Une jeune femme, vêtue d’une toge noire, se tient à un podium devant une grande assemblée.
À l’occasion de la collation des grades de la Faculté de droit, Annina Trecroce, majore de la promotion de 2025, est montée sur l’estrade et a raconté son histoire avec honnêteté, humilité et sincérité.

« Je n’aurais jamais pensé raconter cette histoire, encore moins devant 800 personnes », a-t-elle dit aux diplômées et diplômés et à leurs proches.

Son message était clair : la persévérance n’a rien à voir avec la perfection. C’est démontrer sa ténacité, s’approprier son cheminement et faire preuve d’indulgence envers soi-même et les autres tout au long du parcours.

La vulnérabilité de Mme Trecroce est palpable, mais la jeune femme dégage aussi une force indéniable.

Une jeune femme, vêtue d’une toge noire, se tient à un podium. Derrière elle, de nombreuses personnes sont assises, elles aussi vêtues de toges noires avec des épitoges rouges.

« Que vas-tu faire maintenant? »

Après sa première année d’études en droit, Mme Trecroce a vécu une situation difficile qui a failli changer le cours de sa formation. « J’ai vécu une épreuve personnelle qui m’a forcée à prendre conscience qu’il faut être à l’écoute de soi pour réussir dans un programme aussi exigeant, explique-t-elle. À l’époque, je consacrais tellement d’énergie à aider d’autres personnes que je m’oubliais là-dedans. Ça a fini par me rattraper. »

Elle se souvient très bien d’où elle était quand les choses ont basculé. « J’étais assise dans un parc quand j’ai reçu l’appel. On m’a dit que je devrais faire une demande de réadmission. J’avais envie de pleurer. Je devais plaider ma cause simplement pour qu’on me laisse entrer de nouveau dans le programme. Et si j’étais réadmise, je devrais reprendre toute la première année. »

Mais même dans ce moment d’incertitude, elle n’a jamais songé à abandonner.

« Curieusement, mes questions ne commençaient pas par SI. Je voulais savoir QUAND, raconte-t-elle. Quand puis-je déposer ma demande? Quand communiquera-t-on avec moi? Quand saurais-je si ma demande a été acceptée ou non? J’étais responsable de mon propre sort et je me suis dit : “Personne ne viendra te sauver. Alors... Que vas-tu faire maintenant?” »

Aujourd’hui, trois ans plus tard, Mme Trecroce s’apprête à commencer un stage au cabinet Perley-Robertson, Hill & McDougall, où elle a déjà eu un emploi d’été comme étudiante. Même cet emploi n’a pas été facile à obtenir.

À la suite de la première entrevue, qui a eu lieu sur le campus, elle n’a pas été sélectionnée pour participer au second tour. « C’était une déception, se rappelle-t-elle.

Mais on m’a ensuite jumelée avec une associée du cabinet dans le cadre du programme de mentorat. »

La jeune femme n’a pas laissé la déception lui dicter la suite des choses. « À ce moment, je ne me suis jamais dit : “Ils ne m’ont pas choisie, alors à quoi bon?” Je savais que j’avais encore des choses à apprendre. Je voulais que ma mentore me parle de sa pratique. Après tout, c’était une associée, une femme dans le domaine juridique, une mère... Ce sont toutes des choses que j’admire. »

Mme Trecroce a pris contact avec l’associée pour l’inviter à boire un café. Plus qu’informative, la rencontre s’est révélée transformatrice. L’humilité et le dynamisme de la jeune femme ainsi que sa passion pour le plaidoyer ont laissé une impression durable. En fin de compte, elle a été invitée à se présenter une nouvelle fois en entrevue. Elle a été embauchée avec trois autres étudiantes et étudiants.

Une jeune femme, vêtue d’une toge noire et d’un mortier noir, tient un bouquet de roses blanches.

L’avocate qu’elle aspire à devenir

« Ce sont des années tellement marquantes dans une vie », confie-t-elle. « Je pense que le genre d’avocate que je veux devenir reflète la personne que je veux être. Je ne veux pas être un requin dans une salle d’audience… Ce qui m’importe davantage, c’est que mes clients ressentent qu’ils ont été pris en charge. Se sentent-ils reconnus? Ont-ils l’impression que je les comprends? »

Sa vision de la pratique juridique repose sur une défense empreinte d’empathie, ancrée dans l’humilité et un profond sens de la responsabilité sociale. « Il n’est pas secret que celles et ceux qui font bouger les choses dans le monde sont généralement ceux qui ont des privilèges et du pouvoir », dit-elle. « J’ai eu énormément de chance de pouvoir faire des études en droit. C’est un privilège. Si je peux être une voix pour ceux et celles qui n’ont pas eu les mêmes chances, ce sera une victoire. Si je suis une avocate que les gens peuvent respecter — et que je peux moi-même respecter », conclut-elle, « alors ce sera l’avocate que je veux être. »

Agir comme leader en coulisses

À titre de mentore en chef et de corédactrice en chef de la Revue de droit d’Ottawa, Mme Trecroce s’est donné pour mission d’encourager l’honnêteté, la collaboration et la sollicitude. 

