Prêts pour la prochaine tornade?

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Des chercheurs du laboratoire d’étude des vents de l’Université d’Ottawa.
Des chercheurs du laboratoire d’étude des vents de l’Université d’Ottawa. De gauche à droite : Elena Dragomirescu, Charly Massaad et Zhe Xiao.
Avant l’an 2000, la région de la capitale nationale n’a vécu que trois tornades. Depuis, il y en a eu 15.

Pour qu’une propriété puisse affronter une tornade, il faut que les grands objets fixés au toit, comme les panneaux solaires et les appareils de climatisation, soient solidement arrimés, de manière à ne pas s’envoler en emportant une partie du toit, causant des blessures aux passants et des dommages importants aux bâtiments voisins.

À l’heure actuelle, on ne connaît pas la résistance aux tornades des objets installés sur les toits. Elena Dragomirescu, professeure agrégée à la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa, s’emploie à combler cette lacune.

« Il n’existe pas suffisamment de données à propos des tempêtes survenues à Ottawa », explique-t-elle. « Pour nous préparer, il nous faut ces données fondamentales. »

Au moyen d’une soufflerie de trois mètres, l’équipe de recherche teste la résistance de différents panneaux solaires et appareils d’air conditionné pour déterminer lesquels résisteront à des vents pouvant atteindre 290 km/h.

« Il faut savoir à quelle force ces dispositifs peuvent résister avant de commencer à se disloquer », explique la professeure Dragomirescu.

Les résultats pourront être annexés au code du bâtiment de la Ville d’Ottawa, dont la mise à jour est prévue pour 2020. Les propriétaires et les promoteurs immobiliers sauront ainsi quels panneaux solaires et quels appareils à air conditionné installer sur les toits.

Arrimage des toits

Mais le danger ne vient pas seulement des objets fixés aux toits. Il vient aussi des toits proprement dits : des vents puissants peuvent les arracher et causer des dégâts considérables.

Mais il existe une solution. Selon Elena Dragomirescu, des systèmes antitornade (constitués de différents types de connecteurs en acier) fixés aux éléments de structure permettraient de garder le toit bien arrimé au reste du bâtiment. Malheureusement, dans le code du bâtiment, les systèmes antitornade ne sont pas obligatoires pour les bâtiments de la région d’Ottawa, parce que le risque de tornade y est encore considéré comme faible. La professeure estime que cela doit changer.

« Nos bâtiments sont des châteaux de cartes; il faut les solidifier », soutient-elle. « On ne peut pas installer les connecteurs dans les bâtiments construits, parce que la plupart des éléments de structure y sont inaccessibles. C’est pourquoi il faut modifier rapidement les normes de construction. »

Même si les systèmes antitornade ne sont pas obligatoires, les promoteurs immobiliers pourraient demander qu’ils soient installés au moment de la construction. Pour une maison, le système coûterait de 400 $ à 600 $.

En plus de préconiser les modifications au code du bâtiment, Elena Dragomirescu veut sensibiliser le public en matière de sécurité. En collaboration avec des collègues de génie mécanique et de science informatique, elle compte mettre au point une application mobile qui expliquera que faire avant, pendant et après une tornade. Le plus important, pendant une tornade, est de se réfugier dans un sous-sol et de s’éloigner des fenêtres.

« Il n’y a eu aucun décès lors des tornades de l’an dernier parce que tout le monde a bien réagi », explique-t-elle. « C’est formidable!

Chris Kinsley

Un professeur de l’Université d’Ottawa fabrique un engrais à partir d’une ressource renouvelable

Le phosphore contenu dans les eaux de ruissellement des terres agricoles s’infiltre dans les cours d’eau. Une teneur élevée en phosphore favorise la prolifération d’algues bleu-vert, toxiques. Lorsque les toxines sécrétées par ces algues contaminent l’eau potable, elles peuvent provoquer des maladies et des dommages au foie et aux reins.

La déphosphatation des rejets agricoles et des eaux pluviales urbaines est difficile, en raison de la multitude des sources à l’échelle du bassin versant. Chris Kinsley, professeur adjoint à la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa, a mis au point des filtres passifs qui permettent d’extraire le phosphore.

Ces filtres réutilisables, en cours de développement, seraient trempés dans un acide faible afin de libérer le phosphore. Une fois déshydraté, le phosphore pourrait être réutilisé comme engrais.

Chris Kinsley croit que ses recherches sont critiques, parce que le phosphore est une ressource qui se fait rare. La plus grande partie du phosphore utilisé en agriculture est de source minière. Or, d’ici 20 ou 30 ans, une grande partie des ressources connues de phosphore minéral seront épuisées.

« Le meilleur moment pour faire ces recherches, c’est maintenant », affirme Chris Kinsley. « Il ne reste plus beaucoup de temps pour trouver des solutions de remplacement. »

Cet article a été publié, en version originale anglaise, dans l'Ottawa Business Journal.