– Lauren Backstein, étudiante de première année en médecine et participante à l’initiative de l clinique SHIP
Quand on commence ses études en médecine, prodiguer des soins à de vraies personnes peut malheureusement sembler être une réalité lointaine, qui ne se concrétisera qu’après des années d’études intensives. Parallèlement, les besoins de la collectivité sont souvent criants et très apparents. Pour la relève en médecine, il peut être difficile de concilier la volonté d’aider maintenant avec l’idée que la formation durera de nombreuses années.
Ce défi est devenu une puissante source de motivation pour Nicole Wisener et Emily Liang, étudiantes de deuxième année à la Faculté de médecine, qui ont décidé de trouver un moyen original de changer les choses. Ensemble, elles ont créé une initiative étudiante de partenariat en santé (Student-led Health Initiative Partnership, ou SHIP), une clinique dont l’objectif est d’exposer les cohortes de première et deuxième années aux réalités de la santé communautaire. Cette initiative leur permet d’acquérir des compétences cliniques en début de parcours, tout en développant un sens aigu de la responsabilité sociale.

« C’est une excellente activité parascolaire pour [...] la responsabilité sociale et l’implication communautaire à Ottawa, en plus d’être une façon de développer ses compétences cliniques. »
Nicole Wisener
— Etudiante de deuxième année à la Faculté de médecine et co-fondatrice de la clinique SHIP
« C’est une excellente activité parascolaire pour les étudiantes et étudiants qui ont à cœur la responsabilité sociale et l’implication communautaire à Ottawa, en plus d’être une façon de développer ses compétences cliniques, explique Nicole. Au cours des deux premières années d’études en médecine, nous n’avons pas souvent la possibilité de le faire, encore moins si notre placement n’est pas dans un centre de santé communautaire. »
« Nous avons constaté un réel besoin au sein de la collectivité – des personnes livrées à elles-mêmes sont aux prises avec des défis complexes – ainsi qu’un fort désir chez la population étudiante d’apporter une aide concrète, ajoute Emily. On nous enseigne les déterminants sociaux de la santé en classe, mais il y a très peu d’occasions de relier ces notions théoriques à l’expérience humaine ou à des gestes réels. Nous avons créé la clinique SHIP pour combler cette lacune. »

« Nous avons constaté un réel besoin au sein de la collectivité ainsi qu’un fort désir chez la population étudiante d’apporter une aide concrète. »
Emily Liang
— Etudiante de deuxième année à la Faculté de médecine et co-fondatrice de la clinique SHIP
Grâce au soutien du Bureau de la responsabilité sociale de la Faculté de médecine, la clinique SHIP a été officiellement lancée en janvier 2025. Elle repose sur des partenariats avec des organismes communautaires clés à Ottawa, y compris le Centre de santé communautaire du centre-ville, le Centre de santé communautaire Carlington, le Centre de ressources de l’Est d’Ottawa et le centre Ottawa Inner City Health (OICH). Ensemble, ces organismes ont cerné des moyens pour la communauté étudiante de contribuer aux services locaux de manière respectueuse et durable.
Jusqu’ici, 17 étudiantes et étudiants en médecine ont donné leur temps et leur énergie à la clinique SHIP durant sa première année d’existence.

