Des enfants africains courent ensemble.
Ces trois semaines m'ont transformé. Elles m'ont appris que...

Megande Ashbelle Hounhouedo, Économie internationale et développement, mineure en informatique, 4e année
Pays de stage : Côte d'Ivoire
ONG canadienne : Alternatives
ONG locale : STERNA Africa

Quand j’ai commencé mon stage avec STERNA Africa, je m’attendais à apprendre sur le terrain, à animer des sensibilisations, à découvrir les réalités locales du développement. Ce que je n’avais pas prévu, c’est de passer trois semaines inoubliables avec cinq jeunes filles qui allaient marquer ma mémoire et redéfinir ma vision de l’engagement.

Le projet de basketball pour les filles organisé pendant les vacances scolaires était bien plus qu’une activité sportive. C’était un espace pensé pour elles, où elles pouvaient se dépasser, apprendre, s’exprimer, rire, et surtout : exister pleinement. C’était un lieu où elles avaient le droit d’occuper le terrain, au sens propre comme au figuré. Et moi, j’ai eu la chance d’en faire partie.

En parallèle du sport, un programme de soutien scolaire a été mis en place, et j’ai eu l’honneur d’accompagner cinq filles pendant trois semaines. Cinq personnalités différentes, cinq histoires, cinq sourires. Chaque matin, elles arrivaient avec enthousiasme, parfois timides, parfois pleines d’énergie, toujours prêtes à apprendre. On travaillait l’écriture, la lecture, les mathématiques. On répétait l’alphabet, on comptait de 1 à 100, on corrigeait ensemble les fautes. Ce qui peut paraître simple ou banal pour d’autres prenait ici tout son sens. On bâtissait des bases, pierre par pierre.

Mais ce que ces moments ont révélé, c’était bien plus que de l’apprentissage scolaire. C’était de la transmission humaine. Dans ces petits instants, au détour d’un exercice ou d’un dessin, naissaient des discussions plus profondes. Je leur parlais de l’importance de l’éducation, de la ponctualité, du respect des autres, de la solidarité, de l’honnêteté. Elles m’écoutaient avec sérieux, parfois avec surprise. Et moi, j’écoutais leurs rêves, leurs doutes, leurs questions sur le monde.

En parallèle, nous avons aussi animé des séances de sensibilisation sur des sujets cruciaux : la drépanocytose, la consommation de drogue, l’immigration clandestine… Des thèmes qui les concernent, qui les touchent de près. Leurs réactions, leurs prises de parole, parfois hésitantes, parfois puissantes, m’ont prouvé à quel point elles ont soif de savoir et besoin d’espaces pour s’exprimer librement.

Avant ce stage, je pensais que les ONG travaillaient surtout dans la distribution de ressources. Mais j’ai compris avec STERNA que l’impact réel ne se mesure pas seulement en biens matériels. Il se mesure en présence constante, en gestes simples, en confiance tissée avec le temps. Être là, chaque jour, écouter, accompagner, encourager. Agir avec les communautés, pas seulement pour elles.

Ces trois semaines m’ont transformée. Elles m’ont appris que le changement commence parfois dans une salle de classe improvisée, autour d’un petit groupe de filles qu’on aide à écrire leur

prénom correctement. Et que l’essentiel se joue souvent dans ces moments discrets, mais profondément humains.

J’espère de tout cœur qu’elles garderont quelque chose de moi, ne serait-ce qu’un mot, un moment, un conseil.

« Je leur ai peut-être appris à écrire leur prénom, mais elles ont inscrit leur empreinte dans le mien. »