Une nouvelle entreprise qui a déjà du muscle
Par Phil Jenkins
Empruntez l’escalier menant à l’étage au-dessus du Dollarama de la rue Bank à Ottawa et vous découvrirez un espace de travail à aire ouverte : dans un coin en avant, un hamac; dans le corridor, un scooter; et au fond, des appareils de conditionnement physique.
Vous y verrez aussi Lee Silverstone, ancien de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, qui papillonne d’un bureau à l’autre parmi les membres de son équipe qui pondent des logiciels et conçoivent du matériel destinés à adapter les entraînements aux réalités du XXIe siècle. Cet espace à l’ambiance électrique de la Silicon Valley est le siège social de Gymtrack, entreprise que Lee Silverstone et son co-PDG, Pablo Srugo, ont lancée il y a moins d’un an, mais qui se développe rapidement.
Lee et Pablo, deux passionnés du conditionnement, ont élaboré le concept de Gymtrack pour faire entrer dans l’ère numérique la bonne vieille liste manuscrite d’exercices que les gens suivent au gymnase, puis étudient avec leur entraîneur personnel.
La technologie fonctionne comme suit : à l’entrainement, vous portez au poignet un appareil intelligent personnalisé dont le signal est capté par un lecteur à chaque station d’exercice (poids libres, appareils Nautilus, bancs d’haltérophilie, etc.); le lecteur indique en temps réel le nombre de répétitions exécutées et surveille le rythme cardiaque, les calories brûlées, la technique et le progrès pendant la séance. De plus, par voie de vos écouteurs de cellulaire, un « assistant virtuel » vous recommande d’aller plus vite ou plus lentement, annonce les prochains exercices et signale la fin des pauses. Une fois votre séance terminée, vous en analysez les données avec votre entraîneur pour déterminer si vous avez progressé ou devez foncer plus.
Le succès rapide de Gymtrack ne doit rien au hasard. Alors en deuxième année d’études au premier cycle, Lee Silverstone aperçoit une affiche du programme Garage Démarrage de l’Université d’Ottawa, une initiative du bureau Valorisation de la recherche et transfert de technologie permettant aux étudiants de lancer un commerce et vivre l’entrepreneuriat. Le programme fonctionne de juin à août chaque année, offrant espaces, mentorat, formation, soutien et même des fonds.
« Je voulais devenir entrepreneur et faire des affaires, dit Lee. J’ai vu l’affiche du Garage Démarrage… qu’on pouvait recevoir 20 000 $... j’en ai encore la photo sur mon cellulaire! »
Après quelques faux départs, Lee et Pablo, qui se connaissent depuis l’âge de neuf ans, récoltent enfin un succès par voie de Garage Démarrage avec MyTutor, un service d’aide scolaire multidisciplinaire pour les élèves et étudiants d’Ottawa. Ils ont vendu MyTutor récemment et ont puisé dans leurs profits et dans leur nouveau savoir-faire pour financer Gymtrack.
« Les entrepreneurs commettent souvent l’erreur de concevoir un produit en vase clos et de présumer que les gens vont l’adorer. Notre philosophie? Dès qu’une idée de produit nous vient, nous sondons des clients potentiels », affirme Lee.
Les deux entrepreneurs ont justement proposé le concept de Gymtrack à plus de 20 gymnases et centres de conditionnement d’Ottawa.
« Ils ont tous signé une lettre d’intérêt et on s’est dit, wow, ça peut marcher, notre affaire. » Selon Lee, leur cas reflète bien la devise de Garage Démarrage, Students Go In, Businesses Come Out (Les étudiants sèment, les entreprises poussent), car tout est tombé en place dès l’engagement de Garage Démarrage et d’Investir Ottawa.
« Garage Démarrage a fait une énorme différence dans notre cas. C’était la première injection de fonds externes dans la compagnie, et ça nous a donné la crédibilité qu’il fallait. Gymtrack n’aurait pas le vent dans les voiles aujourd’hui sans cet apport. »
Des investisseurs locaux ont versé 150 000 $ en capitaux de démarrage et, lors d’un festival international pour les jeunes entreprises, la société de capital-risque 500 Startups de San Francisco a offert de prendre Gymtrack sous son aile. Lee et Pablo se sont donc installés en Californie pendant presque six mois, où ils ont bâti leur confiance, leur cercle d’investisseurs et leur réseau de contacts. Ils ont en outre fait jaser les publications numériques comme NextWeb et TechCrunch, les bibles de l’actualité technologique pour les investisseurs de capital-risque branchés.
« Nous avons travaillé avec certains des premiers employés de PayPal, Google, Facebook et Twitter, raconte Lee. Ils nous ont présentés aux investisseurs et montré comment joindre le geste à la parole. En trois mois, nous avons amassé un million de dollars. » Aujourd’hui, Gymtrack jouit d’investissements de 2,5 millions.
À leur retour de la Californie, Lee et Pablo ont commencé à recruter leur équipe.

Des lecteurs indique en temps réel le nombre de répétitions exécutées et surveille le rythme cardiaque. Photo : Gymtrack.
« Au début, il a fallu supplier, vendre notre salade. Nos cinq premiers employés n’ont pas reçu de salaire. Ils ont juste demandé des actions, pas d’argent – c’est toujours bon signe. Je les respecte tellement pour ça, et je leur en serai toujours reconnaissant. » Gymtrack recrute parmi les diplômés en sciences, génie, technologie et mathématiques de l’Université d’Ottawa et de l’Université Carleton.
« Nous sommes francs avec chaque nouvelle personne : tu vas travailler très fort, à un rythme endiablé et souvent stressant, mais tu vas en savourer les fruits. »
Gymtrack compte maintenant 26 employés et en embauche en moyenne un autre par semaine. Des clients locaux clés ont en outre répondu à l’appel, dont les centres d’entraînement du Collège Algonquin et du Soloway Jewish Community Centre, ainsi qu’une succursale de Greco Lean and Fit. D’autres partenariats seront annoncés au printemps, tout comme une percée aux États-Unis.
Pour l’instant, Lee Silverstone est l’homme à tout faire chez Gymtrack : négociation de contrats avec les fabricants d’appareils d’entraînement, essai du produit au bureau et… nettoyage. Tout ça pour dire que le hamac en avant est rarement occupé.
« Quelqu’un m’a dit que la clé du succès, c’était d’avoir trois passe-temps : un pour l’argent, un pour la forme physique et un pour la créativité. Moi, j’ai tout ça dans un. »
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Photo principale :
Lee Silverstone et Catherine Gecci du programme Garage Démarrage, testent l’invention de Lee dans un centre d’entrainement. Photo : Bonnie Findley.