Tous ensemble, les diplômés disent merci à Allan Rock
Par Mike Foster
Le 3 juin 1969 reste pour Allan Rock un des plus beaux jours de sa vie. Ce jour-là, à bord de sa Coccinelle Volkswagen jaune (ou « Beetle », en anglais), il a fait visiter la ville d’Ottawa à John Lennon et Yoko Ono. À un moment donné, la chanson des Beatles « Get Back » est passée à la radio, et Lennon s’est mis à la chanter dans la voiture. Le trio s’est rendu au 24, promenade Sussex, dans l’espoir de rencontrer Pierre Trudeau, mais le premier ministre n’était pas à la maison.
Alors président de l’association étudiante de l’Université, Allan Rock avait persuadé Lennon de venir à Ottawa pour participer à un forum sur la paix mondiale. Après l’événement – essentiellement une conférence de presse tenue dans le foyer du pavillon Simard –, il avait véhiculé John et Yoko dans sa Beetle pendant plusieurs heures pour leur faire visiter la Colline du Parlement et d’autres secteurs de la ville, avant de les conduire à la gare.
Cette anecdote peu banale donne une idée du caractère d’Allan Rock et de son don pour transformer l’idéalisme en geste concret. Âgé de 21 ans à l’époque, il avait entendu parler du maintenant légendaire bed-in de John et Yoko pour la paix mondiale à l’hôtel Reine-Elizabeth, à Montréal, et il avait eu le culot nécessaire pour contacter l’organisateur de tournée de Lennon afin de lui demander si le chanteur accepterait de venir livrer son message de paix à Ottawa. S’étant fait répondre qu’il pouvait le lui demander en personne, il avait sauté dans sa Volks et pris la route pour Montréal. Il était entré dans la chambre d’hôtel de la star quelques minutes à peine avant que Lennon n’enregistre « Give Peace a Chance », et il l’avait convaincu de venir à Ottawa.
Une autre date marquante
Des dizaines d’années plus tard, cette histoire a servi de source d’inspiration pour ce qui restera une autre date marquante dans la vie de M. Rock : le 7 mai 2016.
Cette date a été celle du gala Tous ensemble à l’Université d’Ottawa!, événement phare de la Semaine des diplômés 2016. Le nom anglais du gala, Come Together uOttawa!, a été choisi pour faire allusion à une chanson des Beatles et, du même coup, à la célèbre rencontre entre M. Rock et John Lennon. Les diplômés présents, y compris le chancelier Calin Rovinescu, ont profité de l’occasion pour rendre hommage à tout ce qui a été accompli à l’Université sous la direction d’Allan Rock.
M. Rovinescu a tenu à souligner tout ce que des réalisations, comme l’embauche depuis 2012 de 60 nouveaux professeurs dans des postes menant à la permanence et la construction du Centre d’apprentissage dont l’ouverture est prévue pour janvier 2018, doivent « à la vision, à la passion et au leadership » de M. Rock. Après un mandat de huit ans comme recteur et vice-chancelier, ce dernier passera le flambeau au nouveau recteur, Jacques Frémont, le 1er juillet.
Place aux souvenirs
Pendant le gala, des étudiants en liesse agitant des pompons ont défilé sous la nouvelle tente arabe de la Place de l’Université et ont tiré le recteur sortant sur la scène pour lui faire effectuer un voyage dans le passé.
