Pour favoriser la croissance des fraisiers et combattre les maladies, la professeure MacLean, spécialiste des interactions microorganismes-végétaux, introduit des microorganismes bénéfiques, comme des bactéries et des champignons. Né de ses passions pour la microbiologie et l’agriculture durable, le projet des baies du Nord a reçu une aide financière d’un million de dollars dans le cadre du Défi Cultiver l’innovation d’ici.
Ce défi national encourage l’innovation et la collaboration dans le secteur agricole canadien. Sa mission est de réduire la dépendance du Canada à l’importation de produits frais en finançant le développement de technologies permettant d’accroître l’efficacité et la durabilité de la production locale. L’équipe du projet des baies du Nord, qui ne se concentre actuellement que sur les fraises, compte adapter ses installations à d’autres fruits et légumes pour renforcer la résilience du système alimentaire canadien.
« Le défi portait sur les baies, et nous avons choisi les fraises en raison du vaste marché encore sous-exploité que représentait la production locale. À l’heure actuelle, environ 90 % des fraises consommées au Canada sont importées. Nous voulons permettre aux agricultrices et agriculteurs du pays de produire de bonnes fraises à des prix concurrentiels en dehors de la saison estivale pour répondre à la demande nationale », explique Allyson MacLean.
En collaboration avec plusieurs partenaires de l’industrie, l’équipe du projet des baies du Nord a mis au point un système d’agriculture verticale expérimental permettant la production de fraises toute l’année. Vertiberry, dont le siège social se trouve en Belgique, a équipé les installations d’un système de refroidissement avant-gardiste qui utilise l’air froid canadien pour tempérer la chaleur produite par la transpiration végétale et l’éclairage DEL, une pratique écoénergétique et efficiente. La culture et les activités quotidiennes sont gérées dans les fermes Fieldless à Cornwall, en Ontario.
En adoptant une approche « de la racine à la pousse », l’équipe utilise différentes solutions novatrices qui ciblent chaque partie des fraisiers. D’ailleurs, ses fraisiers de grande qualité proviennent de Novafruit, une entreprise de St-Paul-d’Abbotsford, au Québec. L’équipe a aussi traité les racines avec une bactérie spécialement destinée à favoriser la croissance, cultivée en collaboration avec l’entreprise Ceragen de Waterloo pour améliorer le rendement et la résilience. Du côté des « pousses », Marina Cvetkovska, professeure au Département de biologie, améliore le taux de photosynthèse en optimisant l’éclairage pour une floraison et une production de fruits abondantes. Pendant ce temps, Patrick Dumond, professeur au Département de génie mécanique, travaille sur un système mécanique qui permettrait de polliniser les fraises sans abeille dans un souci d’efficience et de contrôle de la qualité.
Grâce à Skytree, une entreprise située à Amsterdam, le projet est encore plus durable. Son système de captage de carbone extrait le CO2 de l’air environnant, le concentre, puis alimente l’unité d’agriculture verticale. Il favorise ainsi la croissance des fraisiers, en plus d’avoir une moindre empreinte environnementale que les sources de CO2 conventionnelles.
Le projet affiche d’impressionnants résultats depuis son lancement en juillet 2023. « Nous avons tellement accompli en un an! Nous avons mis sur pied une unité d’agriculture verticale à la fine pointe de la technologie, mené plusieurs expériences et essais, puis développé des inoculants efficaces qui augmentent considérablement le rendement des récoltes », se réjouit la professeure MacLean. Au fil du temps, le projet contribuera à la sécurité et à la souveraineté alimentaires, offrant à la population canadienne une source d’approvisionnement durable et stable en produits frais à l’année.
Pour en savoir plus
- Laboratoire de symbiose de la professeure Allyson MacLean (en anglais seulement)
- Défi Cultiver l’innovation d’ici
- Des fermes verticales turbocompressées et des microbiomes végétaux sur mesure — Défi Cultiver l’innovation d’ici
- Des scientifiques de l’Université d’Ottawa créent un modèle technologique durable de culture fruitière – Nouvelles de l’Université d’Ottawa