Élodie Marcotte, propriétaire de La Marcotterie, tient un bloc de son savon artisanal précoupé. 
Élodie Marcotte, propriétaire de La Marcotterie, tient un bloc de son savon artisanal précoupé. 
Qu’il s’agisse de traiter son propre eczéma en testant différentes recettes de savons botaniques ou de gérer une petite entreprise artisanale de produits de beauté à Chelsea, au Québec, la diplômée Élodie Marcotte (B.Sc.A. – génie civil 2014) aime inventer de nouvelles formules, pour les savons comme pour sa vie. Et elle est loin d’avoir fini! 

Cette mère de deux enfants de Chelsea, au Québec, a commencé à créer des savons par passion. Aujourd’hui, son entreprise, La Marcotterie, a pris de l’ampleur et comprend toute une gamme de savons et de produits de beauté naturels. Adolescente passionnée de sciences, elle se destinait à une carrière en génie. Même si son parcours l’a menée ailleurs, elle continue d’utiliser les connaissances acquises dans ses cours de chimie pour trouver de nouveaux composés naturels pour ses savons.

Élodie a obtenu son diplôme en génie civil de l’Université d’Ottawa en 2014. 
Élodie a obtenu son diplôme en génie civil de l’Université d’Ottawa en 2014. 

Un choix naturel 

Après avoir pratiqué le ski de bosses en compétition pendant toute son enfance et son adolescence, elle souhaitait concevoir une paire de skis adaptée à ce sport pendant ses études. C’est pourquoi son choix s’était initialement porté sur le génie mécanique. Après un an dans le programme, Élodie a réalisé qu’elle avait plus de chances d’apprendre à concevoir et à assembler des moteurs et des voitures que de fabriquer des skis. « Je ne me reconnaissais pas vraiment là-dedans. J’ai donc opté pour le génie civil. »
 

Malgré le changement de programme, elle a adoré ses années d’université. « J’aimais être étudiante, j’aimais étudier. C’était intense, mais j’aimais ça. J’avais l’impression d’être au bon endroit, au bon moment. »
 

Élodie a rencontré son mari à l’Université. Ils étaient dans le même programme et passaient beaucoup de temps à étudier ensemble. Aujourd’hui pilote pour Air Canada, son mari s’est également éloigné du génie civil après ses études.

Le changement 

Ce qui n’était au départ qu’un projet à temps perdu pour Élodie (qui, de son propre aveu, adore les projets) s’est transformé en une petite entreprise florissante pendant la pandémie. Elle a donc décidé de se consacrer à temps plein à son entreprise de produits de beauté artisanaux.
 

« Je me suis dit que c’était une occasion vraiment spéciale qui ne se présente pas souvent dans une vie, et j’ai décidé de foncer. »

Pendant de nombreuses années, le bureau d’Élodie était une table pliante dans son sous-sol. 
Pendant de nombreuses années, le bureau d’Élodie était une table pliante dans son sous-sol. 

À ce moment, elle travaillait encore sur une table pliante dans son sous-sol. Même si elle connaissait le chemin à suivre, elle avait ses craintes.
 

Oui, elle avait commencé dans son sous-sol les soirs et les fins de semaine; à l’aide de ses vieilles notes de cours, elle mélangeait des composés chimiques ayant peu à voir avec la lavande, la menthe poivrée, l’eucalyptus et autres ingrédients classiques.


Oui, elle avait connu cinq bonnes années en génie civil, ce qui l’avait aidée à bâtir sa réputation et à se faire un bas de laine.

Et oui, son entreprise avait connu une croissance phénoménale en 2021; lorsque la pandémie a frappé, les commandes sont passées de 10 à 15 par semaine à une centaine par jour.
 

Mais malgré tout, l’incertitude persistait. Elle s’est alors tournée vers ses parents pour leur demander des conseils et obtenir leur approbation, et leur a fait part de ses inquiétudes : « N’importe qui peut fabriquer du savon. Mais mon métier d’ingénieure, c’est autre chose; j’ai fait des études universitaires et j’ai travaillé très fort pour y arriver. »
 

Le père d’Élodie lui a raconté l’histoire rassurante et inspirante d’un ami qui possédait une entreprise fabriquant les ressorts des stylos. « Il m’a dit que son ami était millionnaire, qu’il était un homme d’affaires. Ce n’est pas le produit qui compte, c’est ce que l’on fait de l’entreprise. »

Émue, Élodie explique que ce moment touchant lui a donné le courage de quitter son emploi et de se lancer en affaires. Aujourd’hui, elle gère son entreprise à partir d’un espace ventilé dans son sous-sol, emploie deux personnes et vend ses produits en ligne et dans de nombreux points de vente au Canada et aux États-Unis.

