Des œuvres étudiantes interactives animent le STEM
Par Laura Darche
Huit étudiants pourront à l’avenir se vanter d’avoir laissé leur trace à l’Université tout en contribuant à façonner le futur. Le nouveau complexe STEM accueille depuis septembre les deux œuvres d’art interactives qu’ils ont créées et construites – Tension superficielle et Équilibre. C'est grâce au projet STIAM, qui intègre l’art (« A ») aux disciplines STIM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques), qu'ils ont obtenu cet emploi d’été de rêve.
En mars 2018, Devansh Shah, Keshav Deeljur, Marc Leblanc et Elliott Carrière, ont remporté le concours de production d’un prototype d’œuvre d’art interactive du défi Makerspace. Les quatre étudiants en génie se voyaient ainsi offrir la possibilité de construire et d’installer leurs projets dans le complexe STEM à temps pour son inauguration en septembre.
Quatre étudiantes en arts visuels, Sarah Hodgson, Lucy Oulanova, Hannah Lacaille et Elizabeth Lebedev, ont été sélectionnées parmi plusieurs candidats pour se joindre aux deux équipes. Ensemble, ils ont travaillé d’arrache-pied pour donner vie à ces créations en quatre mois.
Briser les silos
« Ce projet pilote est un incubateur pour l’innovation, parce qu’on amène des gens qui ne travailleraient pas typiquement ensemble à mettre en commun leurs domaines d’expertise. Ça leur permet de comprendre le point vue d’une autre discipline, d’apprendre à se respecter dans leurs différentes préoccupations et à constater que les contributions de chacun donnent un résultat encore plus riche. » – Chantal Rodier, directrice du projet STIAM
Cette initiative interdisciplinaire d’envergure a permis aux participants de sortir de leurs domaines respectifs et de réaliser des apprentissages particuliers : des étudiantes artistes sont maintenant conscientes des moments de force d’une structure, et des étudiants ingénieurs pensent maintenant à l’impact visuel des solutions techniques qu’ils proposent.
« Le résultat final est méconnaissable par rapport au concept original, et c’est en partie grâce aux artistes. Elles nous ont donné un bon coup de main pour en faire quelque chose de bien sur le plan esthétique. » – Elliott Carrière (génie civil)
Évidemment, un projet aussi ambitieux requiert beaucoup de suivi et de coordination, tant auprès des professionnels participant à la construction du complexe STEM qu’au sein des deux équipes. Les participants ont donc dû acquérir des compétences en gestion d’équipe et de gestion de projet.
« Je n’avais encore jamais construit quelque chose de géant, ni eu à me soucier d’un budget. J’ai donc pu apprendre très concrètement ce que c’est que d’avoir à passer par d’autres personnes, obtenir des autorisations et faire des demandes. On se rend compte qu’on doit bien gérer notre temps, parce que parfois, certaines demandes peuvent prendre une semaine avant de se concrétiser. » – Elizabeth Lebedev, (arts visuels)

