Marta Keller

par-delà les traumatismes, la résilience

Marta Keller
Lorsque Marta Keller se remémore ses années d’études en droit, elle se souvient avoir pensé qu’elle n’était pas être à la hauteur ou à sa place, qu’elle était moins intelligente que tout le monde. Chez cette diplômée (J.D. 2009) de l’Université d’Ottawa, une conception erronée du rôle de juriste se superpose alors à ce syndrome de l’imposteur.

« Ma propre humanité me semblait déplacée », confie-t-elle, évoquant le narratif prédominant dans la profession juridique, selon lequel la loi est impartiale et que le rôle des juristes est d’observer les faits et de les analyser pour parvenir à une conclusion. « En réalité, les avocates et avocats sont des êtres humains qui tentent de résoudre les problèmes d’autres êtres humains. Bien sûr qu’il faut maintenir une certaine objectivité, mais nous sommes des êtres émotifs et pensants. Si nous ignorons cet aspect de nous-mêmes, les problèmes ne tardent pas à arriver. » 

Ces sentiments partagés d’anxiété et de conflit d’appartenance suivront l’avocate jusque sur le marché du travail, où elle connaîtra toutefois une nouvelle émotion : l’excitation d’avoir trouvé l’emploi de ses rêves.  

Considérant qu’il manque d’interactions humaines dans la discipline qu’elle a initialement choisie, le droit environnemental, elle se joint à la fonction publique fédérale en tant que conseillère juridique dans le cadre du processus de règlement relatif aux pensionnats indiens.  

Elle a enfin trouvé sa place! Parcourant le pays à la rencontre de personnes autochtones qui ont été arrachées à leur famille et à leur communauté, elle collabore avec les survivantes et survivants et les juristes qui les défendent. L’avocate se prend de passion pour son travail, heureuse d’aider à améliorer le sort de ces personnes.  

Cependant, les récits des ex-pensionnaires finissent par éroder sa santé mentale. Elle sent l’armure professionnelle qu’elle a si soigneusement construite se fissurer sous l’émotion brute des audiences. « J’en étais arrivée au point où je n’arrivais plus à travailler, se rappelle-t-elle. À ma dernière semaine d’audiences, je me réfugiais dans ma voiture pour pleurer. » 

On lui diagnostique un stress traumatique secondaire, résultat des innombrables témoignages qu’elle a entendus. Avec le recul, elle déplore le manque de soutien en santé mentale offert aux juristes, et le manque de formation sur la prise en compte des traumatismes. 

« Le droit nous met forcément en contact avec des personnes qui ont subi des traumatismes. Pour travailler efficacement avec ces gens et être en mesure de résoudre leurs problèmes, il est essentiel de reconnaître ces traumatismes et leurs répercussions. » 

Un modèle à suivre pour les avocates et avocats en exercice et en devenir 

Dans son parcours de guérison et de recherche du bien-être mental, il y a deux leçons que l’avocate aurait aimé apprendre plus tôt. La première a trait aux traumatismes et aux approches juridiques qui prennent en compte ces traumatismes, un mouvement qui gagne de l’ampleur au sein de la profession. Et puis elle aurait aimé qu’on l’aide à élargir ses perspectives personnelles et professionnelles. 

Voilà pourquoi elle a contribué à un nouveau livre intitulé Women in Law, un recueil d’essais relatant les expériences de 23 avocates qui ont emprunté des parcours variés, tant dans le domaine juridique qu’en dehors de celui-ci.  

Martha Keller a également commencé à offrir de l’accompagnement psychologique à ses consœurs et confrères ainsi qu’aux chefs d’entreprise, les aidant à trouver leur propre définition de la réussite, à surmonter leurs problèmes de santé mentale et à mieux comprendre la mécanique du stress qui s’opère dans leur corps et leur système nerveux. 

Ses services d’accompagnement ont également pour objectif de renforcer leur résilience. « Pour moi, la finalité de la résilience n’est pas de reprendre sa vie au même point, parce que ça voudrait dire qu’on reste essentiellement la même personne qu’avant, explique-t-elle. À mon sens, la résilience consiste plutôt à accroître notre capacité à faire face à l’adversité […] et à éprouver du plaisir. » 

En plus de ce rôle d’accompagnatrice, Marta Keller aspire également à être un modèle pour les étudiantes et étudiants de l’Université d’Ottawa. Voici d’ailleurs un conseil qu’elle aurait bien aimé recevoir pendant ses études : « La vie est parfois cruelle. Il faut se faire aider et plus on obtient de l’aide, plus vite on atteint son plein potentiel. Et si on doit changer de direction pour y arriver, il ne faut pas hésiter à le faire! »  

Le parcours et la recherche d’équilibre de Marta Keller illustrent parfaitement son propos.  

Ressources 

Unies dans la promotion de la santé mentale, l’Université d’Ottawa et l’Association des diplômés ont mis en chantier nombre d’initiatives pour voir au mieux-être de leur communauté. Vousavez besoin d’aide, mais ne savez pas où commencer? Les liens ci-dessous vous dirigeront vers des ressources qui pourraient vous être utiles. 

Ressources pour la communauté universitaire sur le campus et en ligne 

Ressources pour la communauté diplômée 

Donner

Faire un don pour appuyer les initiatives en matière de santé mentale à l’Université d’Ottawa.
Devenir un donateur