Pascale Marceau : gérer les risques en expédition comme en industrie

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Pascale Marceau tire un traineau d’équipement sur la neige
Elle aime le froid polaire, « les vastes espaces où il n’y a pas de réponses, pas de trajets, pas de sentiers » et le risque… calculé. Mais à l’épithète « courageuse », l’exploratrice, alpiniste et consultante en gestion de risques Pascale Marceau (B.Sc.A. Génie chimique, 1999) préfère celles de « curieuse » et « tenace ».

Lors de sa plus récente expédition de sept semaines dans le Grand Nord canadien, la Franco-Ontarienne originaire de Sudbury et vivant aujourd’hui à Canmore, en Alberta, a dû faire face à des conditions exigeantes : la glace était accidentée, rugueuse, et Pascale et son coéquipier n’avançaient pas à la vitesse prévue. Fallait-il rebrousser chemin? « Nous avons décidé de continuer, d’y aller un pas à la fois et tranquillement, nous avons fait du progrès, retrouvé une aisance, une synchronicité avec la nature, et repris confiance. C’est exactement comme dans la vie : une fois que nous avons accepté la situation, que nous nous sommes adaptés, notre perspective a changé et nous avons pu nous émerveiller malgré les conditions difficiles. »  

« Les gens me demandent souvent : “Pourquoi cherches-tu à souffrir? Pourquoi fais-tu des expéditions aussi risquées?” », raconte en riant l’aventurière qui a réalisé la première ascension entièrement féminine du mont Lucania (troisième plus haute montagne du Canada) et la première ascension hivernale féminine d’un grand sommet de la région subarctique, le mont Wood, au Yukon. « Dans nos sociétés modernes, on résiste beaucoup à l’inconfort. » Pourtant, selon elle, faire face à l’inconnu en pleine nature est une façon de se reconnecter à l’environnement, à son corps et à ses émotions.   

Visage souriant de Pascale Marceau entouré d’un capuchon glacé par le froid.
Pascale Marceau, exploratrice, alpiniste et consultante

Changer la culture dans les industries à hauts risques

Ces leçons de vie, elle les transmet aux travailleurs de première ligne des industries nucléaires, chimiques, minières ou des sables bitumineux, où les risques sont extrêmement élevés. « J’essaie de changer la culture de ces milieux souvent majoritairement masculins où il est difficile d’exprimer ses doutes et ses craintes. Mais faire confiance à son instinct est très important pour éviter les accidents. Avec l’expérience, on apprend à écouter sa petite voix et celle de ses partenaires », souligne-t-elle. Cette approche a porté fruit : les entreprises qui ont bénéficié de ces services ont amélioré leurs statistiques en matière de santé-sécurité et d’opérations. « Sur le plan de la gestion du risque, l’expérience en expédition et en industrie est très semblable. »  

Se donner la chance de rêver

C’est pendant son bac en génie chimique à l’Université d’Ottawa que Pascale Marceau a commencé à pratiquer la randonnée hivernale en montagne avec des camarades de classe. Une passion qui l’a menée de la Bolivie, au Pérou en passant par l’Alaska, le Népal, le Groenland et le Grand Nord canadien, et qui a finalement eu raison de sa vie « conforme aux normes ». En effet, après une carrière stimulante au sein de l’entreprise Plasco, où elle s’est consacrée à la création d’un processus de transformation des déchets en énergie – une première mondiale – , elle s’est composé une vie plus flexible, qui lui permet d’alterner entre contrats en gestion de risques et aventures palpitantes. Elle relate d’ailleurs ses expéditions sur son site Web, et a été la vedette d’un épisode de l’émission 180, diffusée à TVA.  

Deux explorateurs tirant leurs traineaux devant une falaise de glace.
Pascale Marceau au Groenland, en 2022.

« J’ai adoré mes études à l’Université d’Ottawa et mes stages coop, grâce auxquels j’ai pu découvrir différents milieux », raconte celle qui est toujours en contact avec sa « petite famille » du programme francophone de génie chimique. Pascale Marceau se considère également chanceuse d’avoir pu retourner sur le campus par la suite pour donner un cours crucial destiné aux élèves de quatrième année. Aux jeunes, elle conseille de prendre le temps de rêver aux projets qui leur tiennent à cœur et de ne pas attendre d’être parfaitement prêts avant de se lancer. « Notre capacité d’adaptation est énorme!, insiste-t-elle. C’est en repoussant nos limites qu’on apprend. Redoubler d’efforts et faire face aux nouvelles situations en vaut toujours la peine. » Le meilleur exemple? Sa prochaine aventure prévue en 2025 : un périple de cinq ans dans le Nord avec son conjoint, l’explorateur américain Lonnie Dupre, à bord d’un… voilier. Pascale Marceau s’esclaffe. « Et je n’ai jamais fait une heure de voile de ma vie! ». D’ici là, Pascale retourne au monde de la verticale pour deux projets en montagne, en Alaska.  En mars, elle fera l’ascension hivernale du pic East Kahiltna qui n'a jamais été gravi en hiver, et ensuite une ascension du mont Denali en mai.