Elizabeth Lebedev et Hannah Lacaille assemblant l’œuvre Equilibrium.
Équilibre
En science, « équilibre » représente un état de stabilité obtenu entre deux forces concurrentes; c’est ce qui est exprimé dans cette structure qui s’active lorsqu’on monte l’escalier au-dessus duquel elle est suspendue. En prime, l’œuvre rejoint l’objectif des architectes du complexe, c’est-à-dire d’encourager les gens à emprunter l’immense escalier qui traverse tous les étages de l’immeuble.
Étudiants: Mohamed Youssef Benmchich (génie civil), Elliott Carrière (génie civil), Hannah Lacaille (arts visuels), Elizabeth Lebedev (arts visuels), Marc Leblanc (génie civil).
Une expérience inégalée
Trouver un emploi d’été dans son domaine quand on est étudiant, ce n’est pas donné à tout le monde. Sarah Hodgson, qui souhaite entreprendre une carrière en art public après ses études, était reconnaissante de pouvoir appliquer la théorie apprise en classe au monde réel et ainsi évaluer comment elle pourra gagner sa vie en tant qu’artiste. Idem pour les étudiants en génie comme Devansh Shah, qui estime que le projet a donné une autre dimension à ses études :
« On conceptualise de nombreux projets pendant nos études en génie, mais on a rarement l’occasion de les concrétiser. C’était l’occasion parfaite de rattacher toute la théorie à un résultat concret. Ça m’a permis de visualiser mes erreurs et d’améliorer mes processus de raisonnement. » – Devansh Shah (génie mécanique)
D’autres étudiants, Laura Weller (biologie), Sarmad Nomani (génie logiciel) et Ali Sanaknaki (science informatique) ont également travaillé bénévolement avec les équipes afin de pouvoir profiter d’une expérience semblable. Le diplômé Mohamed Hassan (B.Sc. Génie mécanique 2018), qui avait participé au défi Makerspace, a aussi été consultant bénévole; il trouvait l’occasion trop belle pour la laisser passer. «Des projets comme ça, il devrait y en avoir 20 par année», lance-t-il à la blague.
C’était aussi une occasion en or de travailler avec les ingénieurs, architectes, entrepreneurs et artistes de profession impliqués dans le projet pour assurer la qualité des résultats – un encadrement professionnel à la fois stimulant et enrichissant.
« Ils nous guident et montrent la meilleure façon de réaliser les choses, même les plus simples. Ils ne font pas le travail pour nous – ils nous orientent plutôt dans la bonne direction. » – Marc Leblanc (génie civil)

Keshav Deeljur, Sarah Hodgson, Devansh Shah et Sarmad travaillant sur le prototype de Tension superficielle.
Tension superficielle
Ce mur représentant une vague est composé de triangles dont la surface réagit en s’ondulant au passage des gens. Inspirée par la rivière des Outaouais, l’œuvre met en valeur l’interconnectivité des disciplines par la cohésion de fonctionnement des différentes parties représentant chacune une discipline : des mécanismes visibles pour le génie, des collages délicats et aériens pour l’art, et des illustrations inspirées d’agrandissements de micro-organismes prélevés dans la rivière des Outaouais pour la science.
Étudiants: Keshav Deeljur (génie électrique), Sarah Hodgson (arts visuels), Lucy Oulanova (arts visuels), Devansh Shah (génie mécanique).
Un trio d’organisatrices motivées
Sans Hanan Anis, directrice de la Chaire de recherche en génie entrepreneurial de la conception et responsable du défi Makerspace, Chantal Rodier, directrice du projet STIAM et consultante pour l’Art Public sur le campus, et Lorraine Gilbert, directrice du Département d’arts visuels, rien de tout cela n’aurait été possible.
Ce projet pilote interdisciplinaire, fruit d’une collaboration inédite, a certes exigé beaucoup de travail, mais il a ouvert la porte à de nouvelles façons de travailler entre les départements et donné des résultats concluants : en plus d’avoir offert une expérience incroyable aux étudiants, ce projet lèguera à la communauté universitaire des œuvres interactives qui ajouteront de la valeur au bâtiment et au campus.
Joignez-vous à nous pour l’événement Portes ouvertes du complexe STEM le 20 septembre de 12 h à 14 h (150 Louis-Pasteur).

Équipe de projet STIAM : à l'arrière : Dan McTavish, Architecte, Perkins + Will; Matt Johnston, Chargé de projet, Perkins + Will; Claudio Brun del Re, Architecte en chef, Immeubles; Chantal Rodier; Elizabeth Lebedev; Hannah Lacaille; Mohamed Hassan; Marc LeBlanc; Keshav Deeljur; Lucy Oulanova; Samiddha Aryasinghe, Chef, Grands projets, Immeubles; Charles Azar, Expert en la matière, Architecture, Immeubles. À l'avant : Andrew Frontini, Responsable du design, Perkins + Will; Elliott Carrière; Laura Weller; Devansh Shah; Sarah Hodgson; Hanan Anis.
Labos de design
Photos :
Bonnie Findley