Shakespeare, 400 ans plus tard

Kathryn Prince tient un crâne humain, dans la tradition shakespearienne.

« Partout dans le monde, on célébrera le 400e anniversaire de la mort de Shakespeare, ou encore le début de la postérité de Shakespeare. » 

– Kathryn Prince

Par Laura Eggertson 

Qu’ils manient bien les mots ou l’épée, les admirateurs de William Shakespeare pourront faire valoir leurs talents en se lançant des injures à la manière du barde ou en perfectionnant leurs techniques de combat sur scène dans le cadre des célébrations en l’honneur du dramaturge. Ce festival, qui a pris son envol à l’occasion d’un gala à l’Université d’Ottawa à la fin de janvier, se poursuivra pendant quatre mois. 

Shakespeare400, une collaboration entre la Faculté des arts et des professeurs des facultés des Sciences sociales, de Droit et de Médecine, souligne le 400e anniversaire de la mort du dramaturge le 23 avril 1616 et le début de son remarquable héritage. La riche programmation propose des concours, des spectacles, des conférences-midi, des cours, un festival de films, des concerts, des lectures, un colloque et même un concours de plaidoirie. L’objectif : faire ressortir les nombreuses façons dont Shakespeare se manifeste encore dans notre quotidien et influence nos vies et la langue anglaise.

« Partout dans le monde, on célébrera le 400e anniversaire de la mort de Shakespeare, ou encore le début de la postérité de Shakespeare », explique Kathryn Prince, professeure agrégée et directrice des études de premier cycle au Département de théâtre, et coorganisatrice du projet. « Notez bien le mois et l’année : avril 2016. Nous sommes le siège des célébrations au Canada. » 

Ces activités mettront en valeur les talents de membres du corps professoral, de chercheurs, du personnel et d’étudiants de l’Université, et elles attireront des membres de la communauté élargie, selon la professeure Irena Makaryk, coordonnatrice du projet. 

Mme Makaryk, qui s’est éprise de Shakespeare en 8e année en regardant une production de Twelfth Night (La Nuit des rois) sur la chaîne CBC, a toujours été fascinée par son théâtre. Elle enseigne l’œuvre de Shakespeare à l’Université depuis 1982, et sa passion contagieuse se répand sur les préparatifs des célébrations, nées de son idée à elle de faire de l’Université la scène principale de cet anniversaire. 

« Ce qu’il y a de plus intéressant en littérature, c’est le genre de dialogue ou de conversation que nous avons avec les auteurs, explique la professeure Makaryk. Shakespeare nous transforme, et nous transformons Shakespeare par nos nombreuses interprétations de ses pièces… Son œuvre est si riche qu’on y trouve un peu de tout. » 

Les activités de Shakespeare400, dont bon nombre sont ouvertes au grand public, visent bien sûr à rendre hommage au célèbre dramaturge, mais aussi à rappeler que « 400 ans après sa mort, il est encore bien vivant dans l’imaginaire canadien », ajoute Mme Prince. Une subvention qu’elle a obtenue du Conseil de recherches en sciences humaines finance la majeure partie des coûts du projet, avec l’aide de l’Université et de quelques départements.

Kathryn Prince est particulièrement fière de sa collaboration avec le cinéma ByTowne. Cette salle populaire mettra à l’affiche pendant 14 semaines (du 24 janvier au 25 avril) une série de films sur le thème de Shakespeare, dont Mme Prince et Joerg Esleben, professeur agrégé et directeur du Département des langues et littératures modernes, feront la présentation. On y verra entre autres une production d’Antoine et Cléopâtre filmée au Festival de Stratford.

« C’est le couronnement du festival », s’exclame Kathryn Prince. 

Si le colloque Shakespeare + Canada (21-23 avril) s’intéressera avec sérieux à la contribution de Shakespeare à la société et à la culture canadiennes, bon nombre des autres activités – dont un « Insultothon » le 5 avril et une démonstration de combat scénique par un expert du festival de Stratford – seront des façons amusantes et originales de découvrir Shakespeare et son œuvre. 

Kathryn Prince espère que cet Insultothon organisé par les étudiants attirera « des membres éminents de l’administration universitaire ». Les participants devront choisir des adjectifs, des adjectifs composés et des noms extraits de pièces de Shakespeare et les combiner pour créer de belles insultes originales. 

« L’Insultothon est un moyen amusant de faire entendre autrement la langue de Shakespeare. Plutôt que d’entendre un John Gielgud déclamer les plus beaux monologues, on aura droit aux insultes les plus viscérales, substantielles, parfois dégoûtantes et toujours drôles de Shakespeare lancées d’un bout à l’autre de la scène », explique la professeure. 

Deux femmes sur scène habillées comme des reines en haillons, avec un escalier en arrière-plan.
Une scène tirée de la pièce Les reines, œuvre en français inspirée par Richard III de Shakespeare et présentée à l’Université d’Ottawa en décembre 2015. Photo : Marianne Duval.

Pour ceux et celles qui s’intéressent aux discussions plus sérieuses sur l’influence de Shakespeare, des conférences-midi porteront sur toutes sortes de sujets liés à cet auteur, allant de la traduction à la médecine; il y en aura pour tous les appétits, promet Mme Prince. Le concours de plaidoirie interuniversitaire organisé par la Faculté de droit, où l’on fera le procès d’Hamlet pour le meurtre de Polonius, sera aussi divertissant. Enfin, des concerts et de nouvelles œuvres de compositeurs-étudiants de l’Université sur des thèmes et des textes propres à Shakespeare agrémenteront les célébrations. 

« C’est une bonne année pour être shakespearien à Ottawa », lance Kathryn Prince en riant. 

Shakespeare était le maître des remarques sarcastiques. Voici quelques idées d’insultes dont pourraient s’inspirer les futurs participants à l’« Insultothon » : 

« Seigneur à l’esprit bouilli! Tu n’as pas plus de cervelle que je n’en ai au coude […]. »
Troilus et Cressida (2.1.41) 

« Ma cervelle serait affectée par une plus longue conversation avec vous. »
Coriolan (2.1.91) 

« Sangdieu, et vous, crève-la-faim, vous, gangue d’anguille, vous, langue de bœuf grillée, vous, vit de taureau, vous, morue séchée! Ah, du souffle pour clamer à quoi tu ressembles… Vous, tringle de tailleur, vous, fourreau, vous, étui d’archet, vous, vil brand tout raide… »
1 Henry IV (2.4.227-9) 

« Lourd manant, bâtard, vieille rosse […] »
La Mégère apprivoisée (4.1.116) 

« Hypocrite putain, tu mens en tout! »
La Comédie des erreurs (4.4.100)

Renseignez-vous sur les célébrations Shakespeare400 de l’Université d’Ottawa.

Photo principale :
Kathryn Prince, professeure agrégée et directrice des études de premier cycle au Département de théâtre. Photo : Peter Thornton

La professeure Irena Makaryk.

La professeure Irena Makaryk, coordonnatrice de Shakespeare400

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