Awad Ibrahim veut concrétiser l’engagement envers l’EDI par des conversations courageuses

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Awad Ibrahim, Vice-provost, équité, diversité et excellence en matière d’inclusion, Titulaire de la Bourse professorale Air Canada sur l'antiracisme, Faculté d’éducation.
À une époque où les universités travaillent à mieux soutenir la réussite et le bien-être de communautés de plus en plus diversifiées, Awad Ibrahim insiste sur la nécessité d’avoir des « conversations courageuses » afin de faire de l’équité, de la diversité et de l’inclusion de véritables priorités à l’Université d’Ottawa.

Le nouveau vice-provost, équité, diversité et excellence en matière d’inclusion affirme que l’urgence de son mandat provient des étudiantes et étudiants qu’il croise chaque jour sur le campus. 

« La communauté étudiante nous demande des comptes, c’est elle qui nous pousse à faire ce travail », admet celui qui est entré en poste à l’été 2023.  

Toutes les universités doivent composer avec la polarisation de la société à même leur campus, et avec les fortes émotions en réaction aux conflits à l’étranger. La nécessité d’intégrer les cultures et les connaissances autochtones dans l’enseignement et la recherche fait également partie des enjeux.  

« Jusqu’à présent, il était surtout question de créer des espaces sûrs en éducation. Cependant, en matière d’équité, de diversité, d’inclusion et d’antiracisme, cela implique parfois de glisser sous le tapis les sujets difficiles. Il faut donc passer de la sûreté au courage, des espaces sûrs aux espaces courageux, des conversations sûres aux conversations courageuses. » 

Se donner les moyens de faire tomber les barrières systémiques

Awad Ibrahim souhaite mettre fin au silence sur les sujets délicats ou méconnus et aider les membres de la communauté universitaire faire preuve de courage en ayant des conversations difficiles, afin que l’on trouve collectivement des façons de faire tomber les barrières systémiques sur le campus. Le mois prochain, il accueillera l’ensemble des vice-décanats à l’équité, à la diversité et à l’inclusion de l’Université à l’occasion d’une retraite visant à aborder les défis rencontrés dans leur faculté et à discuter des pratiques exemplaires pour changer les choses.  

En ne perdant jamais de vue son objectif d’opérer un changement systémique durable, il doit créer son mandat de toutes pièces à la suite d’un processus de consultation de la communauté universitaire. 

Selon lui, le bilinguisme sur le campus offre une occasion unique de trouver des façons complémentaires d’aborder les enjeux de diversité et d’inclusion. En effet, chaque langue apporte une perspective différente sur le traitement du racisme et des différences ethniques et culturelles. 

« La particularité bilingue de l’Université et son histoire entraînent un traitement différent des enjeux, explique-t-il. La race n’est pas abordée de la même façon en anglais et en français. »  

La perspective globale d’Awad Ibrahim est influencée par son bagage universitaire multidisciplinaire qui dépasse les frontières. Élevé au Soudan par une mère infatigable, il a étudié le français et la psychologie à l’Université de Khartoum avant d’arriver au Canada en tant que jeune adulte réfugié souhaitant poursuivre ses études culturelles et curriculaires. Son parcours lui a permis de nuancer sa compréhension des cultures. Le racisme auquel il a lui-même été confronté et les rôles actifs qu’il a joués dans les mouvements progressistes au Soudan et en France ont renforcé sa volonté de lutter contre le racisme et de promouvoir l’inclusion. 

Créer ensemble un campus plus équitable, plus diversifié et plus inclusif

Awad Ibrahim continuera de sonder les gens au sujet de ses approches, mais indique que ce sont les données et les preuves qui témoigneront du succès de celles-ci. Selon lui, il faut plus que des solutions ponctuelles pour faire en sorte que l’antiracisme et l’équité, la diversité et l’inclusion deviennent la norme dans les milieux de l’enseignement et des affaires. En effet, il faut plutôt voir l’EDI comme une lunette qui nous permet de prendre conscience de ce qui nous entoure et de tracer la voie du progrès.   

S’il est conscient qu’il ne peut accomplir ce travail seul et qu’il a besoin d’un fort appui pour y arriver, il se sent tout de même à la hauteur du défi que représente son mandat. 

« Plus qu’un travail, c’est une vocation. Je crois avoir la vision, les mots et le savoir-faire nécessaires, mais j’ai surtout une obligation morale, affirme-t-il. Je ressens l’urgence de la situation. Nous sommes à un moment charnière de l’histoire. » Il invite la communauté de l’Université d’Ottawa à adhérer à sa vision d’un campus plus équitable, diversifié et inclusif et à son approche pour la concrétiser.