Données, connaissances et sagesse : apprivoiser l’IA en classe

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Professeur Raywat Deonandan
Raywat Deonandan, professeur de la Faculté des sciences de la santé et nouveau titulaire de la Chaire d’excellence en enseignement universitaire de l’Université d’Ottawa pour 2023.
L’avancée fulgurante de l’intelligence artificielle (IA) pourrait à la fois compliquer et bonifier les méthodes d’enseignement à l’université.

Le professeur Raywat Deonandan, de la Faculté des sciences de la santé, s’attaquera de front à la question dans les prochaines années en tant que titulaire de la Chaire d’excellence en enseignement universitaire de l’Université d’Ottawa pour 2023. 

Il examinera l’intégration d’outils d’IA, en particulier GPT-4, dans le développement des compétences rédactionnelles et, de manière plus générale, à l’enseignement et à l’apprentissage à tous les cycles. Il mènera son projet dans le cadre de la chaire de trois ans attribuée annuellement par le Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage afin de faire avancer la recherche pour que l’ensemble de la communauté universitaire en bénéficie. 

De nouveaux paradigmes d’enseignement et d’apprentissage 

Si la plupart des gens s’entendent sur le potentiel qu’a l’IA de remplacer certaines facettes de l’enseignement, les limites demeurent floues. « Des outils comme GPT-4 sont une menace existentielle à l’enseignement prodigué par un être humain, soutient Raywat Deonandan. La question est la suivante : quelles parties de l’enseignement doivent continuer d’être offertes par une personne et lesquelles peuvent être confiées à une machine? On n’a d’autre choix que de tâcher d’y répondre. » 

Une chose est cependant claire : ce changement de paradigme forcera les universités à prendre les devants afin de ne pas être à la remorque des technologies d’IA, dont la progression sera exponentielle au cours des prochaines années. 

Le projet du professeur Deonandan consiste en trois études conçues pour évaluer l’efficacité des outils d’IA dans l’amélioration des compétences rédactionnelles des étudiantes et étudiants et la facilitation de leur apprentissage. D’abord, il répertoriera les outils d’IA disponibles au moyen d’une revue exploratoire, puis mènera une expérience à plusieurs volets ayant pour but d’analyser des évaluations objectives de la qualité de textes rédigés à l’aide de l’IA. Enfin, un essai non contrôlé surveillera les changements dans la façon dont les étudiantes et étudiants de cycle supérieur abordent les tâches de rédaction lorsqu’elles et ils peuvent utiliser un outil d’IA.  

Accepter la vague d’incertitude 

Les études menées par le professeur Deonandan sont en partie inspirées par sa philosophie d’enseignement, qu’il résume par une citation de l’auteur et ancien président tchèque Vaclav Havel : « Rapprochez-vous des gens qui sont à la recherche de la vérité, et fuyez ceux qui prétendent l’avoir trouvée ». S’il concède que l’IA provoquera une crise dans le milieu de l’enseignement, il estime que cette incertitude cache une occasion dont il faut profiter, car une telle situation ouvre la porte à des innovations inattendues. Il fait d’ailleurs remarquer qu’« en chinois, le mot crise comprend le caractère signifiant occasion ». 

En analysant les défis posés par l’IA et en restant ouverts à ce qu’elle peut apporter, les éducateurs et éducatrices pourront s’adapter aux changements dans leur milieu. Raywat Deonandan insiste : l’intelligence artificielle doit être vue comme un outil dont il faut tirer profit. Nous devons absolument trouver des moyens de l’adopter et de l’intégrer à nos cadres pédagogiques. 

« ChatGPT prétend traduire des données en résultats utiles. Le rôle des humains est de déterminer si cette traduction est exacte et, le cas échéant, quoi faire avec ces résultats. Dans quelle mesure les humains peuvent-ils travailler avec l’IA? » 

Explorer le potentiel de l’IA à l’Université d’Ottawa 

Pour mener ses travaux, le professeur mettra à profit sa formation scientifique et pédagogique ainsi que son impressionnant bagage d’expérience. Son intérêt pour l’intelligence artificielle et l’écriture ne date pas d’hier : il a fait partie du tout premier Comité d’IA de l’Université d’Ottawa, en 2018, a supervisé plusieurs étudiantes et étudiants des cycles supérieurs dont les travaux portaient sur l’IA et a publié trois romans. 

Il souhaite produire des articles de recherche, lancer un site Web exhaustif et animer un balado afin de diffuser découvertes et connaissances. En outre, il prévoit rédiger un guide qui expliquerait aux universités comment intégrer l’IA à leurs pratiques d’enseignement et d’apprentissage. Il veut ainsi les aider à orienter leurs politiques et les informer sur l’avenir de l’éducation dans un monde où l’IA prend de plus en plus de place. 

L’objectif ultime du titulaire de la Chaire d’excellence en enseignement universitaire de 2023 est de mieux comprendre comment les outils d’IA peuvent être intégrés au cadre pédagogique. « Il ne fait nul doute que ce que représente l’université changera au fil de la prochaine décennie, conclut Raywat Deonandan. C’est à nous qu’il revient de tout faire pour garder notre longueur d’avance. » 

À propos de la Chaire d’excellence en enseignement universitaire de l’Université d’Ottawa  

La Chaire d’excellence en enseignement universitaire met en relief l’engagement de l’Université d’Ottawa envers l’excellence en enseignement. Elle offre un financement annuel de 20 000 $ pour trois ans aux membres du corps professoral afin de leur permettre de mener des recherches sur des pratiques d’enseignement et d’apprentissage innovatrices qui bénéficieront à l’ensemble de la communauté universitaire. Parmi les titulaires actuels, on retrouve Andrew Sowinski (chaire de 2022), dont les travaux portent sur l’analyse et la prise de décisions fondée sur les données pour améliorer les résultats d’apprentissage des étudiantes et étudiants, et Simon Beaudry (chaire de 2021), dont le projet explore les façons de répondre aux besoins psychologiques de la communauté étudiante dans des contextes d’apprentissage défavorables. Les titulaires participent aux travaux de l’Unité de recherche ACEAPS de l’Université.