Le parcours d’un électrochimiste

Ashok Vijh avec une voiture de course de type cabriolet à l’ancienne

« Mes professeurs à l’Université d’Ottawa, en particulier le professeur Brian Conway, m’ont inculqué un sens de l’originalité et de l’excellence dans la recherche. »

— Le professeur Ashok Vijh

Par Kyle Bournes

Ashok Vijh a débarqué sur le campus au beau milieu de l’hiver de 1962 pour faire ses études de doctorat. Il avait obtenu son diplôme de premier cycle et sa maîtrise à l’Université Panjab de Chandigarh, en Inde. Il débordait d’enthousiasme et d’espoir, malgré les rigueurs de la saison.

Il souhaitait, en tant que jeune étudiant, pouvoir combiner ses aspirations universitaires et son esprit d’aventure. Même si sa préférence allait à l’anglais et aux lettres, il a choisi de s’orienter vers les sciences, en partie parce qu’il avait accès à plus de bourses. Ashok a donc obtenu une bourse pour faire son doctorat au Canada, bourse qui a été le point de départ d’une carrière incroyable, ponctuée de grandes réalisations scientifiques.

Ashok a laissé derrière lui sa famille et ses amis, et a troqué un climat bien plus clément au milieu de février contre la science et un pays aux hivers glaciaux remplis de neige. Mais le froid et la solitude n’ont pas tempéré son ardeur. Avec sa bourse sous le bras, son enthousiasme, sa soif de connaissances et de découvertes, il a entamé son doctorat en chimie à l’Université d’Ottawa. Il a choisi cet établissement sur les conseils d’un professeur de l’Université Panjab, M. L. Lakhanpal, qui lui a chaudement recommandé l’établissement canadien et le professeur Brian Conway. Le professeur Lakhanpal avait lui-même fait ses études sous la direction du professeur Conway à la fin des années 1950.

En 1966, le jeune scientifique enthousiaste Ashok Vijh a obtenu son doctorat. Son ambition était de faire carrière au Canada, mais les débouchés étaient peu nombreux. Il s’est alors lancé dans la recherche-développement en tant que chimiste pour l’entreprise Sprague Electric, au Massachusetts. Il ne lui a pas fallu longtemps, cependant, pour repasser du côté nord de la frontière, avec un poste en électrochimie à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ). Il s’est mis à gravir un à un les échelons du monde de la recherche. En 1973, il a obtenu le titre de maître de recherche, qui est la plus haute distinction au sein de l’IREQ, décernée aux candidats de calibre international. L’électrochimiste détient toujours ce titre aujourd’hui, à l’âge de 76 ans.

M. Vijh n’a rien perdu de sa capacité de s’émerveiller face au monde de l’électrochimie, qui englobe l’étude des réactions chimiques déclenchées par la circulation d’un courant électrique entre deux électrodes, ainsi que des réactions chimiques qui servent à produire de l’électricité, par exemple dans les batteries et les piles à combustible.

« L’électrochimie a de nombreuses applications dans la conversion et le stockage de l’énergie. Toutes les sources d’alimentation électrique dans les ordinateurs portatifs, les tablettes iPad et les instruments électroniques portatifs se servent de batteries, et c’est également le cas pour les voitures électriques, dont l’utilisation permet de lutter contre la pollution et les gaz à effet de serre. En biologie, les transferts de charge électrochimiques sont la base même du fonctionnement de notre cerveau », explique M. Vijh.

Au cours de sa carrière, M. Vijh a atteint des sommets que la plupart des scientifiques osent à peine imaginer. Il est un chef de file dans son domaine et on lui doit plus de 360 articles et six ouvrages sur l’électrochimie. Il est membre de la Société royale du Canada (SRC) et a été président de l’Académie des sciences de la SRC de 2005 à 2007. Il a reçu plus de 60 distinctions de la part d’organismes de partout dans le monde en guise de reconnaissance pour sa contribution à la recherche scientifique.

Ashok Vijh à côté d’un panneau indiquant « Ordre national du Québec »

Ashok Vijh a également reçu le titre de chevalier de l’Ordre national du Québec en 1987 et a été nommé officier de l’ordre en 2008.

Il a notamment remporté le prix Killam – l’une des récompenses les plus prestigieuses en recherche au Canada – en 1987 pour sa contribution essentielle au domaine de l’électrochimie et pour ses travaux sur les retombées des nouveaux appareils électrochimiques et des nouvelles applications industrielles sur la société. Il était, à l’époque où il l’a remporté, l’un des plus jeunes lauréats du prix. Il a tout dernièrement achevé son mandat de titulaire de la chaire D. S. Kothari de professeur invité à l’Académie nationale des sciences de l’Inde.

À notre question sur l’impact qu’ont eu ses études à l’Université d’Ottawa sur sa vie, M. Vijh répond : « Mes professeurs à l’Université d’Ottawa, en particulier le professeur Brian Conway, m’ont inculqué un sens de l’originalité et de l’excellence dans la recherche. »

Qui sait ce qu’Ashok Vijh pourra encore accomplir dans sa carrière? Il a déjà réalisé tant de choses. Il ne fait aucun doute qu’il continuera de chercher à satisfaire l’énorme appétit de découverte scientifique qui l’anime toujours. S’il a déjà largement dépassé l’âge habituel de la retraite, il est plus dynamique que jamais et restera toujours ce jeune scientifique débarqué au Canada il y a plus de 50 ans, en quête d’aventure et à la recherche d’une bonne grosse tuque pour se protéger du froid.

Photo principale :
Ashok Vijh en vacances à Aix-en-Provence en avril 2010.

 

Ashok Vijh recevant le grade d’officier de l’Ordre du Canada des mains de Ray Hnatyshyn, alors gouverneur général.

Ashok Vijh a été nommé officier de l’Ordre du Canada en avril 1990 par M. Ray Hnatyshyn, alors gouverneur général. Cette distinction lui a été décernée en reconnaissance de ses travaux d’innovation et de son enseignement à l’Université du Québec.

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