Au-devant de l’innovation pédagogique en génie

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Conception et innovation pédagogique en génie
Étudiants à un bureau travaillant ensemble sur des ordinateurs portables avec du café.
Des auditoriums bondés d’étudiantes et d’étudiants qui prêtent l’oreille à la personne qui fait la classe : voilà l’image traditionnelle que l’on se fait des cours à l’université. Pourtant, bien qu’elle se révèle toujours pratique, cette structure n’est pas optimale pour tout le monde et ne se prête pas nécessairement bien à toutes les matières. C’est pourquoi Andrew Sowinski et Clémence Fauteux-Lefebvre, de la Faculté de génie, ont choisi de diversifier leurs méthodes d’enseignement.

Tous deux ont innové pour le mieux en classe, démontrant par le fait même la gamme de technologies et de styles pédagogiques à leur portée et les succès qui peuvent en découler.  

Les avantages de la classe inversée

Professeure à l’Université d’Ottawa depuis 2017, Clémence Fauteux-Lefebvre comprend tant la réalité prépandémique de l’apprentissage que celle d’aujourd’hui.  

Dès ses études doctorales, elle a cherché à améliorer l’expérience d’apprentissage grâce aux méthodes et aux outils d’enseignement en émergence. Ses étudiantes et étudiants étant appelés à affûter leurs compétences et leurs stratégies en génie de la conception, la professeure estimait que ses cours se prêtaient particulièrement bien à une formule pratique. Elle savait également qu’au-delà de la théorie, il lui fallait apprendre à ses classes à appliquer des principes complexes.  

Clémence Fauteux-Lefebvre, professeure à la Faculté de génie

« C’est quand j’accompagne mes étudiantes et étudiants dans la résolution d’un problème que je me sens le plus utile. J’ai donc commencé à intégrer le concept de classe inversée à mes cours.  »

Clémence Fauteux-Lefebvre

— Professeure adjointe, Département de génie chimique et biologique

Pour mieux comprendre les différents profils d’apprenantes et d’apprenants, la professeure s’est intéressée à diverses approches pédagogiques. La classe inversée, par exemple, conjugue cours magistraux préenregistrés et tutoriels en personne pour tenir compte tant des gens qui apprennent mieux individuellement que de ceux qui réussissent mieux en groupe. Ses tutoriels appellent les étudiantes et étudiants à résoudre des problèmes ensemble, en sa présence, pour acquérir des compétences clés. Il y a toujours une composante magistrale, mais celle-ci est adaptée à différents besoins pédagogiques, puisque ces cours sont préenregistrés et peuvent être visionnés en tout temps.  

Clémence Fauteux-Lefebvre souligne par ailleurs qu’en contexte de classe inversée, « on met moins l’accent sur les travaux pour privilégier la résolution de problèmes en classe. » 

Ces cours pratiques visent à bien préparer les étudiantes et étudiants non seulement aux examens, puisqu’il y en a, mais aussi à leur future carrière, car ils doivent maîtriser davantage la matière. « Éventuellement, le concept d’examen pourrait lui aussi être appelé à évoluer », mentionne-t-elle.  

Cela dit, la professeure Fauteux-Lefebvre est bien consciente que devant l’étendue des différents besoins d’apprentissage, il n’existe pas d’approche miracle.  

Enseignement hybride, structure flexible

Le professeur Andrew Sowinski a toujours eu à cœur d’enseigner en s’appuyant sur les plus récentes méthodes et technologies. « La population étudiante, les technologies, la recherche – tout évolue constamment, et on se doit de maintenir la cadence et d’innover dans nos styles d’enseignement et d’apprentissage », dit-il.  

Dans la foulée de la pandémie de COVID-19, l’enregistrement des cours magistraux – qui offre une plus grande flexibilité au corps étudiant – est devenu la norme. Or, le professeur savait qu’il fallait continuer d’innover. C’est ce qui l’a conduit à la méthodologie HyFlex.  

Contraction des mots « hybride » et « flexible », HyFlex fait référence, d’une part, au travail asynchrone (individuel et à son rythme) et synchrone (en groupe et en classe), et de l’autre, à la latitude d’apprendre en présentiel ou à distance. 

Andrew Sowinski, professeur à la Faculté de génie

« Les cours traditionnels s’adressent à des personnes qui apprennent bien en écoutant. La méthode HyFlex répond à l’ensemble des besoins d’apprentissage. »

Andrew Sowinski

— Professeur agrégé, École de conception et d'innovation pédagogique en génie

Pour le professeur Sowinski, la formule revient à offrir des tutoriels en groupe (synchrones) ainsi que des cours magistraux préenregistrés (asynchrones). Les étudiantes et étudiants peuvent ainsi apprendre aux côtés de leurs pairs, tout en visionnant du contenu à des heures qui leur permettent de bien absorber l’information. « Apprendre à 8 h 30 un lundi, ce n’est pas pour tout le monde. En enregistrant les cours magistraux donnés en classe, on permet à certaines personnes de les visionner plus tard et on introduit une certaine flexibilité dans leur horaire », fait-il remarquer.  

Cette flexibilité a d’ailleurs aidé ses étudiantes et étudiants à accéder à certains emplois. Un d’eux, par exemple, songeait à accepter un poste de recherche, mais il y aurait normalement eu conflit entre ses horaires de cours et de travail. Grâce aux enregistrements, il a pu concilier études et recherche, puisqu’il visionnait les cours magistraux lorsqu’il le pouvait.  

Outre la méthode HyFlex, l’utilisation des technologies occupe aussi une place de choix dans la philosophie d’enseignement d’Andrew Sowinski. « En utilisant un maximum d’outils quand on enseigne, on aide les étudiantes et étudiants à se démarquer face à la concurrence dès leur entrée sur le marché du travail. C’est donc un principe auquel je tiens. » Il privilégie ainsi tant les outils de collaboration, comme Microsoft Teams, que ceux plus pointus, comme Microsoft Power BI.  

L’avenir de l’enseignement

Il ne fait aucun doute que l’apprentissage en classe dans des domaines comme le génie continue d’évoluer. Avec une multitude de nouvelles technologies et méthodes au service de l’enseignement, Clémence Fauteux-Lefebvre prédit que les classes continueront de se transformer pour devenir plus flexibles et privilégier une approche pratique qui prépare véritablement à faire carrière en génie. 

Au cours de la prochaine décennie, Andrew Sowinski, lui, aimerait voir les technologies d’apprentissage percer dans les communautés éloignées pour que les gens qui y vivent puissent avoir un accès aussi stable que possible à l’enseignement supérieur.