Les amoureux du campus
Par Michelle Hibler
Études, vie et amour. Voilà qui résume en quelque sorte l’expérience de nombreux diplômés de l’Université d’Ottawa qui ont rencontré l’être cher pendant leur parcours universitaire. Pour ces personnes, le campus n’a pas été qu’un lieu d’études, mais aussi un lieu de rencontre.
Pour Dyane Adam, commissaire aux langues officielles de 1999 à 2006, la décision de se marier à l’Université d’Ottawa allait de soi. Elle est arrivée sur le campus en 1971, tout comme Jacques Carrière. Au fil des ans, elle obtiendrait deux baccalauréats (1974 et 1975), une maîtrise (1977) et un doctorat en psychologie clinique (1980), tandis que lui poursuivrait un baccalauréat en sciences (1975), puis des études médicales de premier cycle et des études médicales postdoctorales en psychiatrie (1979).
« Nous, on était un couple. On a commencé à sortir ensemble – moi, j’avais peut-être 16 ans. C’était un trajet universitaire et de vie ensemble. On partageait la formation, les angoisses de jeunes étudiants qui arrivent à l’université, les découvertes, les amis. »
Ils se sont épousés en 1974, après qu’elle eut terminé son premier baccalauréat. Leur décision de s’unir sur le campus ne relevait pas du hasard. « Toute notre vie gravitait autour de l’Université, même si on avait de grandes familles. En plus, on connaissait le père Raymond Quesnel, qui était aumônier à l’époque. » Elle était la cadette de 16 enfants; lui avait six frères et sœurs.
Pendant ses études, Dyane Adam – à qui l’Université d’Ottawa a décerné un doctorat honorifique en 2001 – avait travaillé à temps partiel aux services d’admission du pavillon Tabaret. « J’avais vu des mariages célébrés [dans l’ancienne chapelle] – pour moi, c’était une superbe salle. »
Leur mariage était « … très avant-gardiste à l’époque. Il y avait une petite table avec des chandelles [au lieu d’un autel], et nous avons lu des textes que nous aimions. Mes nièces se promenaient partout et venaient nous voir pendant la cérémonie. C’était d’une simplicité! »
« On nous permettait aussi de faire un cocktail dans la salle même. C’est l’un des évènements les plus marquants pour moi. » Elle se rappelle d’ailleurs que le champagne n’a pas tardé à couler. « Nous en gardons de bons souvenirs. »
Cérémonies nuptiales
Le pavillon Tabaret n’est pas le seul site à avoir accueilli des mariages sur le campus. Anne-Marie Fontaine (B.A. 1973), coordonnatrice de programmes de relations avec les diplômés, a rencontré Robert Fontaine (B.A. 1973) en 1970. Tous deux étudiants en première année, ils étaient inscrits au même cours de linguistique, que Robert a abandonné après quelque temps. Or, leurs parcours devaient se croiser de nouveau dans un laboratoire de langue. Ils ont échangé leurs vœux après leur cérémonie des grades, en 1973, « dans une toute petite chapelle au deuxième étage du pavillon Simard », raconte-t-elle.
Situé à un jet de pierre du pavillon Tabaret, le Pavillon des diplômés Alex-Trebek a été inauguré en 2015 à même deux maisons patrimoniales. Ariane Brun del Re (B.A. 2010 et candidate au doctorat) et Marc-André Roy (B.Soc.Sc. 2010) ont été les premiers à s’unir sous son toit.
« Nous nous sommes rencontrés sur le campus. En fait, nous étions tous les deux pages au Parlement – moi à la Chambre des communes et lui au Sénat – et nous habitions, pendant notre première année d’études, au 90 Université », où des chambres étaient réservées pour les pages.

Louis Caron a commencé à fréquenter Lucile lors d’un rendez-vous à l’aveuglette qu’il avait lui-même organisé; ils se sont épousés en 1965.
Pour l’amour du français
Au fil des décennies, l’amour des diplômés pour la langue française semble intimement lié à ces rencontres fortuites. « Toute ma famille est allée à l’Université d’Ottawa, parce que c’était la seule université francophone en Ontario », explique Louis Caron (B.A. 1965), originaire du sud de l’Ontario. Il a rencontré sa femme Lucile (B.A. 1965) au cours de sa première année d’étude.
