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Melisa Handl
Étudiante au doctorat

Faculté de droit
Université d'Ottawa



Biographie

Melisa Handl s’est inscrite en droit à l’Université d’Ottawa, attirée par sa concentration en justice sociale et son Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne (CREDP). Mais une fois sa maîtrise entamée, elle a découvert un corps professoral et un environnement qui dépassaient ses attentes. Elle s’est trouvée en présence de juristes et d’étudiants qui partageaient ses perspectives sur la recherche.

« Je pouvais travailler avec des gens qui abordaient les problèmes avec ouverture et pour qui il importait de discerner ce qui est marginalisé dans la recherche traditionnelle afin de s’y attaquer. »

Elle a eu une preuve supplémentaire de cette complicité pendant le séminaire de Théorie juridique. Il était mené par la professeure Angela Cameron, réputée pour ses connaissances en recherche empirique. C’était exactement le type de méthodologie qu’elle voulait utiliser pour ses études doctorales. Il lui fallait aussi trouver une institution ouverte à l’étude de plusieurs spécialités des sciences humaines. Melisa s’est vite rendu compte de l’engagement de l’Université d’Ottawa à l’égard de l’interdisciplinarité pour faire avancer les connaissances.

Les recherches de Melisa se trouvent à la croisée du droit et de la sociologie avec une composante en développement international et mondialisation.
Elles portent sur les politiques argentines de transferts monétaires conditionnels du point de vue du genre. Le gouvernement argentin procure aux femmes pauvres une allocation universelle pour enfant tant et aussi longtemps qu’elles prouvent avoir reçu des soins prénataux et démontrent que leurs enfants vont à l’école.

« Est-on en train de discipliner la mère afin qu’elle s’occupe de ses enfants ? Je ne comprends pas pourquoi le programme impose des restrictions pour répondre aux droits de la personne. Ces droits ne devraient-ils pas être universels ? »

Son comité de thèse est composé de la professeure de droit Angela Cameron, experte des questions entourant l’égalité des femmes et de sa collègue Marie-Eve Sylvestre, spécialiste de l’étude de la réglementation et de la criminalisation des pauvres. Il comprend aussi la professeure Susan Spronk de la Faculté des Sciences sociales qui a analysé plusieurs problématiques sud-américaines.

Au cours de ses recherches préliminaires, Melisa a interviewé deux bénéficiaires de l’allocation pour enfant. Ces mères se sont dites affligées par les exigences des services sociaux. Elles jugent les conditions inutiles parce qu’elles prévoyaient recevoir des soins médicaux pendant leur grossesse et inscrire leurs enfants à l’école.

« Les restrictions de l’État sont devenues pour ces mères des mesures disciplinaires et laissent sous-entendre qu’une bonne mère obéit à ces conditions. Cela renforce l’idée que la mère est la principale responsable de l’éducation des enfants. Je ne vois pas comment cela encourage leur autonomisation. »

Melisa croit que si le gouvernement veut amener des changements sociaux positifs, il doit prendre en considération le rôle de l’homme dans l’éducation des enfants.

Cette question a d’ailleurs été soulevée lors d’échanges avec les autres doctorants associés au CREDP. Ces discussions se déroulent dans un environnement respectueux et permettent, selon elle, de briser l’isolement associé aux recherches doctorales.

« Nous connaissons tous la méthodologie juridique et nous avons tous été formés pour penser comme des avocats. Toutefois, chacun de nous a sa propre perspective et des connaissances spécifiques à son champ d’études de sorte que la rétroaction est très enrichissante et nourrit notre réflexion. »

Cette camaraderie l’a incitée à s’engager auprès de ses pairs en devenant coprésidente de l’Association des étudiants des études supérieures en droit. Une fois son doctorat terminé, Melisa désire enseigner tout en poursuivant ses recherches.

« L’enseignement c’est fait pour moi. J’aime ce processus de vérification des informations, beaucoup d’informations, et d’y trouver les paradoxes. Ce n’est jamais noir ou blanc. »

Ce sont ces nuances de gris qui, selon elle, rendent la profession fascinante.