Premiers pas sur la scène internationale

Elias León assis dans son bureau devant le drapeau des Nations Unies.

« Les compétences en matière d’analyse critique, de recherche, de communication et de diplomatie que le cours de simulation de l’ONU permet d’acquérir sont d’un niveau inégalé. »

— Elias León

Par Stephen Dale

Le tableau blanc qui surmonte le bureau d’Elias León est couvert d’une vertigineuse série de flèches et de listes de choses à faire. Ce tableau surchargé constitue un rappel implacable de tout ce qui doit être fait en prévision de la prochaine Simulation internationale canadienne des Nations Unies (CANIMUN).

Elias León, 23 ans, est chargé de mission pour l’Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU). Son travail consiste à superviser tous les aspects de la CANIMUN, la plus importante conférence bilingue au Canada, qui a lieu chaque année depuis 2003.

C’est à lui qu’il revient de recruter les 800 étudiants délégués et de leur assigner les pays dont ils défendront les positions lors d’une simulation de l’assemblée des Nations Unies. Il organise également des rencontres entre les délégués et de véritables diplomates, en plus de gérer le personnel de la conférence.

Malgré les défis qu’elle comporte, la tâche semble faite sur mesure pour lui. Ayant lui-même participé à des simulations du même genre quand il était au secondaire, il a été ravi de voir des participants de l’Université d’Ottawa, son alma mater, remporter de nombreux prix lors de celle qui a eu lieu à New York, plus tôt cette année.

Pendant ses études à l’Université, Elias León a non seulement bénéficié d’une formation diversifiée en classe, mais il a aussi pu acquérir de l’expérience dans le cadre d’échanges internationaux et de stages de travail. Il s’est joint à l’ACNU quelques semaines à peine après l’obtention de son B.Sc.Soc. spécialisé en études internationales et langues modernes.

« J’ai écrit mon dernier examen à la mi-décembre 2014, j’ai pris deux semaines de vacances, et j’ai été embauché dès mon retour », raconte-t-il.

Sommet sur le climat

Au cours de sa première année à ce poste, Elias León a eu de nombreuses occasions de perfectionner les aptitudes pour l’organisation et la négociation qu’il estime essentielles à ses projets de carrière. Prévoyant retourner aux études pour faire son droit, il ambitionne de devenir diplomate et avocat spécialisé en arbitrage international.

En plus de ses tâches liées à la CANIMUN, il doit superviser le travail de l’ACNU sur le changement climatique. Il a été l’unique représentant de l’association à la récente conférence COP21 à Paris, qui a accouché d’un nouvel accord juridiquement contraignant sur le climat.

Catherine McKenna and Elias León smiling.

Elias León avec la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna.

Elias León y a présenté le rapport de l’ACNU, résultat de larges consultations avec les gouvernements provinciaux, les entreprises, les communautés autochtones, les experts universitaires et les organismes de la société civile. Il a supervisé la recherche nécessaire à la préparation du rapport et en a assuré la publication. Ce rapport a fait l’objet de discussions lors d’une rencontre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU.

Elias León l’a également présenté au sommet réunissant les ONG et les représentants de la société civile qui a eu lieu en marge du sommet officiel, de même qu’à la nouvelle ministre de l’Environnement du Canada, Catherine McKenna, et à plusieurs ministres provinciaux de l’Environnement.

« C’est un moment très intéressant pour travailler pour un organisme comme celui-ci », dit-il. « Il n’y a pas si longtemps, il n’existait que des relations entre États. Mais il y a maintenant un intérêt pour les partenariats, pour l’innovation et l’inclusion. Les États ne sont plus les seuls qui sont appelés à agir. »

Des expériences intenses

La COP21 a donné à Elias León un heureux prétexte pour retourner à Paris, où il avait passé un an dans le cadre d’un programme d’échanges entre l’Université d’Ottawa et le prestigieux Institut d’études politiques (Sciences Po). Ce séjour constitue l’une des occasions dont il a pu profiter pendant ses études de premier cycle et qui ont beaucoup amélioré ses chances, estime-t-il, de pouvoir travailler sur la scène internationale.

Un été, il a aussi effectué un stage, qu’il décrit comme « très intense », à l’ambassade du Mexique à Washington, où il a travaillé au sein de la section de l’ALÉNA chargée de coordonner la participation du Mexique aux négociations sur l’Accord de partenariat économique transpacifique.

Depuis qu’il occupe ses fonctions actuelles à l’ACNU, Elias León s’est refamiliarisé avec les simulations de l’ONU. L’Université envoie une délégation chaque printemps à New York pour participer à l’une de ces simulations. Ses délégués sont des étudiants ayant été acceptés dans le cours de simulation des Nations Unies donné par le politologue Miguel de Larrinaga.