Chaque semaine, on les envoie dans les organismes participants, où des tâches variées leur sont assignées : vérification du bien-être de gens résidant dans des logements avec services de soutien, aide à l’accueil des personnes nouvellement arrivées, dépistage, vaccination et évaluation des besoins de la collectivité. Des étudiantes et étudiants formés à cet effet offrent également des séances de counselling en santé mentale à des gens résidant dans des logements avec services de soutien, sous la supervision de médecins de l’OICH.
« La clinique SHIP permet à notre communauté étudiante de mettre en pratique les notions apprises en classe tout en répondant aux besoins de la collectivité, qui ont été définis par ses membres », souligne la Dre Laura Muldoon, directrice du pilier médecine et société des études médicales de premier cycle. « Il s’agit d’une relation mutuellement bénéfique. »
Le programme intègre une expérience pratique à une approche d’apprentissage actif qui met fortement l’accent sur la dimension humaine des soins. « Cette expérience m’a rappelé que le contact humain est tout aussi essentiel que les données cliniques », explique Hollie Davies, étudiante en médecine. « À propos de ses patientes et patients, une médecin m’a dit : “Ces personnes me sont chères, je me préoccupe réellement de leur sort.” Ces liens invisibles mais puissants figurent au cœur de la médecine. »
Sur place, les étudiantes et étudiants apprennent au contact de leaders communautaires et de médecins, qui leur enseignent comment fournir des soins adaptés sur le plan culturel et les exposent aux défis uniques auxquels font face les populations mal desservies, comme les personnes nouvellement arrivées au Canada, celles qui vivent dans des logements avec services de soutien ou en refuge, ou celles qui souffrent d’une dépendance.

La Dre Lissa Blair, responsable de la formation de troisième année en santé mondiale au Département de médecine familiale et responsable clinique au Centre de santé communautaire du centre-ville, voit de ses propres yeux les retombées du programme : « Les étudiantes et étudiants posent des questions réfléchies et font preuve d’une curiosité sincère et d’une réelle compassion. C’est un plaisir de les initier à la santé des personnes réfugiées, un domaine exigeant, profondément enrichissant et souvent sous-exploré durant les études en médecine. Cette initiative est une occasion rare et utile de former des médecins qui comprennent les réalités sociales et de cultiver la réflexion et la compassion chez la relève. »
Le Dr Simon Hatcher, directeur médical du service de santé mentale à Ottawa Inner City Health, souligne également les avantages de cette initiative pour toutes les parties concernées : « L’offre de services de counselling à des personnes en marge de la société par la communauté étudiante est bénéfique pour tout le monde. La clientèle reçoit une aide qu’elle n’obtiendrait pas autrement, et la relève peut s’exercer en plus de s’exposer tout de suite à des problèmes qu’on ne voit pas couramment à l’hôpital. Quant à moi, je peux accomplir davantage de travail, puisqu’une heure de supervision par semaine se traduit par deux heures de soins pour la clientèle. »
Angélique Cléroux, étudiante en médecine et participante à la clinique SHIP, renchérit : « On présume souvent qu’il suffit d’offrir une ressource pour régler un problème, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. En abordant la santé de nos patientes et patients de manière globale, on s’assure que les services offerts leur sont accessibles. »

« Les étudiantes à l’origine de cette initiative ont conçu leur propre moyen d’apprendre tout en s’alignant sur le mandat de la Faculté de renforcer les partenariats communautaires. »
Dre Claire Kendall
— Doyenne associée, Responsabilité sociale
La Dre Claire Kendall, doyenne associée à la responsabilité sociale, voit la clinique SHIP comme un atout majeur pour la formation en médecine : « Les médecins de demain s’épanouissent lorsqu’on leur donne l’occasion d’apprendre au contact de la population. Cette manière de procéder augmente également leurs chances de servir ces groupes dans leur carrière future. Les étudiantes à l’origine de cette initiative ont conçu leur propre moyen d’apprendre tout en s’alignant sur le mandat de la Faculté de renforcer les partenariats communautaires. »
Propulsée par la vision novatrice de la communauté étudiante et soutenue par l’engagement fort de la Faculté en faveur de la responsabilité sociale, la clinique SHIP élargira ses activités à l’automne 2025, pour offrir à encore plus d’étudiantes et d’étudiants l’occasion d’apprendre de manière active au sein de la collectivité.
« Nous mettrons à profit cette initiative étudiante pour renforcer notre programme de médecine sociale », conclut la Dre Kendall.
Soutenez la Faculté de médecine aujourd'hui !
Utilisez le champ "Autre affectation" de notre formulaire de don en ligne pour soutenir le fonds 'Initiatives de responsabilisation sociale à la Faculté de médecine'.