Stage tunisien: expérience professionnelle - expérience de vie

Faculté des sciences sociales
Nouvelles du terrain
Tunisie

Par Mahamoud

Stagiaire, Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux

Ribat de Monastir: forteresse tunisienne située au bord de la mer méditérannée
Ribat de Monastir: forteresse tunisienne située au bord de la mer méditérannée
Ribat de Monastir
«En douze semaines avec le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, j’ai pu voir de façon quotidienne le travail d’une organisation qui milite pour des droits fondamentaux comme la promotion des femmes dans la société ou pour contrer la dégradation de l’environnement»

Mahamoud, Développement international et mondialisation
Pays de stage terrain : Tunisie
ONG canadienne :  Alternatives
ONG locale :  Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES)

En tant qu’étudiant dans le programme de développement international et mondialisation, acquérir une expérience à l’étranger grâce au stage sur le terrain, est pour moi une opportunité incroyable. En effet cette opportunité nous permet d’acquérir de l’expérience professionnelle à l’étranger mais aussi une expérience de vie.

D’abord je dirais côté professionnel, j’ai pu voir de façon quotidienne le travail d’une organisation qui milite pour des droits fondamentaux comme la promotion des femmes dans la société ou contrer la dégradation de l’environnement. En effet, en douze semaines avec le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, j’ai pu travailler sur différents projets très sensible dans le pays, plus précisément, les licenciements abusifs des femmes dans l’industrie du textile et la crise migratoire - qui représente un gros problème pour la Tunisie. Ces deux thèmes sont très disputés par de nombreuses organisations locales et notamment par la population dans la région de Monastir, car cette région regroupe, premièrement la majorité des industries du textile tunisien et, deuxièmement, elle est située géographiquement sur le littoral tunisien et à trois heures en bateau de l’Italie.

Lors de ma première semaine, j’ai assisté au Congrès des mouvements sociaux organisé par mon organisation locale et ce congrès traitait de ces deux thèmes. Lors de cet événement il y avait de nombreux intervenants : des représentants de certaines ONG locales, les médias tunisiens, des femmes qui ont subi des licenciements abusifs dans l’industrie du textile, des femmes qui ont perdu leurs enfants à cause de la migration maritime pour n’en citer que quelques-uns.   J’ai pu comprendre comment la migration et les licenciements de ces femmes pouvaient affecter grandement les familles de cette région et comment ces organisations locales s’en sortaient pour les aidés. Au fur et à mesure des semaines j’ai pu travailler sur ces deux thèmes en profondeur en effectuant des recherches précises et notamment en créant des questionnaires sur ces sujets-là.

Par la même occasion j’ai pu aussi visiter ce pays resplendissant par sa culture et par ses paysages uniques. J’ai été agréablement surpris par la beauté de ses dernières et aussi par sa météo où pendant l’hiver la population porte un manteau comme au Canada. D’ailleurs dans cette population tunisienne accueillante et ouverte d’esprit, j’ai pu remarquer une différence entre les Tunisiens jeunes et plus âgés.  La population plus jeune parle de moins en moins français par rapport à la population plus âgée. Cela est peut-être dû au fait que dans le système d’éducation tunisien la langue française est de moins en moins inclut. En tous cas, mon expérience s’est révélée très enrichissante dans ce pays.

Lors de ma septième semaine, le président tunisien a tenu des propos envers les migrants illégaux qualifiés "haineux, raciste et choquant" par mon organisme FTDES. Cette déclaration a provoqué des réactions assez fortes de la part de la population tunisienne et surtout de la part des migrants légaux, illégaux et même des étudiants étrangers en Tunisie. Beaucoup d'entre eux ont subi de la discrimination par la police ou bien même par certains tunisiens.  D'autres se sont fait expulsés de leur maison, certains se sont retrouver au chômage et même que plusieurs étudiants noirs dans tout le pays ont refuser de sortir de chez eux par peur pour leur sécurité.

Personnellement, cette semaine-là, j'ai pu remarquer que lorsque je marchais dans la rue, beaucoup de regards se dirigeait vers moi comme si j'attirais l'attention et je me suis dit que c'était sûrement dû à ma couleur de peau. J'ai même pensé que cette population que je considérais ouverte d'esprit était en train d'avoir une pensée illogique qui est : qu’une personne noire est sûrement un migrant illégale". Mais heureusement la situation dans le pays a commencé à se calmer. 

J’ai aussi suivi pour ma sécurité des instructions de mon organisation, SOS international et l’Université d’Ottawa, dont les contacts nous ont été donné pendant les formations pré stage. Cette période qui a fortement affecté la vie sociale dans le pays m’a motivé à travailler davantage avec mon organisation locale sur le thème de la migration. En effet j’ai eu l’occasion d’interviewé huit intervenants dont six migrants illégaux en Tunisie sur la situation et sur leurs parcours pour arriver jusqu’en Tunisie. Certains de leurs témoignages sont très surprenant à entendre et on se rend compte rapidement de la chance que nous pouvons avoir par rapport à certains dans le monde. J’ai notamment eu l’occasion de filmer le témoignage d’un intervenant sur son parcours hostile.

Finalement, j’aimerais vraiment remercier l’Université d’Ottawa, l’organisation Alternatives et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux pour cette expérience enrichissante et inoubliable. Elle m’a beaucoup appris tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. J’espère aussi revoir un jour mes collègues et les personnes formidable que j’ai pu rencontrer là-bas. 

En tous cas ce n’est qu’un aurevoir. Aslama!