Séisme dans notre compréhension des plaques tectoniques dans le Nord-Ouest du Canada

Faculté des sciences
Sciences de la Terre et de l’environnement
Vue du complexe Marion et STEM depuis le canal Rideau
Depuis que l’humain écrit son histoire, il parle des conséquences désastreuses des tremblements de terre.

Si certains sont trop faibles pour être sentis, d’autres sont assez violents pour détruire des villes entières. L’activité sismique d’une région se définit par la fréquence, le type et l’ampleur des tremblements de terre qu’elle subit durant une période donnée. Serait-il possible de prédire ces phénomènes, à l’instar des ouragans, des inondations et des tornades (à divers degrés)? On croit que s’ils surviennent, c’est parce que la croûte externe de la Terre se compose de plaques rocheuses, les plaques tectoniques, qui peuvent se déplacer sur la couche de roches qui les supporte. Plutôt malléable, cette couche nommée « manteau » entoure le noyau terrestre, formé de matière en fusion.

Le Nord-Ouest du Canada a une géologie intéressante : il est formé d’un mélange de croûte montagneuse mince et chaude et de croûte stable épaisse et froide, ce qui influence considérablement la géodynamique régionale. L’amélioration de la couverture des stations sismologiques du Nord-Ouest du pays a été essentielle à l’élaboration des modèles 3D haute résolution de la structure profonde de la croûte et du manteau terrestre (0-300 km de profondeur) à l’aide de techniques d’imagerie sismique, qui ont permis d’en savoir plus sur l’évolution tectonique et la géodynamique de la région. Fasciné par ces techniques et par les outils analytiques, Clément Estève, récent titulaire d’un doctorat, s’en est servi pour étudier certaines caractéristiques cachées du manteau canadien, comme la faille de Tintina, le craton laurentien et le craton du Mackenzie.

Clément Estève
Clément Estève, récent titulaire d’un doctorat

Les recherches actuelles de Clément Estève portent sur l’activité sismique étrange de la mer de Beaufort (ouest de l’Arctique canadien). Le plus gros tremblement de terre qui s’y est produit (magnitude des ondes de surface de 6,5) date de 1920, ce qui laisse penser que la région est sujette à des tremblements de terre puissants, bien que rares. Grâce au déploiement récent de réseaux sismologiques, comme celui sur l’île Banks aux Territoires du Nord-Ouest, on reçoit de nouvelles données sismiques de plusieurs stations situées très près de la mer de Beaufort. La disponibilité de ces données combinée à un accès accru à des ressources informatiques abordables a permis de lever quelque peu le mystère de la géologie de la subsurface du Nord-Ouest canadien. Durant son doctorat, le chercheur a participé à l’entretien de ces stations et à l’installation d’une nouvelle station au bord de la mer de Beaufort (à Tuktoyaktuk, aux Territoires du Nord-Ouest).

À l’Université d’Ottawa, Clément Estève a travaillé sous la direction du professeur Pascal Audet. Il a reçu le prix Jack-Henderson du Groupe tectonique canadien (une division de l’Association géologique du Canada) pour la meilleure thèse de doctorat et est maintenant boursier postdoctoral Wares à l’Université McGill.

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