissement par Air Canada et Copa Airlines de liaisons directes entre le Canada et le Panama ont renforcé les relations commerciales entre les deux pays, ajoute l’ambassadrice, et l’ambassade est en train d’étudier, avec la Corporation commerciale canadienne (CCC), les possibilités pour les entreprises canadiennes de tirer parti des projets à venir en matière d’infrastructures. « Nous collaborons étroitement avec le président et son cabinet afin d’explorer de nouvelles possibilités d’affaires pour nos entreprises. »


« Les sociétés canadiennes intensifient leur présence dans le domaine des infrastructures, des mines, de la banque, des technologies renouvelables, de la gestion des déchets, de l’agriculture et de l’éducation. La Banque Scotia, par exemple jouit maintenant d’une position dominante dans le secteur des services bancaires commerciaux au Panama. Nos sociétés minières en sont aux étapes initiales de certains des plus importants projets d’investissement dans ce pays. »

Lorsqu’elle est entrée à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, Karine Asselin n’envisageait pas un jour devenir ambassadrice. « J’ai choisi des études en droit parce que je me passionnais pour la justice sociale, en particulier les droits de la personne, ceux des enfants et ceux des femmes », raconte-t-elle.

Son parcours professionnel s’est développé de manière « organique », estime-t-elle, mais avec une constante : la défense des droits, les aptitudes pour la négociation, le sens aigu de la diplomatie et la recherche des consensus.

Maintenant qu’elle est ambassadrice, Karine Asselin met à profit sa formation universitaire, sa vaste expérience et son leadership.

Même si le poste de chef de mission est exigeant, elle assure qu’elle arrive à maintenir un bon équilibre entre son travail et sa vie personnelle. Elle réussit à passer du temps avec son mari, Sanjay Vachali, et leurs deux enfants, Mikaëlle, 12 ans, et Christophe, 8 ans. Et ce, même si une partie de son temps en famille doit faire une place à ses obligations professionnelles, quand il s’agit par exemple de recevoir des diplomates d’autres pays et leur famille.

« Nous formons une famille active. Nous tâchons de sortir de la ville régulièrement pour aller à la montagne ou à la plage pour mieux connaître le pays. Garder la forme est d’une importance fondamentale. Je cours très tôt le matin sur la magnifique Cinta Costera, un beau sentier longeant la côte du Pacifique où nous habitons. Dans toutes nos affectations, ma merveilleuse famille m’aide à rester les pieds sur terre. La pratique des arts martiaux et du yoga ne nuit pas non plus. »

Les faits marquants d’une carrière

La carrière de Karine Asselin en bref :

  • Stage chez Noël, Berthiaume, Aubry, cabinet d’avocats
  • Inscription au Barreau du Québec en 1991
  • Expérience en tant qu’experte et conseillère juridique en matière de droits internationaux de la personne au sein du ministère des Affaires mondiales (comme il s’appelle depuis peu). En 1994, elle a travaillé pour la division de Politique des droits de la personne aux Affaires étrangères, où elle a élaboré des conseils stratégiques en matière de droits des femmes et de droits des enfants, en plus d’assurer la coordination du rapport du Canada au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies.
  • Trois ans comme conseillère juridique à la Direction du droit onusien, criminel et des traités. À ce titre, elle a participé en tant que négociatrice et déléguée du Canada à plusieurs négociations et conférences importantes de l’ONU, dont le Sommet mondial de l’alimentation à Rome, Habitat II à Istanbul, la Commission (maintenant le Conseil) des droits de l’homme à Genève et l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
  • Conseillère juridique, appareil gouvernemental, Bureau du Conseil privé
  • Conseillère pour les affaires politico-militaires pendant la présidence canadienne du Forum pour la coopération en matière de sécurité, à Vienne, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)
  • Pendant son mandat au Forum pour la coopération en matière de sécurité, elle a participé à la recherche de consensus parmi la centaine de délégués représentants 55 États membres, dont la Russie, l’Union européenne, les pays d’Asie centrale et les États-Unis, sur des enjeux de sécurité tels que la résolution 1540 du Conseil, portant sur la protection des installations et matières nucléaires contre le terrorisme, ainsi que le Traité « Ciel ouvert » et le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.
  • Directrice adjointe des Relations interaméricaines (Organisation des États américains)
  • Ministre conseillère pour les affaires politiques et publiques à l’ambassade du Canada au Brésil

Photo principale :
Karine Asselin, ambassadrice du Canada au Panama, près du sentier Cinta Costera d’où on peut apercevoir les gratte-ciels de la capitale qui longent la côte du Pacifique. Photo : Sanjay Vachali

Karine Asselin et le président du Panama, Juan Carlos Varela, assis sur des chaises dorées près du drapeau du Panama.

Karine Asselin, ambassadrice du Canada au Panama, rencontre le président du Panama, Juan Carlos Varela, lors de la cérémonie de présentation des lettres de créance, en septembre 2015. Photo : Gracieuseté du bureau du président du Panama.

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