Le nouveau Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range propose des simulations de cyberattaque et stimulera la recherche en cybersécurité  

Par Université d'Ottawa

Cabinet du vice-recteur à la recherche et à l'innovation, CVRRI

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Simulation Cyber Range
C’est un mardi matin bien ordinaire. Alors que vous parcourez vos courriels en sirotant votre café, votre téléphone sonne. C’est la directrice des TI, qui vous informe d’un incident inquiétant : des membres du personnel signalent d’étranges anomalies lorsqu’ils se connectent à leur compte. Certains dossiers importants sont inaccessibles et des erreurs louches ne cessent de surgir. Vous vous rappelez les récents reportages sur une vague de cyberattaques ciblant votre industrie. La situation devient alors très claire : il ne s’agit pas d’un simple pépin, mais de quelque chose de bien plus grave…

Chaque année, plus de 85 % des entreprises canadiennes sont touchées par des cyberattaques, même si le Canada se classe au 13e rang sur 75 pays en matière de cybersécurité. Mais avec le lancement du Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range, un espace spécialisé consacré à la lutte aux cyberattaques, Guy-Vincent Jourdan, son codirecteur, espère que ce pourcentage baissera bientôt.

Fruit d’un partenariat unique entre IBM et l’Université d’Ottawa, le laboratoire ouvrira ses portes le 19 octobre. Pour souligner l’occasion, nous nous sommes entretenus avec M. Jourdan pour discuter des principales caractéristiques de cet espace exceptionnel.

Q1 : Que proposera le Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range et comment stimulera-t-il la recherche en cybersécurité au Canada?

GVJ : Le Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range sera un incontournable en matière d’apprentissage et de recherche en cybersécurité. Grâce à des simulations immersives et interactives, les étudiantes et étudiants comme les professionnelles et professionnels seront exposés à des technologies de pointe et à une expertise concrète. Ces personnes feront plus qu’apprendre de la théorie : elles seront prêtes à affronter des situations bien réelles.

En plus d’offrir une expérience ludique, les nouvelles installations serviront de tremplin pour des recherches révolutionnaires en matière de cybersécurité et de cyberprudence dans plusieurs disciplines, notamment la technologie, la gestion, les sciences sociales, l’éthique et le droit. Nous adoptons une approche holistique et décloisonnée pour trouver des solutions plus efficaces et utiles.

Q2 : Pouvez-vous nous dire à quoi ressemblent les simulations? 

GVJ : Ça commence dès qu’on met le pied dans le Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range, qui est une pièce aux allures futuristes avec plusieurs rangées de postes de travail informatisés et un gigantesque écran affichant des données en temps réel (pensez au centre de contrôle des missions de la NASA). Pendant deux heures, les étudiantes et étudiants seront mis à l’épreuve, confrontés à une simulation de cyberattaque difficile et conçue pour favoriser le travail d’équipe.

Cette expérience se distingue par le chaos réaliste qu’elle propose. Il ne s’agit pas seulement d’un scénario préétabli : on parle d’une expérience complètement interactive avec son lot de confusion, de malentendus et de suggestions erronées, comme dans la vraie vie. L’équipe devra se débrouiller pour trouver une solution sensée, légale et éthique.

Une fois la simulation terminée, notre spécialiste en cybersécurité analysera la performance de l’équipe. En s’appuyant sur leurs réussites et en remédiant aux lacunes relevées, les participantes et participants pourront développer un processus d’intervention solide.

Certaines simulations vont encore plus loin : face à une crise de relations publiques, l’équipe doit nommer un ou une porte-parole qui donnera une entrevue en direct dans une réplique de studio télé qui se trouve ici même au laboratoire.

Q3 : Pouvez-vous nous parler de certains projets en cours au Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range et de leurs incidences potentielles?

GVJ : Pour l’un de nos projets, nous faisons équipe avec l’Université de Montréal. Ensemble, nous tentons de combler le fossé entre cadre juridique et pratiques de cybersécurité afin que nous puissions avoir des politiques et des règlements plus éthiques en matière de cybersécurité.

Nous avons aussi fait appel à nos amis du Centre des opérations de sécurité de l’Université d’Ottawa, qui nous fournissent des données précises sur les réseaux du campus. La qualité de ces données organiques est bien supérieure à celles de données « de synthèse » produites en laboratoire; elles permettent de développer de meilleures recherches, plus crédibles et fructueuses.

Nous travaillons aussi sur des modèles de langage fondés sur l’apprentissage machine. Imaginez un agent d’IA qui communiquerait avec des machines potentiellement dangereuses afin de prévenir des cyberattaques. Ça donnerait un énorme coup de pouce à notre système de cybersécurité.

Q4 : Qu’est-ce que le Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range apportera au Canada et au paysage mondial de la cybersécurité?

GVJ : Le Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range vise à bâtir des systèmes de cybersécurité ultra solides et à sensibiliser le public. Nous voulons protéger les infrastructures essentielles et offrir aux gouvernements et au secteur privé des formations en cybersécurité de classe mondiale, axées sur l’humain.

Nous avons en outre comme objectif de combler le manque de professionnelles et professionnels spécialisés en cybersécurité. C’est l’économie et les entreprises canadiennes qui en ressortiront gagnantes.

Enfin, nous mettrons à profit notre expérience locale pour tisser de solides liens à l’international. C’est ici que notre partenariat avec IBM devient inestimable, faisant du Canada un acteur incontournable dans le domaine de la cybersécurité.

Q5 : Pourquoi IBM a-t-elle choisi de s’associer à l’Université d’Ottawa pour le Laboratoire uOttawa-IBM Cyber Range? Qu’est-ce que l’Université a de si spécial à offrir?

GVJ : C’est le fruit d’une longue relation de confiance, bénéfique pour les deux parties. Nous menons conjointement des recherches depuis plus d’une décennie, et nos liens n’ont fait que se renforcer. Nos partenaires chez IBM savent très bien qu’en matière de cybersécurité, l’Université d’Ottawa est investie à fond.

Il ne faut pas non plus oublier notre emplacement privilégié au cœur de la capitale canadienne, et donc au cœur des activités gouvernementales. Le fait que nous soyons la plus grande université bilingue au monde facilite également les relations de notre partenaire avec le gouvernement et les autres intervenants francophones. C’est donc un partenariat qui va bien au-delà de la technologie.