« J’ai demandé à Lucile si elle voulait participer comme secrétaire du comité », relate celui qui était à l’époque président de sa classe. Alors qu’ils préparaient une promenade en traîneau, Louis lui a offert de lui organiser un rendez-vous à l’aveuglette… auquel il s’est lui-même présenté. Les Caron célébreront cette année leur 51e anniversaire de mariage.
Pour les Surprenant, la première rencontre n’était pas le fruit du hasard. Hélène Gélinas-Surprenant (B.A. 1966, M.A. 1974) étudiait au Collège Bruyère, établissement affilié à l’Université d’Ottawa. Paul Surprenant (deux B.A. 1965 et M.A. 1968) fréquentait quant à lui la Faculté de philosophie, alors connue sous le nom de Sedes Sapientiae.
« Sedes étant majoritairement fréquentée par des garçons et le Collège Bruyère uniquement par des filles, les présidents de classe s’appelaient pour obtenir des accompagnateurs et accompagnatrices lorsqu’il y avait une activité sociale. » Les présentations eurent lieu à l’occasion d’un pique-nique aux abords du canal Rideau. Rien n’était toutefois conclu jusqu’à ce qu’Hélène invite Paul au bal des finissantes du Collège Bruyère, en 1967. « Le lendemain, une longue conversation déterminait notre avenir. Nous avons convenu de nous épouser l’été suivant. »
En 1969, Judith Sabourin (B.A. 1973 et B.Ed. 1978) a quitté London, en Ontario, pour venir étudier à l’Université d’Ottawa. « Je voulais revenir à un monde francophone », se rappelle-t-elle. Elle a rencontré Denis Sabourin (B.A. 1974) dans un cours d’espagnol cette année-là. Même s’ils appartenaient au même groupe d’amis, ils n’ont commencé à se fréquenter qu’en mai 1971. Les tourtereaux se sont mariés en août de la même année – à Vancouver, par plaisir – après qu’elle eut complété son stage d’été au Pérou.
Près de 30 ans plus tard, Michelle Muir (B.A. 2000 et M.A. 2003) choisissait l’Université d’Ottawa pour se perfectionner en français. C’est dans un cours de méthodologie – matière qu’elle abhorrait – qu’elle a fait la connaissance de Bill Arends (B.A. 2002). « La relation a débuté lentement », se rappelle-t-il. Michelle Muir, elle, mentionne toutefois que le bel homme assis aux premiers rangs lui était rapidement tombé dans l’œil.
« À l’époque, j’avais 37 ans, tandis que Michelle en avait 21, explique-t-il. Nous avons graduellement commencé à passer du temps ensemble. » Marié depuis le 11 août 2001, le couple est toujours très attaché à l’Université. « C’est là où Bill et moi nous sommes rencontrés, et là où je me suis découvert une passion pour l’histoire et l’écriture », évoque Michelle Muir.

Lucile et Louis Caron, ici en compagnie de leurs petits-enfants, célébreront cette année leur 51e anniversaire de mariage.
Sous le charme du campus
Toutes ces histoires d’amour universitaires traversent les époques en beauté.
Rebaptisée salle Huguette-Labelle, l’ancienne chapelle du pavillon Tabaret accueille toujours les mariages de diplômés et d’autres personnes de la région. L’imposant escalier du pavillon est aussi très couru pour les séances de photo. « On aperçoit de nouveaux mariés sur les marches de Tabaret presque tous les samedis », souligne Anne-Marie Fontaine.
Premier espace consacré aux diplômés de l’Université d’Ottawa, le Pavillon Alex-Trebek se prête aussi parfaitement aux cérémonies nuptiales ou autres. « La maison est très jolie et la salle était superbe », confirme Ariane Brun del Re.
Avec ses 200 000 diplômés, l’Université d’Ottawa a servi de toile de fond à de nombreuses histoires galantes. Bien d’autres encore y verront assurément le jour.
Photo principale:
Comme plusieurs diplômés de l’Université, Michelle Anawati (B.Sc. 2004, M.S.Soc. 2006, M.D. 2010) et Jean-Sébastien Lauzon (B.Sc.A. 2007) ont immortalisé la journée de leur mariage en prenant quelques clichés dans les marches du pavillon Tabaret en juin 2013. Photo : Darlington Studios