À l’occasion du Jour de la Terre, le directeur de la santé planétaire à la Faculté de médecine nous incite à transformer l’anxiété écologique en action

Faculté de médecine
Faculté de médecine
Image de la Journée de la Terre
Le Dr Husein Moloo veut adopter une perspective plus large pour définir les solutions qui permettront de réduire l’empreinte carbone du domaine médical et de promouvoir des pratiques durables.

Par David McFadden
Rédacteur scientifique

Il est bien trop facile de se laisser submerger par un sentiment frustrant d' « éco-anxiété » lorsque chaque nouveau rapport scientifique consacré à l'état de la planète se révèle plus inquiétant que le précédent. Les incendies de forêt massifs, les inondations et l'accélération de la fonte des glaciers font régulièrement la une des journaux. L'ampleur de la crise climatique peut paraître insurmontable.

Pourtant, au moment où la communauté mondiale s'apprête à célébrer un énième Jour de la Terre, nous avons là une bonne occasion d'adopter des moyens d'agir pour remédier à ce fléau et de faire entendre notre voix en faveur de pratiques durables, selon le Dr Husein Moloo, directeur de la santé planétaire à la Faculté de médecine de l'Université d'Ottawa.

Leader d'opinion dont la nomination l'an dernier au poste de directeur de la santé planétaire de la Faculté constituait une première à l'échelle nationale, le Dr Moloo affirme qu'il existe de nombreuses possibilités pour les individus de transformer leur anxiété écologique en action. Et le meilleur moment pour le faire, c'est maintenant.

« Que ce soit en se penchant sur notre mode de consommation, en plaidant auprès des députés, en essayant de faire évoluer les organisations dans lesquelles nous travaillons, en changeant nos pratiques quotidiennes, en adoptant une alimentation plus végétale, les possibilités sont nombreuses », dit-il. « Nous nous trouvons dans une situation unique : nous comprenons les répercussions de nos actes et les données scientifiques montrent que les choses doivent changer. Nous avons donc tous la possibilité de participer à ce changement dès maintenant. »

Il est de plus en plus urgent d'adopter des changements pour éviter les pires scénarios de crise climatique. Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU explique en détail comment l'humanité et la nature sont poussées au-delà de leurs capacités d'adaptation. L'Organisation mondiale de la santé a déclaré que la crise climatique était la plus grande urgence de santé publique au monde.

Professeur agrégé de chirurgie à la Faculté de médecine et chercheur clinique en épidémiologie à l'Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa (IRHO), le Dr Moloo a adopté une perspective plus large pour trouver des solutions permettant de réduire l'empreinte carbone du domaine médical.

Il s'agit d'une question importante, car les répercussions environnementales de l'industrie des soins de santé et de sa chaîne d'approvisionnement médicale sont considérables. Le système de santé canadien est responsable de près de 5 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Selon le Dr Moloo, si l'on considère les soins de santé comme une entité mondiale à part entière, le Canada se classerait au cinquième rang mondial en termes d'émissions.

C'est pourquoi le Dr Moloo a été très actif dans le cadre de sa nouvelle et ambitieuse nomination à la Faculté de médecine, en explorant des façons d'adopter de nouvelles stratégies de réduction des déchets avec ses collègues des hôpitaux affiliés à l'Université d'Ottawa. Cet effort comprendra de nouvelles façons de se procurer et d'utiliser l'équipement. Son rôle de directeur de la santé planétaire de la Faculté fait partie de la contribution de la Faculté de médecine à l'engagement pris par l'Université dans le cadre du plan Transformation 2030 de promouvoir l'utilisation de pratiques et d'activités plus écologiques sur le campus et ailleurs.

Dans cette optique, il participe également à la réalisation d'objectifs avec ses collègues de l'Université d'Ottawa en vue de préparer la voie à un programme d'études axé sur les concepts liés à la santé planétaire. À partir de cet été, l'Université d'Ottawa prévoit de lancer une nouvelle initiative multidisciplinaire visant à encourager les pratiques de soins de santé durables et à aborder des sujets tels que l'interaction entre les politiques et l'atteinte des objectifs de santé dans le contexte de la crise climatique.

Parallèlement, les possibilités de s'engager de manière significative dans la recherche de solutions climatiques avec d'autres établissements universitaires du Canada et du monde entier ne manquent pas, ajoute-t-il.

Pour tous ceux qui ont besoin d'un peu d'inspiration pour intégrer l'approche qui consiste à mettre la main à la pâte pour un avenir durable sur le plan environnemental, le Dr Moloo rappelle les propos éloquents du regretté Marshall McLuhan, théoricien des communications : [traduction] « Il n'y a pas de passagers sur notre vaisseau spatial, la Terre. Nous sommes tous des membres d'équipage. »

Le Dr Moloo affirme qu'il y a « tant de choses à accomplir que nous ne pouvons tout simplement pas remettre cela à 10 ou 15 ans. Nous avons besoin de changements rapides. »

Dr Husein Moloo