Inspirée par sa mère 

L’amour de sa mère pour les savons a grandement inspiré Élodie. Elle raconte que lorsqu’elle était petite, sa mère ramenait des savons artisanaux de ses voyages, puis rangeait soigneusement les savonnettes colorées dans des tiroirs, un peu partout dans la maison.

Élodie a nommé son savon « Inspiration » – un mélange d’huiles essentielles de bouleau doux et de bois de hô avec de l’argile violette brésilienne – en l’honneur de sa mère, sa muse et source constante d’encouragements. 
Élodie a nommé son savon « Inspiration » – un mélange d’huiles essentielles de bouleau doux et de bois de hô avec de l’argile violette brésilienne – en l’honneur de sa mère, sa muse et source constante d’encouragements. 

Même à l’âge adulte, Élodie pouvait compter sur sa mère pour venir l’aider à déballer ses affaires après un déménagement, munie de savons pour les tiroirs. « Elle est ma principale source d’inspiration lorsque je crée des parfums pour mes savons. Je m’assure toujours qu’elle les aime », explique Élodie. Elle ajoute : « Elle dit toujours que lorsqu’elle les utilise dans la douche, c’est un petit moment juste pour elle. »

Le sentiment de se faire envelopper par des parfums réconfortants – c’est ce qu’Élodie souhaite faire vivre à sa clientèle.

De sages conseils 

Élodie a dû apprendre à réserver des moments pour prendre soin d’elle-même. Le fait d’être sa propre patronne vient à la fois avec de la flexibilité et des responsabilités. Ses heures de travail atypiques fluctuent en fonction de son quotidien. Au fil des ans, elle a appris qu’elle devait se traiter comme une employée et définir des limites précises entre le travail et la vie personnelle. Les deux se mélangent facilement.
 

« C’est gratifiant d’avoir un bon mois, de recevoir un avis positif en ligne ou de sentir qu’on a véritablement aidé quelqu’un par son travail. Ce n’est pas seulement grâce à moi, mais à ce que j’ai construit avec mon entreprise. C’est un sentiment vraiment agréable. »


Toutefois, comme le savent les propriétaires de petite entreprise, les revenus sont variables. « Certaines années sont bien meilleures que d’autres. C’est difficile d’arrêter de penser à l’entreprise, parce qu’on peut toujours en faire plus. »
 

Sa stratégie pour être présente auprès de ses enfants : désactiver toutes les notifications de son téléphone.

 L’atelier d’Élodie est situé dans une pièce ventilée au sous-sol de sa maison. 
L’atelier d’Élodie est situé dans une pièce ventilée au sous-sol de sa maison. 

« Avant, je recevais des notifications sonores, dont un son de caisse enregistreuse lorsque je concluais une vente. Puis, j’ai remarqué que quand j’entendais souvent ce son dans la journée, j’étais vraiment heureuse, mais si ce n’était pas le cas, j’étais de mauvaise humeur avec ma famille. »
 

C’est pourquoi elle a tout supprimé de son téléphone. « Pas de courriels professionnels, rien du tout. »

L’aspect commercial du savon 

« On peut apprendre à fabriquer des produits, mais si on ne s’y connaît pas en affaires, ça finit par nous rattraper. Ç’a été mon cas », explique Élodie.
 

Pendant longtemps, les produits se sont vendus d’eux-mêmes. Toutefois, avec la fin de la pandémie, le retour à la vie normale et le ralentissement de l’économie, Élodie a connu une année difficile. Elle a donc décidé de suivre un cours de commerce en ligne pour acquérir les connaissances et l’expérience dont elle avait besoin.

« J’ai l’impression d’avoir appris comment être entrepreneure, plutôt que de simplement fabriquer des produits; ça m’a donné confiance en moi », dit-elle. C’est ce dont elle avait besoin pour reprendre confiance après la baisse des ventes qui a suivi la pandémie. 

Être sur son X : conseils pour les personnes nouvellement diplômées 

Élodie explique qu’elle ne sait pas si c’est parce qu’elle a eu des enfants ou qu’elle a franchi le cap de la trentaine, mais elle a changé de mentalité : « En début de parcours, on ne pense qu’à finir l’école et à se lancer sur le marché du travail. Mais, plus tard, on s’arrête et on se demande “Est-ce que c’est vraiment ce que je veux?”. Je crois que c’est important de s’écouter et d’avoir des objectifs qui correspondent à nos valeurs. » 
 

Précisant qu’elle n’a rien contre le fait d’être salariée et qu’elle retournera peut-être un jour à ses premières amours, en génie, elle ajoute : « Mais si vous sentez un manque d’alignement dans votre vie, que vous n’êtes pas sur votre X, vous pouvez faire une pause, réfléchir et prendre une décision délibérée. »