Une première École internationale d’innovation juridique à Lyon : une réflexion collective sur la recherche en droit

Faculté de droit - Section de droit civil
Affiliations et partenariats de recherche
Apprentissage expérientiel
Postdoctorat

Par Communications

Faculté de droit, Section de droit civil

Les participants de l'École IIJ, photo prise à Lyon
La relation entre la recherche et les institutions juridiques est en pleine transformation. Si les innovations dans la manière dont nous faisons de la recherche, dans la manière dont nous communiquons avec les autres et même les innovations dans le droit lui-même ont ouvert d'immenses possibilités dans ce domaine, ces vastes possibilités peuvent également être décourageantes pour un chercheur ou une chercheuse en droit. Il est donc essentiel d'explorer la question de savoir comment nous faisons de la recherche en droit.

Pour y répondre, en mai 2023, six professeures de la Section de droit civil de l'Université d'Ottawa et cinq doctorants et doctorantes de la Faculté de droit se sont rendus à Lyon, en France, à l’invitation de la Faculté de droit Julie-Victoire Daubié de l'Université Lumière Lyon 2 dans le cadre de la première École internationale d'innovation juridique (ÉIIJ). 

Cette école a créé un espace permettant aux chercheurs et chercheuses de tous niveaux de se réunir pour parler de leurs expériences, de leurs préoccupations et de leurs stratégies pour aborder la recherche en droit au 21e siècle.

Les doctorants et doctorantes pendant une présentation
Des doctorant.e.s de deux facultés de droit, soit l'Université d'Ottawa et l'Université de Lyon, se sont réunis pour la première École internationale d'innovation juridique.

Bâtir sur le succès des Écoles d’automne et l’expertise de la Faculté dans la méthodologie de la recherche en droit

Cette expérience inédite a commencé à germer il y a de cela cinq ans. En effet, l’ÉIIJ repose sur le succès des écoles d’automne sur la méthodologie de la recherche en droit mises sur pied à l’initiative de la professeure Margarida Garcia lorsqu’elle était vice-doyenne à la Section de droit civil de l’Université d’Ottawa. Depuis leur création en 2017, ces écoles d’automne sont des lieux privilégiés de rencontre et d’échange pour les membres de notre communauté de recherche. Elles permettent à nos chercheurs et chercheuses en formation, en début de carrière comme à ceux plus avancés, de réfléchir à leurs expériences de recherche, de remettre en question leurs pratiques, d’affiner leurs compétences et d’explorer de nouvelles possibilités.

Plusieurs des thèmes abordés dans le cadre de ces écoles d’automne – la recherche empirique en droit, le positionnement du chercheur ou de la chercheuse-juriste, la recherche engagée, le rôle du cadre théorique, la réforme et les différentes formes de mobilisation des connaissances juridiques, ont inspiré la confection du programme de l’EIIJ.

Le comité scientifique était dirigé par la vice-doyenne à la recherche Jennifer Quaid de la Section de droit civil et la professeure Valérie Goesel-Le Bihan de l’Université Lyon 2 et composé également des professeures Garcia et Cintia Quiroga du côté d'Ottawa, et les professeurs Benjamin Moron-Puech et Tarik Lakssimi du côté de Lyon.

Ces écoles ont permis de consolider le statut de chef de file de la Section de droit civil dans la méthodologie et l’épistémologie de la recherche en droit. Les valeurs qui guident nos travaux de recherche sont le leadership et l’innovation, l’ouverture épistémologique, notamment envers l’interdisciplinarité et différentes formes de savoir, la collégialité et la démocratisation de la recherche ; la recherche engagée, au service des communautés, l’internationalisation et la promotion de la science en français.

Les participant.e.s de l'Université d'Ottawa et l'Université de Lyon.
Les participant.e.s de l'Université d'Ottawa et l'Université de Lyon.

Le partenariat avec Lyon

L'autre élément qui a donné naissance à cet événement inédit est le partenariat durable entre la Section de droit civil et l'Université de Lyon. Pour célébrer cette collaboration, le vice-président des relations internationales de l'Université Lumière Lyon 2, James Walker, a ouvert l'ÉIIJ en soulignant combien il était spécial de réunir ces deux institutions pour "des regards croisés sur la recherche et ses enjeux". Adrien Bascoulergue, doyen de la Faculté de droit Julie-Victoire Daubié et Marie-Eve Sylvestre, doyenne de la Section de droit civil, ainsi que la professeure Catherine Schmitter, vice-doyenne aux relations internationales de Lyon 2, ont ensuite prononcé des allocutions d'ouverture pour lancer l'ÉIIJ.