« J’essaie toujours de me rappeler qu’on ne sait jamais vraiment ce que les autres vivent, explique-t-elle. Les étudiants en droit ont peut-être l’air sérieux et professionnels, mais on ne sait pas ce à quoi chacun est confronté lorsqu’il rentre à la maison. Je veux simplement que les gens sachent que ce n’est pas la fin du monde s’ils ont besoin d’un peu plus de temps... Tout le monde vit des difficultés dans un aspect ou un autre de la vie. Si on baissait un peu la garde, on verrait qu’on n’est pas seuls. »

Son approche empathique et inclusive n’est pas passée inaperçue. À la suite de son mandat en tant que corédactrice en chef, Mme Trecroce a obtenu la Bourse de leadership Campagnolo, une distinction dont elle est particulièrement fière. « C’est très précieux pour moi. Le vice-doyen Campagnolo a été un mentor fantastique et il a grandement contribué à ma réussite. »

La jeune femme s’est inspirée de cette philosophie dans toutes les fonctions qu’elle a assumées, notamment lorsqu’elle a siégé au Conseil de la Faculté parmi les multiples représentantes et représentants de la communauté étudiante et lorsqu’elle a servi de mentore à des étudiants et étudiantes plus jeunes, et de chef de l’équipe éditoriale de la Revue de droit d’Ottawa.

Regards sur le passé et sur l’avenir

Parmi les photos de son passage à la Faculté de droit que Mme Trecroce garde précieusement, il y en a une qui a été prise lors de la première journée. On y voit la jeune femme posant debout à l’extérieur du pavillon Fauteux. « Elle n’avait aucune idée de ce qui l’attendait », dit Mme Trecroce en parlant de la jeune personne qu’elle était. « Chaque fois que j’ai été mentore d’une étudiante ou d’un étudiant de première année, je me suis revue ce jour-là. »

À la question de savoir ce qu’elle dirait à cette version plus jeune d’elle-même, elle répond sans hésitation : « Tu t’es rendue jusqu’ici. Tu as réussi. Tu es là et tu mérites ta place au même titre que les autres. Tu n’as rien à prouver. »

Le discours prononcé à la collation des grades reflétait bien sa façon de voir les choses : « À la Faculté de droit, vous avez peut-être vécu une expérience qui vous a semblé être un échec, mais sachez qu’on a tous eu à surmonter des épreuves à un moment ou un autre. Si vous avez une seule leçon à tirer de mon histoire, j’aimerais que ce soit celle-ci : s’il y a un objectif qui vous tient vraiment à cœur, ne cessez jamais de faire des efforts pour l’atteindre. »

Une jeune femme se tient devant un bâtiment, avec une enseigne de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa en arrière-plan.
Right: Annina poses in front of FTX on her first day of 1L. Left: Annina in front of FTX the day before her graduation from law school.

Franchir les étapes une à la fois

À la veille de son stage, Mme Trecroce garde le cœur et l’esprit ouvert à ce que l’avenir lui réserve.

« Jusqu’à présent, chaque initiative que j’ai eue a été un tremplin vers de nouvelles possibilités, explique-t-elle. Je suis ravie de faire mon stage chez Perley-Robertson. J’ai adoré mon expérience là-bas. Quand je pense à tout ce que je vais apprendre dans les 10 prochains mois, je me dis qu’il y aura sans doute un client ou un dossier qui éveillera quelque chose en moi. Peut-être que ce sera une affaire qui me permettra de donner libre cours à ma passion pour la défense des droits. »

La jeune femme espère tout particulièrement avoir l’occasion de travailler avec les communautés autochtones à l’avenir. 

Elle envisage aussi un retour aux sources. « Je suis originaire de Sault-Sainte-Marie, une petite ville du nord de l’Ontario. Je pense que je pourrais y faire un travail remarquable : il y a pas mal de gens qui auraient besoin que quelqu’un les défende. »

Comme toujours, elle avance avec détermination, compassion et curiosité. « Je veux me laisser des portes ouvertes et voir ce qui m’attend. »