Deux étudiantes de l’Université d’Ottawa tracent la voie des femmes en sports motorisés

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Conception et innovation pédagogique en génie
Nora Jordan au volant de sa voiture de course.
C’est en sports motorisés et en génie, deux domaines à prédominance masculine, que Nora Jordan et Marie-Soleil Labelle, deux étudiantes de la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa, défient les normes et filent vers le succès. Leur parcours est une véritable source d’inspiration pour les ingénieures en herbe avides de vitesse et d’innovation.

Nora Rhiannon Jordan est une étudiante de première année en conception multidisciplinaire, avec une spécialisation en génie mécanique et électrique, en plus d’être la capitaine de l’équipe de course BAJA SAE de la Faculté de génie. Avec Nora aux commandes, l’équipe renouera avec la compétition cet automne, après une pause de six ans. Durant ses temps libres, Nora prépare son brevet de pilote, dans le sillage des nombreux membres de sa famille dans l’armée de l’air.  

Elle a débuté sa carrière en karting de compétition, à Smith Falls, après ses études secondaires, avant de se hisser en course automobile grâce aux liens tissés en lavant les voitures de pilotes plus établis.

L’étudiante de troisième année en génie mécanique Marie-Soleil Labelle manifeste très jeune le goût de la vitesse. À défaut d’avoir des proches et des contacts dans le milieu, elle développe par elle-même sa passion pour la mécanique et la course. Elle commence le karting de compétition à douze ans, et fait le saut en course automobile à peine trois ans plus tard.  

Tout comme Nora, Marie-Soleil a réalisé sa percée à la piste locale. C’est un employé de sa ligue de course qui, ayant remarqué son assiduité, l’invite un jour à participer à une séance d’essai. Maintenant derrière le volant, les deux femmes s’investissent à fond dans leur sport.  

Elles concilient l’imposant calendrier de compétition et leurs études à temps plein, ce qui, de l’avis de Nora, n’a rien de facile; mais le fait d’être occupée lui plaît : « Je ne vois pas ça comme du travail. »

Depuis quelques années, de plus en plus de femmes optent pour une carrière en génie, une tendance qui tarde à gagner les sports motorisés. Les obstacles vont du manque de modèles aux préjugés fondés sur le genre et les stéréotypes. Nora et Marie-Soleil n’y sont pas étrangères, mais elles ont également trouvé du soutien auprès d’une petite communauté de coureuses passionnées. 

Nora Jordan
Témoignage

« En sports motorisés, les femmes sont très solidaires. Parce que nous sommes si peu nombreuses, nous avons vraiment à cœur la réussite de chacune. »

Nora Rhiannon Jordan

— Étudiante de première année en conception multidisciplinaire

« C’est encore un sport dominé par les hommes, mentionne Nora. L’été dernier, je faisais partie d’une équipe de 50 pilotes, et nous n’étions que quatre femmes. » Marie-Soleil, pour sa part, est l’une des deux femmes parmi les pilotes de la Coupe Nissan Centra, l’autre étant Valérie Limoges.

« Je vois passer des commentaires sur les médias sociaux faisant allusion à mon sexe quand je perds une course », affirme-t-elle. Qu’à cela ne tienne : elle en fait son carburant : « Ça me motive de leur prouver qu’ils ont tort. »  

Elle dénote aussi à l’université, lors des projets d’équipe, un réflexe d’incrédulité à l’endroit de ses connaissances et de son expertise, tout cela en raison de son sexe.  

Le manque de femmes en sports motorisés signifie qu’elles se retrouvent plus souvent sous les projecteurs que les hommes.

« En tant que femme, tu dois faire attention à ta façon de te présenter », mentionne-t-elle.  

Dans l’équipe, un homme peut avoir ses mauvaises journées, ses accès de colère, confie-t-elle, alors que les stéréotypes véhiculés à propos des femmes l’incitent à réprimer ses frustrations. Sans oublier son besoin d’être courtoise et toujours souriante, une autre forme de la pression subie.

Mais les deux femmes rappellent qu’« une fois le casque sur la tête, c’est le savoir-faire qui parle ».  

Elles soulignent l’importance de se respecter en refusant de se laisser marcher sur les pieds. 

Marie-Soleil Labelle
Témoignage

« Si c’est quelque chose qui vous intéresse, je vous encourage à essayer. Les sports motorisés ne s’adressent pas qu’aux ingénieures mécaniques; il y en a pour tous les goûts. »

Marie-Soleil Labelle

— Étudiante de troisième année en génie mécanique

Et dans l’adversité, elles ont découvert la force de la communauté. « En sports motorisés, les femmes sont très solidaires, explique Nora. Parce que nous sommes si peu nombreuses, nous avons vraiment à cœur la réussite de chacune. »

« Les filles se serrent les coudes », confirme Marie-Soleil.  

Les deux pilotes encouragent toute jeune femme qui le souhaite à entrer en piste. D’ailleurs, Marie-Soleil note que l’intérêt des jeunes filles pour les sports motorisés va en augmentant. « Il existe maintenant des programmes et des événements dédiés aux filles, dit-elle. Si c’est quelque chose qui vous intéresse, je vous encourage à essayer. Les sports motorisés ne s’adressent pas qu’aux ingénieures mécaniques; il y en a pour tous les goûts. L’optimisation de la performance, ça touche aussi l’informatique et la technologie, par exemple. »

À celles qui cherchent à faire leur place dans le sport, Nora conseille de tisser un bon réseau, de se lier d’amitié avec d’autres filles du milieu et de toujours suivre son instinct.  

« Entourez-vous de personnes qui vous soutiennent », recommande-t-elle.