Elias León a lui-même participé à des simulations dans sa jeunesse. Quand il était au secondaire, au Venezuela, il a un jour été appelé au bureau du directeur. « Je me suis dit : “Oh, oh, qu’ai-je fait?” Mais en réalité, il voulait me demander de représenter l’école dans une simulation de l’ONU. » Après le déménagement de sa famille, à l’hiver 2008, « dans la froide Alberta », selon ses propres termes, ses liens avec le programme ont été mis en veilleuse pendant qu’il apprenait l’anglais. Mais il s’y est remis dès la 11e année.

Une vision du monde élargie

Elias León s’est inscrit à l’Université d’Ottawa pour sa proximité avec le gouvernement et la possibilité d’y apprendre le français. Bien qu’il n’ait pas pu y suivre le cours de simulation des Nations Unies – il était à Sciences Po pendant l’année où il aurait pu le faire – son travail actuel dans l’organisation de la CANIMUN a renforcé sa conviction que ces stimulations constituent de formidables occasions d’apprentissage pour les étudiants qui s’intéressent à l’international.

« Les compétences en matière d’analyse critique, de recherche, de communication et de diplomatie que le cours de simulation de l’ONU permet d’acquérir sont d’un niveau inégalé », dit-il.

Jason Hanson (B.Sc.Soc. 2015) est bien d’accord. Sur le point d’entreprendre des études supérieures, celui-ci a d’abord été délégué étudiant dans le cadre du cours, avant d’y occuper un assistanat d’enseignement pendant deux ans. En mars 2016, il était chef de la délégation de l’Université lorsque celle-ci, représentant le Royaume-Uni, a remporté le prix de délégation distinguée ainsi qu’un impressionnant total de 12 prix pour les exposés de position qu’elle a présentés.

À titre d’assistant pour le cours, Jason Hanson a recueilli les commentaires des étudiants. Nombre d’entre eux, dit-il, en particulier ceux qui se spécialisent en droit international ou en développement international, aiment bien se plonger dans la politique étrangère d’un autre pays, ce qui leur permet de faire de la recherche sur des sujets qui reçoivent peu d’attention au Canada.

« Les étudiants nous ont aussi dit qu’ils étaient heureux de bénéficier d’une approche pratique en complément de l’apprentissage théorique que leur procurent les autres cours universitaires », ajoute-t-il. « Ils ont pu mettre en application ce qu’ils ont appris en interagissant avec des étudiants d’ici, mais aussi d’autres établissements d’enseignement. »

A group shot of about 30 smiling people on the grounds of the United Nations headquarters. One man holds a sign that says “United Kingdom,” and another holds an award certificate.

Représentant le Royaume-Uni, la délégation de l’Université d’Ottawa à la Simulation des Nations Unies de 2016, à New York, au printemps, a remporté un impressionnant total de 12 prix pour ses exposés de position. Photo : Jason Hanson.

Citoyens du monde

Pour le professeur de Larrinaga, l’un des plus grands bénéfices que les étudiants retirent de l’expérience, c’est « la possibilité de développer leurs compétences en relations humaines. Ils doivent non seulement s’entendre avec des gens de personnalités et de tempéraments très différents, mais aussi travailler en collaboration au sein d’un vaste ensemble. Dans certains cas, il s’agit par exemple de rédiger une résolution conjointe avec 30 ou 40 autres pays. »

Combiné avec les autres possibilités qui s’offrent aux étudiants de sciences sociales, comme les cours de recherche terrain, les échanges internationaux et les stages, le cours de simulation de l’ONU permet aux étudiants de « se développer comme citoyens du monde », dit le professeur.

Elias León, à titre de chargé de mission pour l’ACNU, recommande l’expérience à quiconque envisage une carrière sur la scène internationale.

« Si vous êtes sérieux dans votre approche, si vous êtes passionné, vous aurez l’occasion d’acquérir de nombreuses compétences transférables qui vous seront très utiles », dit-il.

Regardez une vidéo primée sur le programme de simulation des Nations Unies de l’Université d’Ottawa.

Photo principale :
Elias León, qu’on voit ici dans le bureau de l’Association canadienne pour les Nations Unies, à Ottawa, souhaite devenir diplomate et avocat. Photo : Robert Lacombe.

Elias León assis dans son bureau devant le drapeau des Nations Unies.
Elias León devant le centre des congrès à Paris où s’est déroulée la conférence de l’ONU sur le changement climatique en décembre 2015. Photo : Alena Kotelnikova
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