Testeurs pour Tesla

Anthony Bagnulo derrière le volant d’une Model S de Tesla.

« Mon objectif est de propulser l’avenir des transports par les véhicules électriques et de les rendre accessibles au plus grand nombre. »

— Anthony Bagnulo

Par Mike Foster

L’année où il a reçu son diplôme, Anthony Bagnulo (B.Sc., génie mécanique 2010) a dû faire un choix difficile : accepter un emploi chez un constructeur de voitures électriques de Vancouver, accepter l’invitation d’un professeur à amorcer une maîtrise ou se rendre à San Francisco, en Californie, pour courir la chance d’obtenir l’emploi de ses rêves chezTesla Motors.

Même si les risques étaient élevés, M. Bagnulo a choisi la troisième option. Il avait déjà passé cinq entrevues téléphoniques avec Tesla, qui avait aussi offert de couvrir ses frais de transport aérien pour qu’il aille poursuivre le processus d’embauche au siège social de l’entreprise à Palo Alto. Après cinq entrevues en personne, un examen technique, un exposé de 30 minutes et l’envoi d’une lettre à Elon Musk, PDG de Tesla Motors, M. Bagnulo s’est fait dire, un mois plus tard, que l’entreprise n’embauchait plus pour ce poste. Il était trop tard pour accepter l’autre offre d’emploi ou amorcer le programme de maîtrise.

Malgré tout, M. Bagnulo n’a pas baissé les bras.

Il a élaboré son propre plan d’affaires pour vendre un ensemble avec roue motrice intégrée visant à convertir les voitures classiques en voitures électriques. Dans le sous-sol de la maison de ses parents, il a développé un modèle 3D de son concept et son argumentaire éclair. Il s’est ensuite tourné vers son mentor Sam Berns, avec qui il avait gardé contact depuis sa participation au programme des jeunes entrepreneurs à son école secondaire, pour qu’il le mette en relation avec des investisseurs.

Grâce à un exposé digne de l’émission Dans l’œil du dragon, il a obtenu un investissement de 10 000 $ contre 20 % de son entreprise. Il a utilisé une partie de ces fonds pour se rendre au Missouri afin d’acquérir une expérience pratique en tant que stagiaire chez EVTV Motor Verks, une entreprise qui se spécialise en conversion des voitures vers la propulsion électrique. On l’a même invité aux côtés de Jack Rickard d’EVTV dans la cadre d’un épisode en janvier 2011 mis en ligne par l’entreprise.

Cette expérience a retenu l’attention d’Azure Dynamics de Vancouver, qui l’a embauché en tant qu’ingénieur d’essais au sein de son entreprise de véhicules électriques. Au cours des 18 mois suivants, M. Bagnulo a continué d’envoyer des CV à jour à Tesla jusqu’à ce qu’il décroche un emploi d’ingénieur d’essais adjoint après avoir franchi de nouveau toutes les étapes du processus de recrutement.

« À l’Université d’Ottawa, je m’intéressais beaucoup à tout ce qui touchait les automobiles, et je voulais travailler avec des technologies durables et écologiques, explique M. Bagnulo. Je suis tombé amoureux de l’entreprise Tesla, de sa voiture, de la vision du PDG… Et il semblait y régner une bonne ambiance. J’étais tout simplement conquis. »

Aujourd’hui, M. Bagnulo occupe le poste d’ingénieur d’essais principal de l’équipe des essais de fabrication composée d’environ 40 personnes à l’usine de Fremont, en Californie. L’équipe conçoit, fabrique et commercialise de l’équipement d’essai pour la chaîne de production, examinant attentivement et vantant tous les produits relevant du groupe motopropulseur et du montage partiel des véhicules. Parmi ces produits, mentionnons des blocs-batteries, des chargeurs, des convertisseurs, des produits pour l’assemblage de cartes de circuits imprimés, des superchargeurs et des dispositifs stationnaires de stockage en énergie électrique. On compte désormais 419 stations Superchargeur, pour un total de plus de 2 000 chargeurs, en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Australie.

L’équipe d’essais travaille principalement à la Model S et à la Model X de Tesla propulsées par des batteries au lithium-ion composées de milliers de cellules. Tesla fabrique aussi des composantes de bloc-batterie et du groupe motopropulseur pour Daimler et Toyota.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec l’équipe de conception : elle nous présente un nouveau produit, et nous collaborons avec elle pour définir une liste d’exigences en matière d’essais pour finalement élaborer une plateforme d’essais adaptée au produit. Nous concevons tous les branchements et les actionneurs mécaniques et tout le câblage électrique, et nous élaborons le logiciel automatisé qui actionne et commande le testeur et évalue les signaux nécessaires, comme définis dans le document d’exigences », explique M. Bagnulo.

Pendant son passage à l’Université d’Ottawa, il a participé à des concours de génie à l’échelle provinciale et a été président de la Société des étudiants en génie mécanique.