Un montage vidéo sur la vie de M. Rock a alors été présenté. On a pu y voir des photos de sa carte étudiante (il a obtenu son B. A. en 1968 et son LL. B. en 1971), de sa Coccinelle et de sa conférence de presse avec John Lennon. Les faits saillants de sa carrière postérieure ont également été évoqués : rappelons qu’il a été ministre de la Justice (1993-1997), ministre de la Santé (1997-2002) et ambassadeur du Canada aux Nations Unies (2004-2006). Dans un clip tiré d’une vidéo promotionnelle sur les objectifs de Destination 2020, le plan stratégique l’Université, on a pu voir M. Rock déclarer : « Je sais ce que c’est que d’être assis dans une de nos salles de cours et de rêver de changer le monde. »

Allan Rock a reconnu l’appui des diplômés et des donateurs à la réalisation des objectifs de l’Université. Photo : Andrea Campbell
Quand il a pris la parole, M. Rock a parlé des vives émotions que cet hommage avait fait naître en lui, notamment « une immense fierté » devant le progrès accompli vers l’atteinte des objectifs de Destination 2020 et un grand « enthousiasme pour l’avenir ». Il a remercié ses prédécesseurs, dont les anciens recteurs Marcel Hamelin (1990-2001) et Gilles Patry (2001-2008), ainsi que les chancelières avec qui il a eu la chance de travailler, Huguette Labelle (1994-2012) et Michaëlle Jean (2012-2015).
« Depuis 1848, chaque génération a été appelée à apporter sa contribution au développement de cette merveilleuse institution », a dit M. Rock. « Tout comme Marcel [Hamelin] et Gilles [Landry] ont contribué en leur temps, je crois qu’au cours des huit dernières années, nous avons fait avancer les choses. Si nous avons progressé, c’est grâce à vous, diplômés et donateurs, qui nous avez aidés à atteindre nos objectifs. »
« On sent une grande énergie sur ce campus, un grand dynamisme », a-t-il ajouté. « Cela se voit au nombre de nos diplômés, et aux 5 000 d’entre eux qui ont participé aux événements de la semaine. Cela se voit à l’excitation de nos étudiants quand ils parlent de leurs programmes et de leur avenir. »
La qualité des étudiants et étudiantes, celle du corps professoral recruté par l’Université d’Ottawa, celle des partenariats qu’elle conclut avec d’autres universités et instituts de recherche de premier plan partout dans le monde atteste que « cette université est en mouvement », a-t-il conclu.
Une jeune diplômée dit merci
Plus tôt dans la soirée, Mayoori Malankov, qui vient tout juste de terminer ses derniers examens de Juris Doctor, a parlé de l’impact qu’ont eu l’Université et Allan Rock dans sa vie.
Originaire du Sri Lanka, Mayoori Malankov est arrivée au Canada comme réfugiée avec sa mère quand elle avait deux ans. Pendant toute son enfance, elle a vu sa mère venir en aide à d’autres réfugiés. Rêvant de devenir avocate, elle s’est inscrite en 2012 à la Faculté de droit en raison de sa réputation dans le domaine de la justice sociale. Au cours de l’année qui s’achève, elle a présidé la section d’Ottawa du Fonds d’action et d’éducation juridiques pour les femmes (FAEJ).
« Grâce au généreux soutien d’Allan Rock et de son bureau, nous avons pu organiser une table ronde avec des conférenciers éminents, afin d’attirer l’attention sur les enjeux liés à l’accès à la santé et à la justice en matière de reproduction », a déclaré Mayoori Malankov. « Au nom du FAEJ, section d’Ottawa, je vous dis merci, Allan, pour votre soutien indéfectible à la cause de la protection et de la promotion de l’égalité pour les femmes. »
« En tant qu’ancienne réfugiée », a-t-elle ajouté, « j’ai été particulièrement touchée de pouvoir prendre part à des initiatives novatrices telles que le Programme d’appui au parrainage de réfugiés (en anglais) de l’Université d’Ottawa, mis sur pied en réponse à la crise des réfugiés. »
Allan Rock a manifestement réalisé son rêve d’étudiant, changer le monde. Au cours de cette cérémonie des adieux marquant la fin d’une époque, il a révélé qu’il ne partirait pas bien loin. Après s’être accordé un bref répit, il compte en effet nous revenir bientôt, à titre de professeur à la Faculté de droit.

Un groupe d’étudiants ont acclamé Allan Rock avant de le tirer sur scène pour un hommage spécial. Photo : Andrea Campbell
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Plus de 5000 personnes ont participé aux activités de la Semaine des diplômés 2016, dont le gala Tous ensemble à l’Université d’Ottawa! Photo : Andrea Campbell