Un environnement sain favorise le bien-être des Autochtones

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Laurie Chan pose devant une fenêtre
La nourriture n’a pas seulement valeur de moyen de subsistance. Sa valeur culturelle, spirituelle et traditionnelle forme le noyau des croyances de nombreuses communautés, notamment celles des Premières Nations. C’est bien connu, le mode de vie des peuples autochtones est durable, entre autres parce qu’ils consomment des aliments traditionnels de la faune et de la flore locales.

Jusqu’à récemment, les habitudes alimentaires des Autochtones étaient méconnues. C’est pourquoi le professeur toxicologue Laurie Chan a codirigé avec le professeur Malek Batal, de l’Université de Montréal, un projet de recherche sur la nutrition chez les Premières Nations en partenariat avec l’Assemblée des Premières Nations (APN). Santé Canada et Services aux Autochtones Canada ont accordé un financement de plus de 12 millions de dollars à cette recherche.

De 2008 à 2018, l’équipe du professeur Chan a collaboré étroitement avec l’APN afin de mener l’Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement chez les Premières Nations (EANEPN), à laquelle ont participé 92 des 630 Premières Nations du Canada. L’EANEPN est la première étude approfondie sur le bien-être général et la sécurité alimentaire chez les Premières Nations visant à mieux comprendre leur alimentation, leur nourriture traditionnelle et les contaminants environnementaux auxquels elles sont exposées. L’équipe a entre autres effectué des analyses pour détecter les métaux-traces dans l’eau potable, les produits pharmaceutiques dans l’eau de surface, le mercure dans les cheveux des personnes participantes et la valeur nutritive des aliments traditionnels. Elle a également interrogé des ménages sur la sécurité alimentaire et sur leur mode de vie.

Le professeur Chan croit fermement en la valeur des recherches en milieu communautaire. « Ça prend beaucoup d’efforts pour créer un lien de confiance », avoue-t-il. Cependant, grâce à l’appui de l’APN, les Autochtones qui ont pris part à l’étude ont participé à toutes les étapes du projet, de la planification à l’interprétation et l’utilisation des résultats. L’EANEPN montre que les aliments traditionnels ont une plus grande valeur nutritive que les aliments achetés en magasin, mais que des obstacles environnementaux et systémiques nuisent à l’alimentation et au bien-être des Premières Nations. En moyenne, l’insécurité alimentaire est au moins trois fois plus grande chez les peuples autochtones que dans le reste de la population canadienne.

Ces résultats fiables et fondés sur des données sont essentiels à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques et de programmes pour soutenir les Premières Nations. Un numéro spécial de la Revue canadienne de santé publique a été consacré aux résultats de ce projet qui a duré dix ans. Le professeur Chan et son équipe ont présenté leurs résultats lors de conférences nationales et internationales et de rassemblements des Premières Nations, ainsi qu’à des ministères, à des services de santé publique et au Sénat canadien pour faire valoir l’importance de protéger la santé des Premières Nations et des autres communautés autochtones, et l’environnement.

Les projets collaboratifs donnent lieu à un dynamique échange d’idées et de connaissances entre la communauté de la recherche et les utilisatrices et utilisateurs de connaissances, qui profite à tout le monde. Le professeur Chan espère que les résultats de cette fructueuse étude permettront de stimuler la recherche visant à mieux comprendre et protéger les modes de vie autochtones. Son équipe et son programme de recherche continueront à défendre la justice environnementale.

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