Unissons nos forces au nom d’une meilleure éducation

Anita Tenasco, debout dans le foyer d’un musée, porte un collier des Premières Nations fait de perles multicolores.

« Nous ne pouvons pas travailler en vase clos. Pour apporter des changements positifs et poursuivre nos efforts concertés vers la réconciliation, nous devons travailler tous ensemble. »

— Anita Tenasco

Par Michelle Hibler

Un important partenariat entre l’Université d’Ottawa et une collectivité des Premières Nations donne aux élèves de cette communauté et aux stagiaires en enseignement accès à une formation de qualité supérieure. Le partenariat permet en outre la préservation de la culture algonquine et l'intégration de perspectives autochtones en salle de classe.  

« Nous entretenons depuis dix ans des relations étroites avec la Faculté d’éducation en participant à la recherche et en accueillant des enseignants et des stagiaires dans nos salles de classe », indique Anita Tenasco. Depuis 2005, la diplômée de l’Université d’Ottawa (B.A. 1993; B.Éd. 1994) est directrice de l’éducation de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg, dont la communauté est située près de Maniwaki, au Québec, à environ une heure et demie au nord d’Ottawa.

« Que ce soit pour l’éducation, le curriculum ou la préservation et la documentation de notre langue algonquine, l’Université nous a fourni toute l’aide possible, dit-elle. Notre objectif commun est d’augmenter la scolarisation des élèves des Premières Nations au niveau postsecondaire. »

Chaque année, environ dix candidats à l’enseignement de l’Université d’Ottawa font des stages de deux semaines et du bénévolat à l’école de Kitigan Zibi.

« La communauté d’Anita Tenasco et les étudiants méritent la meilleure éducation possible, car c’est un ingrédient essentiel à la réussite à n’importe quel endroit dans le monde », fait remarquer Nicholas Ng-A-Fook, instigateur du partenariat et directeur du programme Teacher Education de l’Université.

Insuffler la confiance en soi

L’école de Kitigan Zibi a un objectif clair : « former, dans un environnement sécuritaire, des personnes en santé, heureuses, confiantes et conscientes de leur culture et de leur histoire algonquine », souligne madame Tenasco. L’école comporte des classes de la maternelle à la onzième année (dernière année du secondaire au Québec) et décerne ses propres diplômes, reconnus par les établissements d’enseignement postsecondaires partout au Canada.  

La collectivité Kitigan Zibi Anishinabeg a pris le contrôle de son système d’éducation dans les années 1970. Aujourd’hui, l’école suit le curriculum provincial québécois, mais « nos enseignants disposent de la flexibilité nécessaire pour l’adapter à notre culture, à notre histoire, à notre langue et à nos traditions », précise madame Tenasco.

Sur les vingt et un enseignants de l’école Kitigan Zibi, vingt sont des membres des Premières Nations. Parmi eux, un grand nombre, dont Anita Tenasco, sont d’anciens élèves de l’école secondaire de Kitigan Zibi.

Avec une population de 1 650 personnes sur la réserve, et de 1 450 à l’extérieur, Kitigan Zibi est la plus grande des dix communautés de la vallée de l’Outaouais appartenant à la nation algonquine Anishinabe. Le programme d’immersion d’une demi-journée destiné aux élèves de la première à la sixième année, mis sur pied en 1990, est la manifestation la plus visible de l’engagement envers l’enseignement de la langue algonquine. Environ vingt élèves parmi les quelque 200 élèves fréquentant l’école s’y inscrivent chaque année.  

« Au fil des ans, nous constatons que les élèves qui ont fait le programme parlent la langue couramment, souligne Anita Tenasco. Ils sont confiants et pleinement conscients de leur identité algonquine. Une fois rendus en septième année, ils réussissent très bien. Peu importe la langue dans laquelle vous apprenez la matière, vous pouvez avoir du succès. »

Anita Tenasco, directrice de l’éducation pour Kitigan Zibi (à gauche), avec la finissante Mika Tolley et Judy Cote, directrice de l’école.

Travailler ensemble pour le changement

Un groupe de recherche conjoint de l’Université et de Kitigan Zibi examine en ce moment comment le curriculum pourrait être décolonisé – ou « autochtonisé » – et travaille à l’élaboration de contenu exclusivement algonquin.  

« Nos enseignants ont initié les membres du corps professoral aux tendances les plus récentes en éducation et en recherche, aux problématiques des Premières Nations et aux stratégies pour intéresser les apprenants autochtones », explique madame Tenasco, qui a obtenu un certificat en leadership des Premières Nations de l’Université Saint-Paul à Ottawa.  

« Nous voulons à tout prix maintenir le dialogue sur la réconciliation et faire en sorte que notre culture soit vraiment présente dans nos écoles. »

Les Aînés de la nation Kitigan Zibi ont également rencontré les membres du corps professoral pour discuter du contenu d’un nouveau cours sur la perspective des Premières Nations, des Inuits et des Métis, qui sera obligatoire pour les étudiants qui entreprendront leurs études en 2016 à la Faculté d’éducation.

« Ce sont de petits pas pour répondre aux appels à l’action visant l’éducation des Premières Nations formulés par la Commission de vérité et réconciliation », selon Nicholas Ng-A-Fook. Le cours sera ajouté à la liste de cours au choix du programme de formation à l’enseignement en français à l’Université.

« L’Université et les membres du corps professoral souhaitent être guidés dans leur travail, indique Anita Tenasco. Ils veulent entendre les avis et les conseils des chefs et des enseignants des Premières Nations. Cet apport est précieux. 

« Nous ne pouvons pas travailler en vase clos. Pour apporter des changements positifs et poursuivre nos efforts concertés vers la réconciliation, nous devons travailler tous ensemble. »

Des bénéfices mutuels

Nicholas Ng-A-Fook note que le partenariat avec la communauté de Kitigan Zibi apporte beaucoup aux stagiaires. « Lors de leur stage, ils sont impressionnés par l’école et par le sentiment de fierté qui en émane. Ils sont épatés par toutes les ressources qui ont été mises en place », relate ce dernier.

C’est aussi l’avis d’Anita Tenasco : « Les stagiaires aiment vraiment leur connexion avec le peuple algonquin. Ils trouvent l’emplacement merveilleux, dans la forêt près d’un petit lac. Nous faisons de notre mieux pour leur transmettre notre culture. »

« Nos élèves adorent les stagiaires. Ils s’attachent à eux. Ce sont des visages neufs qui apportent une nouvelle énergie dans notre école. Ils amènent toujours avec eux une foule de trucs emballants pour nos élèves et nos enseignants. »  

Photo principale :
Anita Tenasco est directrice de l’éducation pour la Première Nation Kitigan Zibi depuis 2005. Photo : Andrea Campbell

 

Les membres du personnel et les étudiants de l’école Kitigan Zibi figurent ici avec Nicholas Ng-A-Fook, directeur du programme Teacher Education de l’Université d’Ottawa, et Kiera Brant, candidate à la maîtrise en éducation (première rangée, à droite). 

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