Dans le doute, pas une goutte! L’étude des efflorescences algales nuisibles

Faculté des sciences
Biologie
Sciences
Hebah Mejbel
Avez-vous déjà vu un lac où la baignade était interdite? L’eau était-elle verte et visqueuse et son odeur nauséabonde? Si oui, elle était probablement contaminée par des efflorescences algales nuisibles.

Les efflorescences algales nuisibles, ce sont des proliférations d’algues excessives produites par des cyanobactéries observées dans des lacs, des rivières et des zones marines côtières. Elles résultent généralement d’un excès de nutriments causé par la pollution du ruissellement agricole et des eaux usées. De plus, l’allongement de la saison estivale, résultat des changements climatiques, offre des conditions propices à leur prolifération.       

La plupart des études sur l’eau douce dénombrent les cyanobactéries à l’aide de techniques traditionnelles comme la microscopie. Comme ces techniques sont coûteuses et laborieuses, Hebah Mejbel, doctorante dirigée par la professeure Frances Pick, s’est mise en quête de méthodes d’essai plus efficaces et bon marché. Elle a employé une méthode moléculaire pour étudier la concentration et la toxicité des cyanobactéries dans quatre lacs ayant subi des manipulations : un lac fertilisé avec du phosphore et de l’azote, un lac acide et deux lacs témoins. La chercheuse a prélevé de grands échantillons de sédiments des divers lacs et les a divisés en sous-sections analysées à l’aide d’outils moléculaires, dont la réaction en chaîne par polymérase numérique à gouttelettes et le séquençage à haut débit. L’utilisation de sédiments plutôt que d’eau s’est avérée essentielle; agissant comme une capsule témoin, ils permettent de faire un suivi à long terme de la présence des cyanobactéries dans les lacs. Les résultats d’Hebah montrent une augmentation marquée de la concentration et de la toxicité des cyanobactéries dans les lacs fertilisé et acide par rapport aux lacs témoins. Autrement dit, si la pollution des lacs ne cesse pas, les concentrations de cyanobactéries augmenteront et gagneront en toxicité, ce qui aura pour effet de doper la croissance des efflorescences algales nuisibles.

Hebah a gagné de nombreux prix soulignant son travail impressionnant dans le domaine de recherche en émergence des efflorescences algales nuisibles, y compris le prix du meilleur article étudiant à la conférence Interdisciplinary Freshwater Harmful Algal Blooms de 2022, la Bourse commémorative Antoine-Morin, la Bourse commémorative Don-E.-McAllister et, plus récemment, une Bourse postdoctorale Mitacs pour l’élaboration de politiques scientifiques canadiennes à Environnement et Changement climatique Canada.

En plus de réaliser ses travaux, elle a participé au programme de sensibilisation des jeunes appelé Skype a Scientist, a fait des présentations à de nombreuses conférences en sciences aquatiques (à la North American Lake Management Society, au Paleolimnology Symposium, à la Phycological Society of America) et a été membre du comité pour l’équité, la diversité et l’inclusion des étudiants aux cycles supérieurs en biologie, où elle a donné des conseils sur les sondages et les processus d’embauche adressés aux étudiantes et étudiants de premier cycle.

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