La délégation de l'Université d'Ottawa, qui comprenait, outre les professeures Quaid, Garcia, Quiroga et la doyenne Sylvestre, la professeure Mariève Lacroix et la vice-doyenne aux études supérieures, Mona Paré, a animé une série de présentations instructives sur des sujets allant des méthodologies de recherche en droit à l'interdisciplinarité et au financement de la recherche, en passant par la mobilisation des connaissances. Les présentations ont été suivies de tables rondes sur des sujets tels que la liberté académique, la recherche engagée et les défis spécifiques auxquels sont confrontés les doctorants et les doctorantes. Ces tables rondes ont permis d'entendre les points de vue des chercheurs lyonnais et des doctorants des deux institutions. « Les diverses tables rondes proposées ont toutes été enrichissantes et stimulantes », a déclaré Marc-Antoine Picotte, doctorant à l'Université d'Ottawa. « J'en étais à un point où j'avais besoin de mettre un peu d'ordre dans ma méthodologie, ce qui fut le cas. »

Une expérience unique pour les doctorants et doctorantes

Maxine Visotzky-Charlebois, une autre doctorante de l'Université d'Ottawa, a trouvé l'expérience enrichissante pour des raisons à la fois pratiques et conceptuelles. Elle a apprécié que « les présentations aient porté sur la posture de chercheuse ou sur le savoir engagé, des réflexions donc qui dépassent notre simple projet et qui nous permettent de nous définir, de nous projeter, nous même, comme jeunes chercheuses. »

Ce qui a marqué de nombreux participants des deux facultés, c'est la quantité d'informations qu'ils ont pu apprendre les uns des autres. Bien que les approches de la recherche dans chaque région puissent être différentes, les participants à l'école ont appris que leurs préoccupations sont souvent exactement les mêmes. Comment une approche interdisciplinaire peut-elle améliorer un projet de recherche ? Que signifie la liberté académique au 21e siècle ? Comment la recherche en droit peut-elle avoir un impact réel sur la législation ? Ces questions concernent tous les chercheurs en droit, quel que soit leur niveau d'expérience ou leur pays d'origine. Bien que les délégués de l'Université d'Ottawa aient assumé le rôle d'instructeurs pour les sections de présentation du programme, l'éventail des perspectives de leurs interlocuteurs lyonnais leur a donné amplement l'occasion d'apprendre de nouvelles façons de réfléchir à ce qui constitue une culture de recherche dynamique. 

En outre, les étudiants des deux facultés ont eu l'occasion non seulement d'apprendre auprès de professeurs expérimentés, mais aussi de se poser mutuellement des questions sur leur recherche doctorale. Deux étudiants ont même collaboré à une enquête auprès des participants à l'école, qui a permis de dégager des idées profondes sur la création de relations fructueuses et nourrissantes entre étudiants et superviseurs. « J'ai trouvé très pertinent de réfléchir avec mes collègues de Lyon aux défis vécus en matière de motivation, d'en identifier les similitudes et d'imaginer des pistes de solution », a déclaré Alexandra Bahary-Dionne, étudiante au doctorat à l'Université d'Ottawa. Son collègue Christian Y. Alou a noté que « c'était l'occasion de sortir de la solitude de la recherche en se joignant aux pairs qui vivent les mêmes réalités afin de partager l'état de nos travaux et de construire des ponts avec Lyon. »

Les professeur.e.s et les organisateurs du programme trouvent le temps d'établir des liens plus sociaux.
Les professeur.e.s et les organisateurs du programme trouvent le temps d'établir des liens plus sociaux.

Le succès de cette première école internationale a ouvert la porte à de futures collaborations. La Section de droit civil a prévu d'accueillir nos collègues lyonnais en septembre 2024, mais avant cela, des chercheurs des deux Facultés ont émis l'idée de collaborer à une publication liée à la recherche en droit.

La Section de droit civil exprime sa sincère gratitude à nos hôtes lyonnais, dont, en particulier, les professeurs Valérie Goesel-Le Bihan, Benjamin Moron-Puech et Tarik Lakssimi.

Nous nous réjouissons à l'avance des nombreuses années de collaboration innovante avec nos collègues lyonnais !