Depuis 2023, Kaly habite à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où elle est gestionnaire de projets à Omega Sports Holding, une société d’investissement privée qui se consacre à la croissance du sport sur le continent africain. Omega aide les équipes à poursuivre leur développement professionnel, à trouver des commanditaires, à concevoir des produits dérivés et à mettre en place l’infrastructure nécessaire pour les compétitions de haut niveau.
« En Afrique, 60 % de la population a moins de 25 ans. D’ici 2030, le continent sera un vivier de talents et un haut lieu pour les supporters qui cherchent à investir dans les sports, explique-t-elle. Nous essayons de créer un environnement [en Afrique] qui incitera les athlètes à rester ou à revenir. »

Avancer, sur le terrain des Gee-Gees comme dans la vie
Le parcours de Kaly s’inscrit d’ailleurs dans ce thème du retour à la maison, avec un premier arrêt à l’Université d’Ottawa. Elle a grandi à Vancouver, dans une famille canado-ivoirienne, entourée par la richesse de la culture ouest-africaine. Elle accompagnait son père, qui fait de la musique traditionnelle d’Afrique de l’Ouest, dans ses tournées en Europe et dans les Amériques, et chantait et dansait à ses côtés.
Arrivée à Ottawa à l’âge de 14 ans, Kaly a rapidement réalisé que son expérience en danse pouvait s’appliquer au sport, en particulier au volleyball. « La danse m’a appris à imiter les mouvements, à contrôler mon corps et à faire plein de choses utiles dans le sport », explique-t-elle en riant, confiant qu’il existe probablement une vidéo des échauffements de danse qu’elle faisait avant les matchs.
Des responsables du recrutement en volleyball universitaire de partout en Amérique du Nord ont remarqué son talent. Mais Kaly indique que l’Université d’Ottawa s’est démarquée en raison de son enseignement bilingue et du style de volleyball des Gee-Gees. « Le jeu était rapide et fougueux, et l’équipe comptait peu de joueuses, ce qui garantissait plus de temps de jeu, explique-t-elle. L’équipe était aussi diversifiée. Je suis africaine et canadienne, et j’ai vu que la culture noire avait sa place sur le campus. »
Pendant ses cinq années d’études à l’Université d’Ottawa, et jusqu’à ce qu’elle déménage en Côte d’Ivoire en 2023, Kaly ne vivait que pour les Gee-Gees. En tant qu’étudiante athlète, elle a été sélectionnée dans l’équipe d’étoiles des recrues des Sports universitaires de l’Ontario pendant sa première année, et a été capitaine de l’équipe de volleyball féminin lors de sa dernière saison.
Après avoir obtenu son diplôme, elle est restée proche de l’action à titre de coordonnatrice de la haute performance pour les équipes de l’Université d’Ottawa, ce qui lui a permis d’acquérir des compétences clés en administration sportive. « Cette expérience m’a vraiment ouvert les yeux sur les différents emplois dans le monde du sport et sur les besoins dans toutes les disciplines. »
Elle est ensuite devenue entraîneuse adjointe de l’équipe de volleyball féminin et a même essayé l’enseignement en donnant un cours en sciences de l’activité physique axé sur le développement sportif dans le volleyball. En 2020, elle a cofondé le Conseil de défense des étudiantes et étudiants athlètes noirs (CDEAN), une plateforme qui permet aux étudiantes et étudiants athlètes noirs ainsi qu’aux personnes alliées de promouvoir la lutte contre le racisme sur les campus et l’équité dans le sport. Parmi les réalisations du CDEAN, mentionnons l’organisation du Gala annuel de l’excellence noire et le lancement de la bourse CDEAN des Gee-Gees, qui est maintenant officiellement dotée.

Suivre ses propres conseils
Son travail auprès du CDEAN lui a inspiré son saut professionnel et personnel en Côte d’Ivoire.
« Par l’entremise du CDEAN, j’encourageais les jeunes à poursuivre leurs rêves. J’ai donc décidé de suivre mes propres conseils, confie-t-elle. À travers le sport, la danse et tout ce qui se rapportait au mouvement Black Lives Matter, j’ai réalisé que 2020 m’appelait à rentrer à la maison. J’avais vécu toute ma vie en incarnant mes racines traditionnelles de l’Afrique de l’Ouest, sans jamais habiter dans mon pays d’origine. »
Elle suivait aussi la présence croissante de la National Basketball Association en Afrique. Ce sport – avec sa relation à la culture, ses athlètes au style reconnaissable et son jeu intime – l’a toujours intéressée.
Après avoir participé à des événements de réseautage et des conférences en ligne, Kaly a découvert Omega Sports Holding et a été la première employée à être embauchée par l’entreprise en octobre 2023. Aujourd’hui, elle travaille en étroite collaboration avec les équipes phares d’Omega, l’Abidjan Basketball Club et le Racing Club d’Abidjan, gérant les opérations quotidiennes et aidant à coordonner leurs programmes de développement pour les femmes et les jeunes.

Elle a fait partie du comité d’organisation de l’édition 2025 du tournoi Road to BAL Elite 16 de la Fédération Internationale de Basketball et a assisté à l’un des plus grands événements intercontinentaux de soccer en Afrique, la Coupe d’Afrique des Nations, organisée (et remportée) par la Côte d’Ivoire. « J’avais l’impression d’assister à un match Panda, mais pendant tout un mois », dit-elle à la blague.
D’un point de vue personnel, son déménagement en Côte d’Ivoire a été tout aussi enrichissant. Au milieu de ces grands changements de vie et de son avancement professionnel, Kaly dit avoir découvert sa propre résilience et développé un plus grand respect pour elle-même. Elle trouve même le temps de jouer au volleyball avec une équipe locale.
Kaly voit ainsi son avenir avec Omega : « Nous essayons vraiment de construire [un écosystème sportif] authentique pour l’Afrique et les pays dans lesquels nous travaillons, de sorte que quand l’Afrique se retrouve sur la scène mondiale, le fossé entre nos méthodes d’organisation du sport ne soit pas aussi grand. Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie, mais c’est extrêmement gratifiant et j’apprends tous les jours. »