Une vedette du Fringe pour qui « ça roule » !

Nancy Kenny dans une cabine téléphonique, portant des patins à roulettes et un casque protecteur. Une de ses jambes est levée et appuyée sur le téléphone.

« Le message fondamental de la pièce, c’est d’inciter les gens à oser essayer des choses nouvelles, à être des super-héros dans leur propre vie. »

—     Nancy Kenny

Par Leah Geller

Nancy Kenny se souvient du moment précis où lui est venue l’inspiration pour Roller Derby Saved My Soul, son spectacle solo primé qu’elle présente dans les Festivals Fringe.

Se produisant régulièrement au Festival Fringe d’Ottawa depuis ses études en théâtre à l’Université, elle est tombée amoureuse de cette manifestation culturelle et des artistes qui y participent. « Ces gens créent leurs propres œuvres, sillonnent le pays, se produisent sur scène, font de l’argent et boivent de la bière », dit-elle en riant.

Après avoir vu de nombreux spectacles solos au Fringe au cours des années, elle savait qu’elle voulait en créer un elle-même. Il lui manquait toutefois une idée de départ. Puis, en 2009, alors qu’elle se trouvait dans un café, à Ottawa, la lecture d’un journal communautaire lui a appris que la ville était sur le point d’avoir sa toute première équipe de roller derby.

« J’ai su tout de suite que j’avais trouvé mon sujet », raconte-t-elle. « C’est le moment où ça a fait tilt. Le roller derby a un côté tellement théâtral. »

Nancy Kenny ne s’est pas laissé arrêter par le fait qu’elle n’avait jamais chaussé de patins à roulettes auparavant ni assisté à un match de roller derby. Elle s’est entraînée avec des équipes d’Ottawa et de Toronto, et l’histoire, dit-elle, s’est développée à partir de là. « J’allais avoir 30 ans et je me sentais un peu laissée pour compte. Ma sœur cadette, elle, était déjà mariée et avait des enfants. »

Amy, le personnage central de la pièce, vient d’avoir 30 ans. Elle vit dans un appartement de sous-sol, où elle regarde encore des reprises de Buffy contre les vampires. Elle se sent totalement incapable de suivre l’exemple de sa sœur cadette, un modèle de réussite.

« Amy est obsédée par les super-héros des comics. Elle découvre alors ce sport qui lui permet de jouer les super-héros à son tour », explique l’auteure. « C’est une histoire touchante, charmante et drôle. Mais le message fondamental de la pièce, c’est d’inciter les gens à oser essayer des choses nouvelles, à être des super-héros dans leur propre vie. »

Un prix Best in Fest

Depuis que le spectacle a été créé avec grand succès, en 2011, Nancy Kenny l’a présenté en tournée partout au pays, récoltant de nombreux prix, dont un prix Best in Fest au Festival Fringe d’Ottawa et une nomination pour le prix du meilleur spectacle solo aux Canadian Comedy Awards.

« Quand l’Association des diplômés m’a demandé de donner mon spectacle pendant la Semaine des diplômés, j’ai été très flattée. L’Université est très chère à mon cœur », dit l’artiste, qui a obtenu en 2004 son B.A. spécialisé en théâtre avec concentrations en science politique et en études canadiennes.

« Mon passage à l’Université d’Ottawa m’a aidée à me développer en tant qu’entrepreneure – ou “artrepreneure”, comme j’aime dire. Au cours de mes études ici, j’ai organisé de nombreux événements et j’ai très vite appris l’autonomie. Je ne serais certainement pas la personne que je suis devenue sans cette expérience. »

Nancy Kenny produit des spectacles depuis 2005, d’abord à titre de cofondatrice de l’Evolution Theatre, d’Ottawa, puis pour son propre compte avec sa compagnie Broken Turtle Productions. Pendant plus de 10 ans, elle a aussi travaillé en marketing et activités promotionnelles, son dernier poste étant celui de gestionnaire des médias sociaux et communautaires pour VIA Rail. « J’adore voyager, et j’aime bien la liberté et la flexibilité du travail en ligne », dit-elle.

Originaire de Bathurst, au Nouveau-Brunswick, Nancy Kenny vit maintenant à Ottawa, mais passe la plus grande partie de son temps sur la route. Tout récemment, elle tenait le rôle-titre en tournée dans le spectacle pour enfants The Little Prince. Mentionnons également sa participation à The Amorous Ambassador, avec l’Upper Canada Playhouse, et à Erasermen, un court métrage sélectionné par le Festival international du film de Toronto.

Parfaitement bilingue, elle a traduit en français et interprété la pièce Dolores, d’Edward Allan Baker, qui a remporté un prix en tant que meilleure œuvre dramatique au Festival Fringe d’Ottawa. Elle est aussi membre fondatrice des Improbables, seule ligue d’improvisation francophone de Toronto.

Nancy Kenny, in a T-shirt and wearing a backpack, chats with people standing in line to attend a fringe festival.

Photo du film On the Fringe montrant Nancy Kenny en train de distribuer des prospectus publicitaires sur son spectacle.

« C’est difficile, faire un film »

Sa plus récente entreprise est la production d’un documentaire de long métrage sur le circuit des Festivals Fringe. « Les gens répètent depuis des années qu’il faudrait faire un documentaire sur le Fringe. Il s’agit en effet d’un phénomène passionnant, bizarre et unique en son genre au pays », dit-elle.

En 2014, Nancy Kenny et deux de ses collègues ont donc parcouru le pays pendant quatre mois, pour suivre huit artistes du Fringe, dont Nancy Kenny elle-même, en tournée dans 10 villes. Maintenant à l’étape de la post-production, leur film, intitulé On the Fringe, sera projeté dans divers Festivals Fringe cet été, avant d’attaquer le circuit des festivals du documentaire.

« C’est difficile, faire un film, et ça coûte cher », dit la productrice. « Nous avons recueilli 10 000 $ grâce à Indiegogo, mais j’ai dû dépenser environ 40 000 $. Ce qui rendait notre tâche difficile, c’est que nous n’étions pas admissibles à la plupart des subventions. Par contre, nous avons obtenu une généreuse commandite de la part de Hunt Club Volkswagen, qui nous a fourni la voiture dans laquelle nous avons traversé le pays. »

Nancy Kenny est fière de son film. Elle songe maintenant à ajouter une nouvelle compétence à son CV déjà bien garni. « Je n’aurais jamais cru devenir un jour productrice de film, mais il est bien possible que je renouvelle l’expérience un jour. »

Pour l’instant, elle est ravie d’avoir présenté récemment son spectacle solo à son alma mater.

« L’Université d’Ottawa m’a donné une éducation très complète », dit-elle. « J’y ai beaucoup appris sur les aspects techniques du jeu, mais aussi sur le contexte social dans lequel s’inscrit le théâtre, sur l’influence qu’il peut avoir sur les gens et sur la manière dont l’art peut changer notre vision du monde. »

Photo principale :
Nancy Kenny a présenté son spectacle solo primé dans les Festivals Fringe partout au pays. Photo : Richard Gilmore

Young woman staples a poster reading “On the Fringe” to a wall festooned with many smaller leaflets advertising Fringe Festival shows.

Affiche de On the Fringe, documentaire de Nancy Kenny sur le circuit des Festivals Fringe, réalisé en collaboration avec Natalie Watson et Cory Thibert. Conception de l’affiche : Petr Maur

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