Mobilité géographique pour le travail et retour au travail après une lésion professionnelle

À propos

Durant la première phase de l’étude, Cherry et coll. (2019 a, b) ont comparé les taux de retour au travail (RAT) en Alberta chez les victimes de lésions professionnelles qui travaillent et résident dans la province et chez celles qui travaillent en Alberta, mais résident dans une province de l’Atlantique. L’équipe de recherche a constaté que certaines personnes non résidentes de l’Alberta peuvent hésiter à signaler une lésion. Elle a également observé des tendances différentes qui se dégagent des congés d’invalidité temporaires chez les personnes vivant en Alberta par rapport à celles qui vivent dans une province de l’Atlantique, la durée de rétablissement étant plus longue et le RAT moins fréquent dans ce dernier groupe. L’étude a également révélé que, parmi les personnes en congé d’invalidité, celles de l’Atlantique étaient plus nombreuses à travailler dans le secteur de la construction et gagnaient un salaire plus élevé avant leur départ que leurs collègues vivant en Alberta. Les données extraites des entrevues réalisées dans le cadre de cette étude et d’autres études ont mis en lumière l’influence du soutien de la famille et de la communauté sur le RAT de ces travailleuses et travailleurs. Une autre étude conclut que la durée du congé d’invalidité est plus longue chez les personnes vivant en région rurale par rapport à celles qui vivent dans des villes.

La deuxième phase de l’étude va plus loin et établit des liens avec des travaux réalisés par Katherine Lippel, Barb Neis et d’autres chercheuses et chercheurs ayant obtenu des fonds du Partenariat en mouvement ou du Centre de recherche sur les politiques en matière d’incapacité au travail, deux subventions financées par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Les activités de la phase en cours (2022-2024) se répartissent en quatre volets.

Le premier volet concerne la finalisation d’un manuscrit portant sur la santé et la sécurité et l’indemnisation des accidents du travail de la main-d’œuvre mobile, qui sera présenté aux éditions Athabasca University Press en janvier 2024. Katherine Lippel est l’auteure principale de ce manuscrit. Avec le soutien de Politiques et pratiques en matière de retour au travail (PPRT) et du Partenariat en mouvement, les coauteures Dalia Gesualdi-Fecteau (Université de Montréal), Maxine Visotzky-Charlebois (doctorante à l’Université d’Ottawa) et Barb Neis termineront la rédaction du manuscrit.

Le deuxième volet consiste en un dialogue en ligne sur le retour au travail comportant plusieurs phases et rassemblant des parties intéressées de Terre-Neuve-et-Labrador. Mené en 2022-2023, ce dialogue avait plusieurs objectifs : le transfert à Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) des résultats de PPRT et d’autres études portant sur le RAT, une analyse comparative des politiques et pratiques de T.-N.-L. en matière de RAT avec celles des autres provinces, et une exploration des idées et des recommandations qui ressortent du dialogue concernant la recherche et les mesures à prendre pour améliorer le RAT à T.-N.-L. Ce dialogue a été réalisé en partenariat avec la fédération des travailleuses et travailleurs de T.-N.-L. et du Centre SafetyNet pour la recherche en santé et sécurité au travail de l’Université Memorial. Les descriptions, les présentations, les rapports de séances et le rapport final du dialogue se trouvent sur la page du dialogue dans le site de SafetyNet, à mun.ca (Newfoundland and Labrador Dialogue on Return-to-Work Program | SafetyNet | Memorial University of Newfoundland).

Le troisième volet comporte deux éléments.

Le volet 3(a) se déroule à l’Université Memorial. Les chercheuses Barb Neis et Desai Shan, étudient le RAT chez les travailleuses et travailleurs maritimes en Colombie-Britannique, notamment les répercussions sur ces personnes et leur famille. Cette catégorie englobe les marins, les débardeuses et débardeurs, les pêcheuses et pêcheurs et le personnel des aquacultures marines. Le volet 3(a) se divise en trois éléments : un examen des politiques, un sondage en ligne anonyme auprès de travailleuses et travailleurs maritimes victimes de lésions professionnelles, et des entrevues qualitatives avec des travailleuses et travailleurs et d’autres parties intéressées.

Le volet 3(b) se déroule à l’Université de la Colombie-Britannique. Les chercheurs Christopher McLeod et Robert MacPherson mènent une étude épidémiologique descriptive qui caractérise les tendances liées aux lésions professionnelles et au RAT dans le temps parmi des travailleuses et travailleurs des secteurs des pêcheries, de l’aquaculture, de la navigation maritime et du transport routier en Colombie-Britannique. Ils s’appuient sur une étude épidémiologique du PPRT et du Partnership for Work, Health and Safety (PWHS) portant sur les lésions professionnelles et le RAT chez des travailleuses et travailleurs interprovinciaux et intraprovinciaux. Les résultats de cette étude, conjugués à ceux du volet 3(a), enrichiront les connaissances dans le domaine de la mobilité au travail. Ils aideront également le PWHS à établir des partenariats avec le secteur privé et les bases épidémiologiques nécessaires pour approfondir la recherche sur les lésions professionnelles et le RAT dans ces secteurs d’activité en Colombie-Britannique, y compris dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et dans son sillage, et à la lumière du passage de l’aquaculture en enclos en milieu marin à un milieu terrestre.

Le quatrième volet, dirigé par Dana Howse, s’intéresse au rôle de la famille dans la mobilité professionnelle et le retour au travail. Chercheuse boursière de niveau postdoctoral, Dana Howse a réalisé une étude sur les politiques et pratiques qui facilitent ou qui entravent la mobilité liée à l’emploi pour les personnes handicapées. Elle a constaté que les politiques d’indemnisation des travailleuses et travailleurs ne tiennent pas suffisamment compte des efforts nécessaires et des difficultés qui accompagnent les lésions professionnelles; en fait, la réadaptation et le processus de retour au travail peuvent entraîner ou exacerber des problèmes de mobilité professionnelle. Par ailleurs, les aides offertes par l’intermédiaire de programmes des gouvernements provinciaux sont souvent subordonnées à des conditions de ressources et peu fiables, limitant du même coup les possibilités de mobilité professionnelle pour les personnes ayant un handicap physique lié ou non au travail, qui ont besoin d’un important soutien de la part de leur famille, de leurs proches et de leurs collègues pour surmonter les difficultés que les politiques et pratiques de retour au travail n’ont pas pu résoudre ou ont même créées. Un manuscrit portant sur cette étude est en cours de rédaction. Dana Howse met la dernière main à son ébauche et aux plans, et compte le soumettre au début de l’automne au Journal of Occupational Rehabilitation.