En tant qu’étudiant à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, Samuel Streicher combine son identité et sa formation universitaire pour apporter sa contribution unique à l’éthique clinique et aux soins.
Pour Samuel, qui obtiendra son M.D. en 2027, la fierté et l’authenticité sont primordiales, tant sur le plan personnel que professionnel : ces valeurs orientent la façon dont il apprend, le type de soins qu’il souhaite offrir, et les changements qu’il veut apporter au système.
« La fierté et l’authenticité renforcent notre capacité à apporter une contribution positive », affirme Samuel Streicher.

« La fierté et l’authenticité renforcent notre capacité à apporter une contribution positive. »
Samuel Streicher, M.D. 2027
— sur le rôle de son identité dans son parcours en médecine
L’éthique en action
Avant de commencer ses études en médecine, Samuel a obtenu un diplôme en bioéthique à l’Université de Rochester, avec la mention summa cum laude. Parallèlement à son programme principal en bioéthique, il a également décroché des mineures en biologie ainsi qu’en études des femmes, de la sexualité et du genre.
Dans le cadre de ses recherches de premier cycle, Samuel s’est intéressé à l’intersection de ces domaines afin d’explorer l’accès inégal au droit de refuser les traitements et mettre en lumière des injustices dans les soins des personnes en fin de vie.
« Mes travaux portaient sur l’exercice du droit de refus par des femmes ainsi que par des patientes et patients ayant un handicap, explique-t-il. Ma directrice de rechercheet moi-même avons souligné le rôle d’un concept juridique américain fréquemment utilisé, soit l’intérêt de l’État à préserver la vie, en tant que source potentielle de capacitisme. Nous avons également formulé des recommandations pour améliorer le traitement juridique de cette question. »
Ces recherches lui ont donné l’occasion de combiner la bioéthique, les politiques en matière de santé ainsi que son intérêt pour la médecine afin de défendre les droits des populations vulnérables dans le domaine médical.
« J’espère participer à l’évolution des politiques en matière de santé tout au long de mon parcours médical », déclare-t-il.
À l’Université d’Ottawa, Samuel Streicher continue d’étudier l’éthique. Pour parfaire ses connaissances, il a tracé son propre chemin dans le cadre d’un stage de préexternat sur mesure, qui lui permet d’apprendre au contact de spécialistes de l’éthique à L’Hôpital d’Ottawa (L’HO) et du Dr Saumil Dholakia, médecin, bioéthicien et professeur adjoint à la Faculté de médecine.
Selon le Dr Dholakia, un élément essentiel du mandat d’éducation en éthique de la Faculté et de L’HO est l’établissement d’un environnement d’apprentissage et d’enseignement axé sur la croissance, à l’intersection des humanités médicales, de la bioéthique et des soins de santé.
« La détermination de Samuel à acquérir des connaissances à la croisée de ces domaines et à les mettre en pratique dans un contexte réel a contribué à créer ce stage au choix, qui répond à un véritable besoin de la communauté étudiante », explique-t-il.
« Dans le cadre de ce stage, j’ai l’occasion de discuter de dossiers en temps réel avec des spécialistes de l’éthique de L’HO et, lorsque possible, de participer à des consultations avec la patientèle », renchérit Samuel. Il espère que ce stage l’aidera à transposer ses travaux antérieurs dans un contexte clinique, et souhaite même inspirer d’autres étudiantes et étudiants à faire de même.
« Grâce à son approche unique alliant collaboration et défense des droits en santé, Samuel prend part à la lutte contre les disparités systémiques au sein du système de santé », affirme le Dr Dholakia.

