Descendant du peuple anisininew de Kistiganwacheeng (Première Nation de Garden Hill, dans le nord du Manitoba) du côté de son père et du peuple yokut, plus précisément wukchumni, de la réserve de Tule River dans le centre de la Californie du côté de sa mère, Wolfgang a toujours pu compter sur ses racines profondes et le soutien indéfectible de sa communauté.
« Je dois ma modestie à ma communauté et à ma famille. C’est comme ça qu’on m’a éduqué, confie-t-il. Mes parents m’ont toujours dit qu’une réussite individuelle est une réussite pour toute ta communauté. Je leur dois beaucoup. Je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. »
Cette notion de réussite collective s’est reflétée dans son mandat à la coprésidence de la Gouvernance des étudiant(e)s autochtones en droit dans la dernière année universitaire, un rôle qu’il a pris au sérieux et incarné avec grâce. « Je pense que c’est très important qu’on se considère tous et toutes sur le même pied d’égalité, raconte-t-il à propos de cette expérience. La collaboration est au cœur de la prise de décisions et de l’attribution des tâches. On fait tout ensemble et on cherche toujours à dégager un consensus. »

« Oui, je suis fier de mes réalisations. Mais je ne peux pas m’attribuer tout le mérite de ce que j’ai accompli avec d’autres. »
Wolfgang Wuttke-Stanton
«Je remercie toujours toutes les merveilleuses personnes qui m’aident. En guise de reconnaissance, je veux souligner leur contribution, partager avec elles les honneurs et les faire briller à leur tour. »
Nous avons bien senti cet esprit de collaboration lors de sa participation au concours national de plaidoirie de Kawaskimhon de 2025. Kerry Young, avocate pour le cabinet First Peoples Law LLP et coach pour le concours, a d’ailleurs dit :
« Honnête, Wolfgang incarne la modestie. Sa façon d’être montre bien qu’il ne s’estime pas plus – ni moins – important que tout autre être vivant… Lors de discussions, il veillait toujours à ce que chaque personne ait la chance de s’exprimer. »
Patricia Lawrence, aussi coach et associée au sein du cabinet First Peoples Law LLP, est du même avis :
« Dès le début du concours, Wolfgang m’a impressionnée par son leadership à la fois discret et assuré. Il tenait à ce que le point de vue de chaque personne soit entendu et pris en compte dans le travail d’équipe… C’était inspirant et j’aimerais faire de même dans mon propre travail. »

Pour Wolfgang, se bâtir un réseau et l’entretenir l’a grandement aidé à ne pas baisser les bras pendant ses études en droit. « Je dois une grande part de ma réussite à ma communauté, autant celle d’où je viens que la population étudiante autochtone [au pavillon Fauteux], insiste-t-il. On étudie ensemble, on s’échange des résumés et on se donne des conseils… Quand on doute de nos capacités ou de notre travail, on se motive mutuellement. »
Sa communauté d’origine l’a aussi couvert d’encouragements. « Mes proches m’appellent de temps à autre pour me dire à quel point je les remplis de fierté, raconte-t-il. Je suis seulement la quatrième personne de ma communauté à étudier en droit. La première était probablement mon père. Ma communauté attache une grande importante à la scolarité et croit fermement que la réussite individuelle apporte la réussite collective. En fait, elle a même financé mes études en droit. Sans elle, je me serais beaucoup endetté. »

Une fois son diplôme en poche, Wolfgang fera un stage au cabinet Nahwegahbow Corbiere, réputé pour défendre les intérêts des Premières Nations. Il envisage aussi de faire une maîtrise et un doctorat en droit et possiblement de travailler sur la scène internationale pour l’ONU ou en Europe. Son objectif à long terme est ambitieux :
« Je rêve de former une coalition d’avocats et d’avocates autochtones de l’Amérique du Nord et du Sud qui défendraient les peuples autochtones et leurs droits. »
Wolfgang s’intéresse beaucoup à la recherche sur le droit autochtone et à l’application des lois autochtones dans les lois canadiennes. Pour lui, le travail à faire ne se limite pas aux efforts de réconciliation; il faut reconnaître et respecter les ordres juridiques autochtones. « Nos lois ont existé et existent toujours. Aujourd’hui, il faut se questionner sur leur place dans les lois canadiennes, déclare-t-il. La démocratie canadienne s’appuie sur les ordres juridiques et les structures de gouvernance autochtones. Ces derniers ont joué un important rôle dans l’établissement de relations entre l’État et les peuples autochtones et la rédaction des traités. »
« À un certain moment, on a cessé de reconnaître nos traditions juridiques. Et là, nous entrons dans une phase de réconciliation. » Même s’il ignore ce qu’il adviendra des efforts de rétablissement du lien de confiance entre les peuples autochtones et le Canada, il sait qu’il veut faire partie de la solution.
Son message pour les nouvelles recrues autochtones en droit est clair : « Ne vous isolez pas. Osez approcher et aborder les autres, même celles et ceux qui ont déjà obtenu leur diplôme. Faites votre place, bien sûr, mais joignez-vous à la communauté étudiante autochtone pour avoir du soutien. »
Alors qu’il s’apprête à quitter le pavillon Fauteux pour entamer un nouveau chapitre de sa carrière, nous lui souhaitons beaucoup de succès. Nous savons qu’il continuera de défendre ses convictions et de faire son chemin avec modestie, porté par sa communauté, faisant briller les autres autant que lui-même.