Lever le voile sur la culture de la mystérieuse bactérie Shigella

Faculté des sciences
Sciences
Navoun Silué
Les bactéries sont partout : dans le sol, dans l’air, dans les déchets radioactifs et même dans le corps humain. Leur capacité de proliférer dans des environnements extrêmes en fait des alliés puissants, mais aussi de redoutables ennemis.

Navoun Silué, un candidat au doctorat qui travaille avec le professeur François-Xavier Campbell-Valois, a consacré le plus clair de ses études doctorales à décortiquer et à caractériser le matériel génétique d’une famille de bactéries nuisibles : la Shigella. Ces micro-organismes sont à l’origine de la shigellose – une infection contagieuse du gros intestin causant une diarrhée grave.

Le chercheur a découvert deux gènes impliqués dans le pouvoir pathogène de la Shigella.Autrement dit, il a levé le voile sur des pans inconnus du matériel génétique qui permet à la bactérie de causer des maladies diarrhéiques. Ses résultats jettent également un éclairage nouveau sur l’émergence, chez des bactéries non pathogènes, de variantes pathogènes. L’étudiant a eu recours à des techniques perfectionnées, comme la réaction en chaîne par polymérase numérique à gouttelettes, pour analyser l’expression génétique dans la bactérie. En utilisant l’immunobuvardage, il a caractérisé les protéines encodées par deux des mystérieux gènes. Toutes sortes d’autres techniques de biologie moléculaire ont été employées dans le cadre de l’étude, comme la mutagenèse, le clonage et la réaction en chaîne par polymérase.

Dans le cadre d’une collaboration internationale, Navoun s’affaire à trouver des molécules qui inhibent le pouvoir pathogène de la Shigella. Il espère que ces nouvelles molécules ou leurs dérivés puissent représenter une nouvelle avenue thérapeutique pour la shigellose. Après son doctorat, Navoun souhaite poursuivre une carrière dans un organisme axé sur la recherche comme l’Agence de la santé publique du Canada. 

Le parcours de Navoun n’a pas été sans embûches. En tant qu’étudiant étranger originaire de la Côte d’Ivoire, il a eu de la difficulté à trouver un directeur de thèse, car il manquait de références pour attester de son expertise au Canada. Il a même suivi des cours supplémentaires pour « étudiantes et étudiants spéciaux » à l’Université d’Ottawa dans le but d’augmenter ses chances de poursuivre des études supérieures. Après avoir essuyé plusieurs refus, Navoun, finalement récompensé par sa persévérance, a obtenu un poste dans l’équipe du professeur Campbell-Valois. « Navoun est un précieux collaborateur, une perle rare! Je lui dois beaucoup pour sa collaboration remarquable en tant que membre fondateur de mon équipe de recherche, explique le professeur. Compte tenu de son expérience antérieure dans un centre pour le contrôle des maladies en Côte d’Ivoire, ses objectifs de carrière sont à sa portée. J’espère que sa réussite deviendra un témoignage de ce que peuvent accomplir des scientifiques francophones des quatre coins du globe en travaillant ensemble à l’Université d’Ottawa. » Navoun attribue également sa réussite au mentorat du professeur Daniel Figeys, qui lui a enseigné plusieurs techniques dans le cadre du projet TECHNOMISE du programme FONCER du CRSNG.

Son conseil à celles et ceux qui aspirent au doctorat? « Ne jamais écarter de résultats, même s’ils semblent aberrants au premier coup d’œil; ils pourraient bien être porteurs d’importantes découvertes dans l’avenir. » Il souligne l’importance de la persévérance dans le parcours d’études aux cycles supérieurs : « les échecs sont fréquents, mais il est toujours possible de rebondir. »

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