De gauche à droite : Le professeur Vincent St. Louis (de l’Université de l’Alberta) et la professeure Kyra St. Pierre prélèvent des échantillons d’eau et de sol dans un milieu humide partiellement gelé de la toundra.
En lançant son propre laboratoire de recherche, la professeure Kyra St. Pierre a bouclé la boucle, revenant à l’Université d’Ottawa – où un premier stage coop dans le Grand Nord a tout changé. Maintenant chercheuse indépendante à la barre de travaux de recherche sur les changements climatiques, elle allie la science, l’action communautaire et sa fibre environnementale pour changer notre perception des écosystèmes les plus vulnérables du Canada et mieux les protéger.

Diplômée du programme de sciences de l’environnement de l’Université d’Ottawa, Kyra St. Pierre est maintenant professeure adjointe au Département des sciences de la Terre et de l’environnement. Son amour pour la nature et son grand enthousiasme pour le travail de terrain l’ont amenée à étudier à l’Université d’Ottawa en 2008.

« Kyra se démarquait déjà des autres étudiants et étudiantes », se souvient le professeur Alexandre Poulain, qui l’a supervisée pendant ses études de premier cycle. « Sa passion pour la microbiologie environnementale et le Grand Nord canadien transparaissait dans son travail remarquable. »

Les écosystèmes du Nord ont commencé à piquer son intérêt lors d’un stage coop auprès d’Affaires autochtones et du Nord Canada. Cette expérience lui a donné envie de réaliser un projet de recherche de fin d’études au laboratoire du professeur Poulain, où elle a travaillé sur des mesures géochimiques complexes et analysé des isotopes de mercure stables, des approches avant-gardistes pour le laboratoire à l’époque. Son travail remarquable lui a valu des bourses prestigieuses, dont une bourse d’études supérieures du Canada Alexander-Graham-Bell du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et une bourse d’études supérieures de la Reine Elizabeth II en sciences et technologie. Cela lui a aussi permis de publier très tôt dans des revues réputées, comme Environmental Science & Technology.

Kyra St. Pierre a ensuite fait un doctorat de l’Université de l’Alberta, rédigeant sa thèse sur la santé de l’écosystème du lac Hazen dans l’Extrême-Arctique. Elle a aussi entrepris d’autres projets en parallèle, étudiant différentes sources de méthylmercure et leur cycle en Arctique. Pendant ses études de doctorat, elle a reçu la très convoitée bourse d’études supérieures du Canada Vanier et une bourse de recherches postdoctorales Banting à l’Université de la Colombie-Britannique. Là-bas, elle a élargi la portée de ses recherches, adoptant des approches interdisciplinaires pour étudier les effets des changements climatiques sur les milieux côtiers du Nord. Ses études novatrices sur la présence de mercure et de méthylmercure dans les tissus des ours polaires sont un bon exemple de sa détermination à s’attaquer à des enjeux environnementaux concrets.

Agenouillée sur une rive rocheuse dans un cadre montagneux éloigné de l’Arctique, la professeure Kyra St. Pierre prélève des échantillons d’eau dans un cours d’eau rapide sous un ciel bleu.
La professeure Kyra St. Pierre prélève des échantillons d'eau dans un cours d'eau rapide de l'Arctique, sur une rive rocheuse.

En 2023, Kyra St. Pierre est revenue à l’Université d’Ottawa, se joignant cette fois-ci au corps professoral. Elle est maintenant à la tête du groupe de recherche Biogéochimie de la terre à l’océan (L2O). Son équipe de recherche utilise des outils de chimie environnementale, d’écologie et d’hydrologie pour mieux comprendre les écosystèmes aquatiques et leur adaptation aux changements climatiques. L’un de ses projets actuels l’amène à collaborer avec des peuples des Premières Nations au Yukon pour étudier les répercussions des changements climatiques sur la qualité de l’eau douce. Ce projet aura des retombées sur la gouvernance et les politiques locales.

Au-delà de ses réalisations universitaires, la professeure St. Pierre mène une vie personnelle et professionnelle bien équilibrée. Violoniste de formation classique et instructrice de conditionnement physique certifiée, elle a donné des cours de barre tout au long de son doctorat et tient à maintenir cet équilibre. Ces champs d’intérêt reflètent sa manière globale d’aborder les sciences et la vie.

Maintenant qu’elle est professeure, elle a à cœur de marier les sciences naturelles et les sciences sociales. Elle insiste sur l’importance de combiner différents systèmes de connaissances, dont le savoir autochtone, pour faire face aux enjeux environnementaux complexes de notre époque. Son parcours montre bien comment la recherche interdisciplinaire à caractère communautaire peut laisser une empreinte durable dans le laboratoire, dans le Nord et ailleurs.

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