Dre Lyne Pitre : alliée des Franco-Ontariens en santé

Lyne Pitre, stéthoscope au cou, est appuyée contre une bibliothèque.

« Mon but, c’est de former le plus de médecins possible qui pourront s’exprimer en français. »

— Dre Lyne Pitre

Par Johanne Adam

Recevoir des soins médicaux en français en Ontario? Oui, c’est possible! Dans l’Est ontarien et un peu partout dans la province, des médecins se font un plaisir de s’adresser à leurs patients dans la langue de Molière. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs été formés par une diplômée de l’Université d’Ottawa qui, depuis plus de 30 ans, veille à ce que les résidents en médecine de l’Ontario aient accès à de l’enseignement en français.

La Dre Lyne Pitre (B. Sc. 1982, M.D. 1986) a longtemps été associée au Programme de résidence en médecine familiale de l’Hôpital Montfort à Ottawa, d’abord à titre de chef du département, puis comme directrice du programme. En 2015, elle a pris la direction de l’Enseignement médical à l’Institut du savoir Montfort, devenant ainsi responsable de l’ensemble des résidents et des étudiants de médecine.

Son parcours lui a permis de former, en français, plus de 200 médecins de famille, tout en étant professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université.

Sa volonté d’assurer une relève médicale francophone a peut-être un caractère héréditaire. Il faut savoir que le père de Lyne Pitre était membre de l’Ordre de Jacques-Cartier, une société secrète que l’on appelait aussi « La Patente », et qui visait l’avancement de la cause des Canadiens français.

« Lorsqu’un commerce ouvrait ses portes, les membres se passaient le mot et allaient y demander des services en français. J’ai grandi dans cet environnement alors pour moi, c’est tout à fait naturel de vouloir vivre dans ma langue. Je parle français alors c’est simple : servez-moi en français », raconte la diplômée.

Après la médecine familiale, les spécialités

À titre de directrice de l’enseignement médical à Montfort, Lyne Pitre s’est fixé l’objectif d’augmenter l’offre de résidences en spécialités : médecine interne, psychiatrie, obstétrique, chirurgie, anesthésie et orthopédie.

« J’aimerais avoir au moins un résident francophone pour chaque spécialité de base d’ici les sept à huit prochaines années. On ne se rend pas toujours compte à quel point il est essentiel d’offrir au patient des soins dans la langue de son choix, la langue dans laquelle il est le plus à l’aise. Mon but, c’est de former le plus de médecins possible qui pourront s’exprimer en français », poursuit-elle.

Loin d’être réservé aux étudiants de langue maternelle française, le programme de résidence de Montfort accueille chaque année au moins un résident anglophone. Ces derniers cherchent à mieux comprendre la culture francophone, tout en améliorant leur maîtrise du français.

« Ces étudiants constatent eux aussi qu’un malade a besoin d’être soigné dans sa langue. Plusieurs d’entre eux sont maintenant de véritables francophiles. »

Lyne Pitre et un résident discutent, assis à un bureau devant des écrans d’ordinateurs.

La Dre Lyne Pitre discute avec l'un des résidents dont elle est responsable au sein de l'Équipe de santé familiale académique Montfort. Photo : Mélanie Provencher

La première équipe de Santé familiale francophone en Ontario

Outre ses activités à Montfort et à l’Université, Lyne Pitre agit à titre de médecin-chef de l’Équipe de santé familiale académique de Montfort, une clinique située à quelques pas de l’Hôpital Montfort, et dont elle est la cofondatrice.

« Notre clientèle est essentiellement francophone. À l’ouverture en 2011, nous traitions environ 5000 patients. Nous en comptons aujourd’hui près de 8000. »

Malgré toutes ces réalisations, la pénurie de professionnels de la santé francophones est encore loin de se résorber en Ontario. La Dre Pitre rêve du jour où l’Ontario comptera suffisamment de médecins pour servir toute la population franco-ontarienne.

« Notre population vieillit et, à l’heure actuelle, une minorité de nos ainés sont bilingues », soutient celle qui a vu le jour à l’Hôpital Montfort et qui a grandi dans le secteur Vanier à Ottawa.

Dans un contexte où le gouvernement ontarien a fait le choix d’abolir certains services en français, Lyne Pitre ne se laisse nullement décourager.

« C’est excessivement frustrant de voir qu’en 2018, le travail est encore à refaire, et qu’il faut se battre pour conserver nos acquis. Mais dans la foulée de ces compressions, ma fierté franco-ontarienne ne fait que prendre de l’ampleur. »

« Il faut être passionné pour travailler en médecine, et cette passion, je ne l’ai jamais perdue. Même s’il est parfois très complexe d’offrir des soins aux patients au quotidien, il ne faut jamais perdre de vue que ce métier, nous le faisons pour le bien de nos patients, toujours dans le but d’améliorer leur qualité de vie. »


Prix remportés par la Dre Lyne Pitre en 2018

  • Le Prix du médecin de famille régional de l’année 2018 remis par le Collège des médecins de famille de l’Ontario.
  • Le Prix de l’ambassadeur du français en médecine Jacques Boulay, décerné par l’Association des médecins francophones du Canada.
  • Le Prix Ilios, remis à l’occasion du Gala du mérite de l’Hôpital Montfort.
Lyne Pitre et Jennifer Young tiennent ensemble un cadre dans lequel est inséré un certificat indiquant que la docteure Pitre est récipiendaire du Prix du médecin de famille régional de l’année 2018.

La Dre Lyne Pitre reçoit le Prix du médecin de famille régional de l’année 2018 des mains de la Dre Jennifer Young, présidente du Collège des médecins de famille de l’Ontario. Photo : Collège des médecins de famille de l’Ontario.

 

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