Une étude révèle un sentiment d’(in)sécurité chez les athlètes au Canada

Faculté des sciences de la santé

Par l'École des sciences de l’activité physique

Marie Dominique Antoine - Communication, Faculté des sciences de la santé

Girl resting after a workout, professor Eric MacIntosh
Les organisations sportives sont souvent confrontées à des allégations de culture toxique faisant référence aux valeurs, aux croyances et aux hypothèses qui définissent le comportement des individus en collectivité. Au fil du temps, certaines pratiques et certains agissements finissent par y être acceptés et renforcés, et ce, même lorsqu’ils entraînent des problèmes.

Eric MacIntosh, professeur en gestion du sport à l’École des sciences de l’activité physique, mène des recherches pour promouvoir une culture plus sécuritaire dans le sport de haut niveau. Ses collègues et lui ont discuté avec 28 athlètes au pays qui aspirent (ou aspiraient) à l’ultime consécration dans leurs sports respectifs, pour connaître leur définition d’un milieu sécuritaire, savoir ce qui ébranle leur sentiment de sécurité, et trouver des façons de promouvoir une saine culture dans le sport.

L’équipe du professeur MacIntosh estime que pour faire changer les mœurs, il faut d’abord déterminer ce qui ne fonctionne pas, ainsi que les valeurs, les croyances et les pratiques que l’on souhaite instaurer. Il est essentiel de bien comprendre le point de vue des athlètes, qui baignent dans cette culture et qui peuvent contribuer à mettre en place les changements souhaités.

Les personnes interviewées ont longuement parlé du personnel entraîneur, de comportements malsains et de pratiques non sécuritaires. Les athlètes se trouvent bien souvent sous le joug de personnes qui, en plus de détenir des renseignements essentiels pour leur avenir, tiennent aussi les cordons de la bourse. Leur pouvoir est absolu, et pourtant, elles n’ont pour ainsi dire aucun compte à rendre.

Les athlètes ont fourni des exemples de situations où des entraîneuses et entraîneurs avaient dépassé les bornes, allant jusqu’à étendre leur sphère d’influence à des domaines où les athlètes devraient normalement pouvoir agir en toute autonomie.

On a par ailleurs signalé des comportements particulièrement agressifs et réducteurs de la part du personnel, qui s’attaquaient directement à la personnalité des athlètes et ébranlaient leur confiance; en faisant preuve de favoritisme, l’équipe d’entraînement peut aussi engendrer un sentiment d’exclusion et d’isolement chez les athlètes qui, mis de côté, risquent de se laisser distancer.

Le professeur MacIntosh et son équipe insistent : ces pratiques et ces comportements dévalorisants alimentent le sentiment de vulnérabilité, de crainte, d’intimidation et de doute. On aurait donc tort de les considérer comme normaux dans le sport de haut niveau.

Le vécu des athlètes devrait nous inciter à demander des comptes aux entraîneuses et entraîneurs, et à exiger qu’ils revoient leurs façons de faire. Il faudrait également redéfinir clairement les attentes de chacun, de même que les limites à respecter.

Voici quelques exemples favorisant une culture sécuritaire en milieu sportif :

  • L’équipe d’entraînement est consciente de la portée de ses actions et sait comment bien accompagner ses athlètes.
  • Les intérêts des athlètes (développement individuel, relations interpersonnelles, besoins exprimés) passent en premier.
  • Les athlètes et le personnel forment une communauté où la communication, l’inclusion et la confiance ont préséance (sentiment d’appartenance).
  • Des services de soutien sont mis à la disposition des athlètes (physiothérapeutes, nutritionnistes, counselling en préparation mentale, relations médias, etc.).
  • La pratique du sport, les espaces d’entraînement, l’équipement et la conduite sportive sont encadrés par des règlements.

Dans la deuxième phase de son étude, l’équipe du professeur MacIntosh donnera la parole au personnel entraîneur et à l’administration pour brosser un portrait global de la culture dans le sport de haut niveau.

En attendant, le groupe de recherche recommande de suivre la Formation sur la sécurité dans le sport de l’Association canadienne des entraîneurs et d’adhérer au mouvement Entraînement responsable, tout en précisant que le système doit aller au-delà de la déclaration d’engagement mise de l’avant par ce dernier.