Sortir de la retraite au pas de course

Jason Dunkerley et Jérémie Venne courent côte à côte sur une piste d’athlétisme devant d’autres coureurs.

« Je suis vraiment chanceux d’avoir pu participer aux Paralympiques. Peu de gens peuvent en dire autant. »

— Jason Dunkerley

Par Aida Stratas

Le 21 juillet dernier, Jason Dunkerley (M.A. 2014) a ajouté une autre performance de calibre mondial à sa collection de médailles et d’expériences mémorables en remportant l’argent au 1500 mètres masculin T11 des Championnats du monde de para-athlétisme à Londres (R.-U.). Jason et son nouveau guide, Jérémie Venne, ont franchi la ligne d’arrivée en 4:13,67, soit un peu plus de deux secondes derrière le médaillé d’or Samwel Kimani, du Kenya.

« Nous pensons avoir fait la meilleure course qu’il nous était possible de faire ce soir-là », dit Jason, qui est aveugle de naissance. « C’est un privilège de vivre cette expérience extraordinaire avec Jérémie et de représenter notre pays en Grande-Bretagne, le berceau du mouvement paralympique. »

L’exploit de Jason est d’autant plus remarquable qu’il était censé avoir pris sa retraite! En effet, après les Jeux paralympiques de Rio en 2016, où il a obtenu une cinquième place, il avait dit en avoir terminé avec les compétitions internationales.

« J’aime le défi de tirer le maximum de mon corps et de repousser mes limites durant l’entraînement », dit l’athlète qui a fêté ses 40 ans en août. « C’est pour cette raison que j’ai recommencé à courir après avoir pris ma retraite. J’y allais moins fort, mais assez pour garder la forme. Alors quand Athlétisme Canada m’a encouragé à essayer de me qualifier pour Londres, j’étais prêt. »

Courir avec un seul rein

Jason est l’un des très rares athlètes à avoir fait un retour à la compétition de haut niveau après un don de rein. Il vit avec un seul rein depuis qu’il a donné l’autre en 2013 à la femme qu’il avait mariée.

« À part une fatigue plus intense pendant l’année qui a suivi l’opération, je me sentais bien, dit-il. Je suis vraiment chanceux, parce que pour bien des donneurs de reins, c’est beaucoup plus difficile. »

Cet athlète vétéran six fois médaillé aux championnats du monde a récemment obtenu un autre honneur : celui d’être invité à siéger à un nouveau comité consultatif de World Para Athletics en tant que représentant des athlètes nord-américains.

« J’aurai ainsi la chance d’apporter des changements positifs pour mes pairs et j’en suis très heureux. J’ai hâte de travailler à augmenter la participation des athlètes lourdement handicapés pour qu’ils puissent obtenir le soutien dont ils ont besoin pour s’épanouir. »

« Je suis vraiment chanceux »

Natif de l’Irlande du Nord, Jason a déménagé avec sa famille au Canada à 13 ans. Les Dunkerley ont toujours encouragé leurs trois fils, tous malvoyants de naissance, à jouer dehors, à faire du vélo et à jouer au soccer comme les autres enfants.

« Nous allions tous à la même école pour enfants aveugles à Brantford, en Ontario, explique Jason. Nous avons été exposés à plusieurs sports différents. J’étais attiré par la course à pied, j’adore la sensation que ça me donne. Je suis vraiment chanceux d’avoir pu participer aux Paralympiques. Peu de gens peuvent en dire autant. »

Jason, qui travaille au gouvernement fédéral comme analyste chez Innovation, Sciences et Développement économique du Canada, a commencé ses études à l’Université d’Ottawa sur le tard, à 36 ans. Il détient aujourd’hui une maîtrise en littératures et cultures du monde de la Faculté des Arts.

« C’était une expérience fantastique et énergisante, dit-il. Je devais constamment pousser ma réflexion de toutes sortes de façons : un peu comme en course à pied! » Il se souvient avec reconnaissance du soutien de professeurs comme Joerg Esleben et Jorge Carlos Guerrero, qui l’ont aidé à tirer parti au maximum de ses études à l’Université.

Assurer l’égalité des chances

Jason dit aussi avoir reçu un excellent soutien de la part du Service d’accès de l’Université d’Ottawa, qui travaille à assurer l’égalité des chances aux étudiants et étudiantes en situation de handicap temporaire ou permanent. « Le personnel était toujours très agréable et conciliant », dit-il.

Jason encourage les personnes handicapées à faire preuve d’optimisme et à voir leur handicap comme un avantage et une force. « Le handicap fait partie de vous, mais il ne vous définit pas », dit-il.

À Québec le 27 août, il a pris part au 10 km Je cours QC. « Après, dit-il, je vais continuer de faire ce que j’aime : voyager, lire, écrire, jouer de la guitare et, bien sûr, courir. »


Écoutez Jason Dunkerley raconter son parcours


Photo principale :
Jason Dunkerley et Jérémie Venne durant la course qui leur a valu l’argent à Londres. Photo : Yonathan Kellerman / Athlétisme Canada

 

Jason Dunkerley et Jérémie Venne portant des médailles autour de leur cou et placés devant une affiche des Championnats du monde de para-athlétisme

Jason Dunkerley ne s’entraînait avec son nouveau guide Jérémie Venne que depuis quelques semaines au moment de leur course à Londres. Ils courent ensemble, reliés par une cordelette qu’ils tiennent dans leur main. Photos : Yonathan Kellerman / Athlétisme Canada

Jason Dunkerley et Jérémie Venne courent ensemble, reliés par une cordelette.

 

Haut de page