Construisez-le, et ils resteront : la fin de l’exode des cerveaux en biotechnologie à Ottawa

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Centre de recherche médicale de pointe
Ottawa jouit d’une excellente réputation mondiale en tant que grand centre de la recherche et de l’innovation en médecine, et pour cause. Or, si la capitale nationale ne veut pas se vider de son capital intellectuel, il lui faut maintenant davantage de laboratoires et d’investissements privés.

« Des leaders d’entreprises canadiennes me disent se demander chaque mois si l’heure n’est pas venue de déménager leurs activités aux États-Unis », affirme Dane Bedward, PDG de NeuroBot Inc. et ancien vice-président principal des affaires internationales à Genzyme Corporation.

Avec une bonne trentaine d’années d’expérience dans le secteur médical et des sciences de la santé, cet entrepreneur s’y connaît bien en commercialisation des avancées médicales. 

« Ce qui m’intéresse, ce sont les résultats, le bien-être des patientes et patients, et ce qu’on peut faire pour améliorer leur expérience », soutient-il.

C’est pourquoi il s’est joint au Conseil de promotion bénévole du Centre de recherche médicale de pointe (CRMP) de l’Université d’Ottawa.

Un nouveau berceau de l’innovation en santé

Le CRMP, le plus important investissement de l’histoire de l’Université d’Ottawa, sera officiellement mis en chantier lors d’une cérémonie spéciale le 9 mai 2024. Avec ses quelque 350 000 pcieds carrés d’espaces de recherche à la fine pointe, il réunira sous un même toit une douzaine d’installations phares ultramodernes qui n’existent nulle part ailleurs dans la région, y compris un centre d’imagerie, un laboratoire de métabolomique et une plateforme de cytométrie et de virométrie en flux.  

On y trouvera également un pôle d’innovation en santé consacré à l’entrepreneuriat et à l’innovation. Selon Dane Bedward, ces installations sont la clé pour mettre en marché la nouvelle génération de technologies et de traitements conçus ici.  

« On sait qu’on doit amener les équipes de recherche à commercialiser leur propriété intellectuelle, avance-t-il. Or, pour les aider à poursuivre leurs découvertes, on doit leur fournir l’espace et l’équipement dont elles ont besoin. Tout ça coûte très cher, et la communauté de recherche ne peut pas tout faire elle-même. »  

Jean-Simon Diallo, Ph.D., en sait quelque chose. Il est le PDG de Virica, une entreprise ottavienne de biotechnologie proposant des produits de niche aux chercheuses et chercheurs qui, dans leurs travaux, utilisent des virus pour mettre au point de nouveaux traitements pour les cancers et les maladies génétiques ainsi que de nouveaux vaccins. Ses produits aux propriétés particulières permettent d’optimiser la fabrication de médicaments, ce qui signifie des économies pour les scientifiques, les entreprises et, au bout du compte, les patientes et patients.  

Après avoir suscité l’intérêt de la communauté internationale, l’entreprise connaît une croissance fulgurante – une cadence peut-être trop rapide pour la région de la capitale nationale.  

« On a presque dû s’exiler à plusieurs reprises. C’était avant tout une question d’espace – je n’arrivais plus à trouver de laboratoires », déplore l’entrepreneur.  

À l’époque, les universités n’étaient pas aussi disposées à partager leurs installations avec les entreprises en démarrage, fait-il remarquer.  

« Ottawa a beaucoup investi dans les jeunes pousses du secteur de la haute technologie, mais on ne peut en dire autant du côté des sciences de la vie. La culture et les infrastructures en place sont mal adaptées au cycle de vie des entreprises de biotechnologie, qui nécessitent plus de temps et d’investissements en capital. On travaille donc exclusivement soit dans le milieu universitaire, soit dans celui des affaires. Il n’y a pas d’entre-deux », indique-t-il.

Dane Bedward
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« … on doit amener les équipes de recherche à commercialiser leur propriété intellectuelle […] on doit leur fournir l’espace et l’équipement dont elles ont besoin. »

Dane Bedward

— PDG de NeuroBot Inc.

