Écrivain en résidence au Département de français. Entre Nancy Huston et Kevin Lambert : le roman comme mise en scène des savoirs disciplinaires. Intervention de François Paré au Colloque jeunes chercheuses et chercheurs. 1er mars 2024. 8h30 à 9h30. Hamelin MHN509. Photo de François Paré.

Entre Nancy Huston et Kevin Lambert : le roman comme mise en scène des savoirs disciplinaires

Résumé

La conférence proposée aura pour objectif d’interroger le recours aux savoirs disciplinaires, une notion empruntée au domaine de l’éducation, dans l’écriture romanesque actuelle. Deux œuvres serviront de matière à notre réflexion. Il s’agira d’abord du roman Dolce Agonia (2001) de l’écrivaine française d’origine canadienne Nancy Huston et de l’œuvre très récente du romancier québécois Kevin Lambert, Que notre joie demeure (2022). L’inclusion de cet ouvrage très primé servira d’ailleurs de clin d’œil à celui qui m’a précédé comme écrivain en résidence au département de français de l’Université d’Ottawa!

Certains romanciers et romancières sont ainsi devenus des passeurs de frontières. Représenter pour s’en distancier les savoirs fragmentés et insulaires, transmis par la famille et l’école, leur permet de remettre en cause les idées reçues, les impasses mérhodologiques, les logiques causales, les violences aveugles, le déclin des institutions et surtout la perte catastrophique de la vérité. (Swirski, 1998). « Dans un roman », écrit Dominique Dupart, « l’enjeu est de construire un champ d’expérience vivant, en tension, au sein duquel s’expérimente en acte un corpus de savoirs ou de connaissances rassemblés ou existant en amont de l’œuvre ». Telle qu’elle transparaît dans le mouvement de la fiction romanesque chez les deux romanciers à l’étude, l’interdisciplinarité est ainsi le fondement d’une critique des disciplines (histoire, sociologie, science politique, études littéraires) et un élément essentiel des systèmes démocratiques, puisqu’elle établit la préséance des structures du savoir, marquées par l’hétérogénéité, sur celles du pouvoir autoritaire (Laville, 2014; Klein, 2011).

Bibliographie

  • Asholt, Wolfgang, « Un nouveau savoir politique et social du roman contemporain?, Revue critique de fixxion française contemporaine, vol. 6, 2013, Un nouveau savoir politique et social du roman contemporain ? (openedition.org).
  • Barrué-Pastor, Monique, « L’interdisciplinarité en pratiques », dans Marcel Jollivet (dir.), Sciences de la nature. Sciences de la société. Les passeurs de frontières,  Paris, CNRS Édition, p. 457-475.
  • Dupart, Dominique, « Le roman et la possibilité du savoir », dans Gisèle Séginger et Kazuhiro Matsuzawa (dir.), La mise en texte des savoirs, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2010, Le roman & la possibilité du savoir (Acta fabula) / (Acta fabula).
  • Huston, Nancy, Dolce Agonia, Arles / Montréal, Actes Sud / Leméac, 2001.
  • Klein, Judith Thompson, « Une taxonomie de l’interdisciplinarité », Nouvelles perspectives en sciences sociales, vol. 7, no 1, 2011, p. 15-48.
  • Lambert, Kevin, Que notre joie demeure, Montréal, Héliotrope, 2022.
  • Laville, Jean-Louis, « Socio-économie et démocratie. L’apport de l’interdisciplinarité », Revue française de socio-économie, no 13, 2014, p. 249-258.
  • Swirski, Peter, « Literature and Literary Knowledge”, Journal of the Midwest Modern Language Association, vol. 31, no 2, 1998, p. 6-23.
     
François Paré

François Paré

Écrivain en résidence du Département de français

François Paré est professeur émérite avec distinction au département d’études françaises de l’Université de Waterloo (Ontario) et membre de la Société Royale du Canada. En 1993, son livre Les littératures de l’exiguïté lui a valu le Prix du Gouverneur Général du Canada. Il est l’auteur, entre autres, de Théories de la fragilité (Le Nordir, 1994), La distance habitée (Le Nordir, 2003, David 2020) et Le fantasme d’Escanaba (Nota bene, 2008). Il a dirigé, en compagnie de Lucie Hotte, Les littératures francophones minoritaires au Canada à l’aune du temps (Presses de l’Université d’Ottawa, 2016) et fait paraître depuis 2015 un certain nombre d’études sur l’Ancien Régime, les littératures autochtones et les premiers écrits français de la région des Grands Lacs au Canada (1630-1760). Faire exister les littératures de l’exiguïté : instituer, légitimer et pérenniser un champ littéraire (conversation avec Nathalie Carré) est paru en 2021 chez Double Ponctuation. François Paré est présentement écrivain essayiste en résidence au département de français de l’Université d’Ottawa.

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Date et heure
1 mars 2024
8 h 30 à 9 h 30
8:30 AM to 9:30 AM
Formule et lieu
En personne
Langue
Français
Auditoire
Grand public, Étudiants cycles supérieurs, Étudiants de premier cycle, Professeurs et employés
Organisé par
Faculté des arts
L'Association étudiante des cycles supérieurs du Département de français (AÉCS)