Toutefois, il admet que c’est le cours difficile de conception et fabrication assistées par ordinateur de 12 semaines qui lui a permis d’acquérir les notions qui lui sont les plus utiles aujourd’hui.

« Nous devions concevoir un moteur à combustion interne, se souvient M. Bagnulo. Et il devait être à deux temps, à injection directe et suralimenté. Nous n’étions que trois dans mon groupe. Aucun de nous ne savait comment un moteur fonctionnait exactement. Nous avions bien étudié les cycles de combustion, mais c’était pas mal tout ce que nous savions. J’ai appris énormément de choses en 12 semaines. Je suis d’avis que ce cours m’a vraiment très bien préparé pour mon emploi actuel. Il m’a aussi permis d’observer jusqu’à quel point les moteurs à combustion interne sont inefficaces, ce qui a exalté ma passion pour Tesla. »

Anthony Bagnulo, les bras autour d’une boîte de tuyaux et de jauges, à l’usine de Tesla Motors.

Anthony Bagnulo prend une courte pause à l’usine de Tesla Motors de Fremont, en Californie. Photo : Tesla Motors

Le marché des voitures électriques en est encore à ses balbutiements, mais la concurrence est de plus en plus féroce entre les constructeurs. Selon l’Electric Drive Transportation Association, les ventes de véhicules à propulsion électrique, y compris les hybrides, les hybrides rechargeables, les véhicules à batteries et les véhicules totalement électriques, représentaient jusqu’à 3,5 % – soit environ 570 000 voitures – des ventes totales de véhicules en 2014.

L’année dernière, Tesla a produit 35 000 Model S et, selon la lettre aux actionnaires de 2014, l’entreprise prévoit livrer 55 000 Model S et Model X en 2015. Entre-temps, elle développe son Model 3, qui sera lancé en 2017 et offert au prix plus abordable de 35 000 $ US. Selon Green Car Reports, les ventes de véhicules électriques rechargeables en 2014 ont augmenté de 27 % par rapport à 2013 pour atteindre 118 500 véhicules.

M. Bagnulo croit fermement que les voitures peuvent se passer de combustibles fossiles.

« Évidemment, je ne suis pas impartial, mais je suis convaincu que l’électricité, c’est l’avenir, s’exclame-t-il. Les moteurs à combustion interne sont extrêmement complexes et inefficaces. La couple de sortie constante, l’efficience accrue et la simplicité des moteurs électriques en font le choix évident. Mon objectif est de propulser l’avenir des transports par les véhicules électriques et de les rendre accessibles au plus grand nombre. »

L’arrivée de renforts

M. Bagnulo n’a pas oublié son alma mater dans tout cela puisqu’il a demandé aux diplômés en génie de l’Université d’Ottawa Geoffrey Maines (M.Sc., gén. méc. 2014; B.Sc., gén. méc. 2011) et Lucas West (B.Sc., gén. méc. 2012) de se joindre à lui chez Tesla. M. Maines occupe d’ailleurs le poste d’ingénieur d’essais adjoint pour l’équipe d’essais en fabrication du groupe motopropulseur.

Selon lui, c’est grâce à l’expérience pratique qu’il a acquise à l’atelier d’usinage de l’Université d’Ottawa qu’il a désormais de bonnes compétences en conception pour la fabrication.

« L’une des principales difficultés que je dois surmonter en concevant de l’équipement d’essai pour le secteur de la production, c’est de développer du matériel à des fins et d’entretien et de fabrication, explique-t-il. Dans notre domaine, il est souhaitable de garder les coûts de fabrication faibles tout en offrant une conception qui fera que l’entretien du véhicule sera simple. »

Kirsten Campbell, étudiante de troisième année en génie mécanique à l’Université, vient de terminer son deuxième stage coop de quatre mois : elle a travaillé pour le service de Tesla qui fabrique les composantes du groupe motopropulseur.

« Le rôle de notre équipe est de concevoir, de monter et de soutenir des chaînes de production à partir de rien jusqu’à l’assemblage complet des véhicules, explique-t-elle. Ce stage m’amène à travailler avec de la machinerie vraiment amusante, ce qui est la partie la plus plaisante au monde pour une ingénieure mécanique comme moi... Je suis consciente que nous travaillons pour un avenir meilleur, mais ce n’est pas ma principale motivation. C’est plus la cerise sur le gâteau. Tesla représente toute une occasion pour moi. Nulle part ailleurs dans le monde il n’existe un endroit comme ici. »

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Photo principale : 
Anthony Bagnulo fait un petit tour au volant d’une Tesla. Photo : Tesla Motors

Lucas West, Kirsten Campbell, Geoffrey Maines et Anthony Bagnulo devant une voiture électrique Model S de Tesla.

(De gauche à droite) Lucas West, Kirsten Campbell, Geoffrey Maines et Anthony Bagnulo posent devant une Model S de Tesla. Photo : Tesla Motors

 

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