L’école de la vie et du bonheur

Carole Payant se tient debout dans une salle de classe. Derrière elle, des enfants font différentes activités.

« Quand on y repense, on se souvient surtout de ce qu’on a vécu à l’école, pas de ce qu’on y a appris. »

— Carole Payant

Par Michelle Hibler

Le plus récent établissement du Conseil catholique des écoles du Centre-Est de l’Ontario a un objectif clair et plutôt inédit : enseigner aux enfants à être heureux. « Nous vivons ensemble quelque chose d’extraordinaire : nous bâtissons une école de rêve pour les enfants », souligne la directrice de la nouvelle école, Carole Payant (M.Éd. 2004).

La Nouvelle école élémentaire catholique au cœur d’Ottawa doit certainement faire rêver les élèves comme les enseignants. Pour les élèves, les améliorations comprennent, notamment : des salles de classe flexibles grâce à des tables modulaires, différentes places pour s’asseoir – comme le plancher ou de confortables poufs coussinés – et la liberté de bouger à leur guise.

« Ce n’est pas une école où on va voir les enfants entrer en rangs d’ognons », explique cette diplômée de l’Université d’Ottawa. Une séance d’activité physique, y compris le yoga et la méditation, suivra chaque période d’apprentissage. « On ne peut pas tout le temps réfléchir sérieusement. On veut leur faire faire autre chose, découvrir autre chose. »

D’autre part, l’école propose aux enseignants d’enseigner la matière de la façon qui répond le mieux à leurs désirs et à ceux des élèves. Et tout le monde se réjouit de l’absence de devoir!

« On aime autant que les enfants aillent à l’extérieur, qu’ils aillent jouer, socialiser et apprendre des choses autrement », note-t-elle.

L’école réinventée

Carole Payant a applaudi quand le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est a approuvé la mise sur pied d’une nouvelle école au centre-ville d’Ottawa, et elle était particulièrement ravie de son orientation.

C’est la première école du Conseil à s’inspirer du modèle éducatif finlandais, qui remporte beaucoup de succès. Décrites comme étant centrées sur l’apprenant, les écoles finlandaises mettent l’accent sur le travail d’équipe et la collaboration, la responsabilisation, la pensée analytique, la motivation personnelle et l’évaluation positive.

La Nouvelle école aimerait aussi pouvoir offrir le programme de baccalauréat international au niveau primaire et a entrepris le processus d’autorisation qui devrait durer trois ans. « Ensuite, on pourra se dire école du monde », précise la directrice.

L’école est aussi verte, et non seulement par la couleur de ses murs. On y décourage l’utilisation du papier. Par exemple, les élèves travaillent à l’aide de grands tableaux blancs, et l’école communique avec les parents de façon électronique.

« Nous bâtissons une école où s’épanouiront les écocitoyens engagés de demain », croit Carole Payant. « Cette école est une demande de la communauté, elle reflète les valeurs des parents. »

Une fille écrit sur un tableau blanc pendant qu’une autre fille la regarde.

En utilisant des tableaux blancs pendant les leçons, l’école pourra économiser du papier.

D’ailleurs, les parents souhaitent que leurs enfants apprennent une troisième langue, en plus du français et de l’anglais. Alors, un jour ils parleront espagnol pendant le dîner, et, à d’autres occasions, ce sera pendant les périodes de jeu. « En sixième année, ils devraient pouvoir converser en espagnol facilement », estime-t-elle.

On peut maintenant dire que cette nouvelle approche a été bien accueillie : l’école, avec près de 100 élèves, est remplie au maximum de sa capacité.

« Mais les parents ont quand même le choix », rappelle Carole Payant. « Même s’ils habitent dans la zone de recrutement, ils ne pas sont obligés d’envoyer leurs enfants à cette école. » Reste que, selon elle, les parents ont envie de quelque chose de différent des écoles traditionnelles, et « il est temps de s’aventurer un peu plus ».

Une bouffée d’air frais

Carole Payant a mis tout son cœur dans le tourbillon qu’a été la création de la nouvelle école, temporairement située dans des locaux loués dans l’une des plus vieilles écoles d’Ottawa, sur la rue Main, dans le Vieux Ottawa-Est. Il faut dire qu’elle est habituée à ce genre de chose. Elle vient de superviser un projet de plusieurs millions de dollars : la transformation d’une autre école du Conseil, l’École Sainte-Geneviève sise dans le quartier Alta Vista, dont elle était la directrice.

À partir de septembre 2018, l’école sera située de façon permanente dans un édifice patrimonial de la rue Gilmour, actuellement en rénovation pour pouvoir accueillir 250 élèves.

« Il y aura une petite cour sur le toit, où on pourra aménager des jardins », explique la directrice. Pour le moment, les jardins sont à l’intérieur. Une petite serre abrite les plantes que les enfants cultivent dans leur classe. 

« Quand on me dit que “c’est un jardin”, je réponds que c’est une salle de classe », fait remarquer Carole Payant. La salle de classe se transportera parfois dans les parcs environnants « parce que les parents veulent une école où l’apprentissage a lieu aussi en dehors des murs de l’école ». 

« J’ai averti les enseignants qu’ils devaient s’y préparer! », indique-t-elle, en citant la maxime bien connue des habitués du froid, selon laquelle il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais vêtements. » 

Ce petit engin muni de pédales permet aux enfants de pédaler tout en étant assis sur leur chaise.

Les élèves peuvent dépenser de l’énergie dans leur salle de classe, en montant sur le DeskCycle.

Des outils d’apprentissage

Malgré sa passion manifeste pour l’éducation, Carole Payant est devenue enseignante presque par hasard. Elle a grandi dans la région de la baie James et a déménagé à Ottawa lors de sa dernière année au secondaire. Elle souhaitait étudier en génie chimique, mais a dû abandonner son rêve pour des raisons financières. « Je me suis dirigée en sciences humaines, et j’ai suivi des cours de sciences et de math pour m’amuser », raconte-t-elle.

Alors qu’elle travaillait comme assistante d’enseignement à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa, l’une de ses étudiantes lui a dit qu’elle la « voyait vraiment en enseignement. Ce n’était pas quelque chose qui m’avait traversé l’esprit », confie-t-elle. Puis, elle a obtenu un baccalauréat en éducation et passé 28 ans dans les écoles élémentaires d’Ottawa. « J’avais trouvé ma place. »

Carole Payant estime que le programme de maîtrise de la Faculté d’Éducation lui a permis d’élargir ses horizons. « Il m’a beaucoup apporté, et cette école est ma façon de redonner à la communauté. » En effet, elle espère maintenant transmettre à ses propres élèves les meilleurs outils d’apprentissage, mais aussi la capacité à être heureux.

« Ce ne sont pas les autres qui font notre bonheur : c’est nous-même qui le faisons », rappelle Carole Payant. Elle s’active tout de même à créer des environnements d’apprentissage positifs, qui ouvriront la voie à ce bonheur pour de nombreux enfants et qui enrichiront leur vie. « Quand on y repense, on se souvient surtout de ce qu’on a vécu à l’école, pas de ce qu’on y a appris. »

Photo principale :
La diplômée Carole Payant bâtit une école pour les élèves du 21e siècle. Photos : Bonnie Findley

Trois enfants et Carole Payant se tiennent debout près d’une table sur laquelle on retrouve des pots de tourbe et des outils de jardinage en plastique.

Dans leur nouvelle école, les enfants font pousser des plantes dans la serre de leur salle de classe. L’an prochain, lorsque l’école aura emménagé dans le nouvel édifice, leurs jardins seront installés sur le terrain de jeu qui sera situé sur le toit de l’école.

 

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