Des outils pour les personnes queers
Samuel Streicher met également à profit son expertise en éthique pour créer des outils pratiques destinés aux personnes qui cherchent à obtenir des soins d’affirmation de genre.
« Je travaille actuellement avec l’Association canadienne des étudiant·es 2SLGBTQIA+ en médecine (ACÉQM), plus précisément avec Jack Lawrence, étudiant au doctorat en médecine à l’Université McMaster, afin de créer une série de graphiques présentant les principales justifications bioéthiques quant au droit aux soins d’affirmation de genre », explique-t-il.
Les graphiques accompagneront une initiative de l’ACÉQM qui répertorie les établissements offrant des soins d’affirmation de genre par province. Samuel trouvait qu’on pouvait en faire encore plus pour outiller les personnes qui sont forcées d’expliquer ou de défendre leur identité.
« Ces ressources sont conçues pour aider les personnes queers à se défendre et à répondre aux attaques transphobes ou discriminatoires », poursuit-il.
« Les personnes queers qui cherchent du soutien en lien avec la transition de genre doivent souvent avoir des conversations difficiles avec les membres de leur famille et les prestataires de soins, indique Samuel. Ces personnes peuvent être forcées de se défendre et d’expliquer pourquoi leurs soins sont appropriés et importants. »
Les huit affiches présenteront les réponses à des préoccupations fréquemment soulevées concernant les soins d’affirmation de genre. Samuel mentionne par exemple que bien des gens soulèvent le risque qu’une personne regrette sa transition – un questionnement légitime.
« Sur une de nos affiches, nous présentons des données qui indiquent que le risque de regretter la transition est relativement faible, ainsi que des arguments concis qui illustrent en quoi les soins d’affirmation de genre, lorsqu’ils sont offerts à un âge adéquat, peuvent être justifiés sur le plan médical, même s’il existe un risque. »

Authenticité et sécurité
Même s’il explore toujours d’autres spécialités comme la neurologie, la gastroentérologie et les soins palliatifs, Samuel a un intérêt particulier pour l’endocrinologie, l’étude des systèmes hormonaux.
« Compte tenu de sa pertinence dans les soins d’affirmation de genre, l’endocrinologie pourrait être la spécialité tout indiquée pour moi. C’est grâce aux contributions des personnes trans – particulièrement des personnes trans de couleur – à la communauté queer que je peux vivre aussi ouvertement et librement en tant qu’homme gai aujourd’hui. J’aimerais beaucoup pouvoir contribuer au bien-être de la communauté trans en retour. »
Son objectif à long terme est d’intégrer les consultations en éthique dans son travail clinique. « Mon idéal professionnel serait de combiner la pratique clinique et l’éthique appliquée : exercer à titre d’éthicien au sein d’un hôpital tout en donnant des soins en tant que spécialiste », explique-t-il.
Peu importe le domaine, sa vision demeure la même : favoriser l’honnêteté, l’authenticité et la confiance.
Pour Samuel, il est crucial de cultiver un environnement où chaque personne se sent à l’aise d’être elle-même. C’est une leçon qu’il a apprise en regardant RuPaul’s Drag Race, une émission de télévision populaire à laquelle participent des artistes drag des quatre coins du monde.
« RuPaul dit souvent que l’art de la drag ne camoufle pas l’identité d’une personne; au contraire, elle la révèle. Je suis tout à fait d’accord. »
« En présentant des personnes qui n’ont pas peur d’explorer leur identité queer, l’émission encourage les gens à se sentir bien dans leur peau – et ça dépasse l’orientation sexuelle et l’identité de genre. L’émission célèbre les caractéristiques et les excentricités qui rendent chaque participante et chaque participant unique. Je crois qu’on peut davantage contribuer au bien-être des autres lorsqu’on se sent bien dans sa peau et qu’on peut être pleinement soi-même, en toute authenticité. »
Il en va de même pour les soins médicaux, selon Samuel.
« Pour aborder des questions délicates mais importantes, comme la santé sexuelle, la santé mentale et l’identité de genre, il faut que les personnes qui nous consultent se sentent à l’aise, dit-il. Et tout commence par la création d’espaces sûrs et accueillants. »
Soutenez la Faculté de médecine aujourd'hui !
Utilisez le champ 'Autre affectation' de notre formulaire de don en ligne pour soutenir le fonds 'Bourse d'aide aux étudiants en médecine'.