Un pont entre la découverte et la mise en marché

Ce vide, le CRMP entend le combler en incubant des technologies et des traitements de prochaine génération dans le secteur de la santé. Il accueillera dès 2026 des centaines de chercheuses et chercheurs et de membres du personnel de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, des incubateurs et des accélérateurs d’entreprises ainsi que des partenaires à l’échelle régionale.

De l’avis de Jean-Simon Diallo, les partenariats qui naîtront au Centre se font attendre depuis longtemps.

« La pression est forte pour que les scientifiques comme moi se démarquent en entrepreneuriat. On doit tout savoir de la création d’entreprise – du marketing de ses produits à la gestion de ses ressources humaines, en passant par les finances et la sollicitation de fonds de démarrage. Mais en tant que scientifiques, nous n’avons jamais reçu ce type de formation. Nos études doctorales et postdoctorales ne nous préparent pas à ces choses-là », fait-il valoir.

Dane Bedward fait écho à ces propos.  

« Les universités accompagnent désormais la communauté de recherche pour les questions de propriété intellectuelle, et je crois que c’est ce qui nous permettra d’aménager l’environnement nécessaire pour contrer l’exode », signale-t-il en souriant.

Pour ce qui est des investissements, il se dit tout aussi certain que l’appétit ne fait que croître pour les biotechnologies et les technologies médicales dans la région.  

« Quand je me suis joint au Capital Angel Network (le plus important groupe d’investissement en fonds de démarrage dans la région de la capitale nationale) à mon retour des États-Unis, j’étais le seul à réellement vouloir pousser ce secteur de l’avant », relate-t-il. Il explique que bon nombre d’investisseurs de la région s’étaient habitués au rendement plus rapide des entreprises de haute technologie. Avec le CRMP, ces mêmes investisseurs peuvent aujourd’hui encourager l’incubation et l’accélération de jeunes pousses qui viendront complètement changer la donne dans les technologies de la santé.  

« La communauté des sciences médicales et de la vie à Ottawa doit elle aussi amorcer un certain virage culturel, estime Dane Bedward. On ne se vante pas suffisamment de ce qui se fait chez nous. Il y a un talent fou dans notre pays, mais bon nombre de nos inventions se font absorber avant d’être exilées au loin. »

Jean-Simon Diallo, lui, s’est refusé à emprunter cette voie. Pour tracer son chemin, il a choisi de compter sur le soutien et les installations d’organisations comme l’Université d’Ottawa, Investir Ottawa, l’Université Carleton et l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, ainsi que sur les fonds d’investisseurs tels que Dane Bedward.  

Le scientifique croit que le CRMP offrira des occasions en or à la prochaine vague d’entrepreneurs et d’entrepreneuses en biotechnologie à Ottawa.

« À défaut de pouvoir compter sur ces installations, nos entreprises quitteront assurément la région – à supposer qu’elles puissent démarrer tout court. Les Virica de demain n’auraient nulle part où aller », affirme-t-il.

Jean-Simon Diallo
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« À défaut de pouvoir compter sur ces installations [CRMP], nos entreprises quitteront assurément la région – à supposer qu’elles puissent démarrer tout court. »

Jean-Simon Diallo

— PDG DE Virica

Concrétiser le programme d’innovation en soins de santé au Canada

Le Centre de recherche médicale de pointe ne fera pas qu’accroître les capacités en recherche et en essais cliniques à l’échelle locale : il appuiera aussi le programme canadien d’innovation en soins de santé.

« La commercialisation de ces technologies indispensables permettra d’assurer la pérennité dont ce secteur a tant besoin dans notre région, déclare Sylvain Charbonneau, vice-recteur à la recherche et à l’innovation de l’Université d’Ottawa. Les générations à venir pourront ainsi profiter de la recherche que l’on aura soutenue et introduite sur les marchés internationaux. »

Pour en savoir plus sur le CRMP et découvrir comment soutenir la recherche, l’innovation en soins de santé et le bien-être des patientes et patients au Canada, communiquez avec Jonathan Bodden, directeur exécutif au développement des affaires à l’Université d’Ottawa, à l’adresse [email protected] ou au 613-614-3571. 

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