Pionniers et pionnières de l’Université d’Ottawa : Gwen Madiba (M.A. 2012; B.Sc.Soc. 2008,), bâtisseuse de communautés bienveillantes

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Gwen Madiba
Le service communautaire fait partie de la vie de Gwen Madiba (M.A. 2012; B.Sc.Soc. 2008) depuis qu’elle est toute petite. Lorsqu’elle vivait encore à Libreville (Gabon), sa mère revenait de l’hôpital où elle travaillait avec des histoires de familles incapables de s’offrir des services médicaux. Prenant fait et cause pour ces gens, il lui arrivait même de payer leurs soins.

Cet exemple de générosité s’est vu renforcé par le sentiment de communauté qui caractérise la société gabonaise. Elle se souvient de bandes d’enfants jouant ensemble, et d’une culture où le voisinage était une extension de la famille.

Le père de Gwen Madiba, aujourd’hui décédé, était diplomate. C’est son travail qui a amené la famille à s’installer à Ottawa en 1993. Gwen avait alors sept ans. La période qui a suivi n’a pas été de tout repos, non seulement parce que la notion culturelle de famille était plus restreinte qu’au Gabon, mais aussi parce que pour la première fois, la jeune fille était confrontée au racisme et à la discrimination.

Quelques années après leur arrivée, ses parents lui ont demandé ce qu’elle voulait faire plus tard, quel était son but dans la vie. «Je leur ai répondu que mon but était d’aider le plus grand nombre d’enfants possible. En grandissant, j’ai ajouté à ce groupe les femmes ainsi que les personnes en situation d’itinérance ou à faible revenu.»

C’est l’école secondaire De La Salle et l’Université d’Ottawa qui lui ont fait découvrir la diversité et le multiculturalisme du Canada. La beauté de cette découverte, conjuguée à la construction de son identité et à son expérience personnelle de la discrimination et de l’itinérance, l’a confortée dans son désir de venir en aide aux autres.

En cours de route, la jeune femme a rencontré des enseignantes et enseignants qu’elle considère maintenant comme des mentors et des membres de sa famille, dont le professeur Boulou Ebanda de B’béri et les professeures Joanne St. Lewis et Diane Pacom, qui ont fait preuve à son égard d’une fermeté affectueuse et ont su l’inspirer.

«L’Université d’Ottawa a vraiment fait de moi la personne que je suis aujourd’hui », explique la jeune femme, en référence à ces personnes, ainsi qu’à sa participation au journal étudiant francophone et aux clubs étudiants. « C’est là que j’ai pu devenir ce que je voulais être, rêver autant que je voulais et m’outiller pour atteindre les objectifs que je m’étais fixés. »

Gwen Madiba continue de s’impliquer à l’Université d’Ottawa : elle anime le balado uOCourant, où elle des membres de la communauté diplômée et de recherche. En 2018, elle s’est vu décerner le prix Jeune diplômée de l’Université.

Gwen Madiba serre la main des gens à une clôture.

À chances égales dans la vie et la joie

Gwen Madiba a mis sur pied Equal Chance, une fondation qui fait la promotion du bien-être socioéconomique, culturel et politique des femmes vulnérables et des membres des communautés noires, plus particulièrement des personnes en situation d’itinérance et des familles à faible revenu appartenant à des groupes racisés.

Equal Chance ne se contente pas d’aider les gens à subvenir à leurs besoins quotidiens. Gwen Madiba et son équipe prennent le temps de comprendre leur situation et de trouver des solutions dans un esprit de concertation. C’est d’ailleurs grâce à cette compréhension des causes profondes que la fondation peut aiguiller les gens vers des foires de l’emploi, des spécialistes des finances et d’autres ressources culturellement significatives qui les aideront à planifier leur avenir. « L’idée est de créer des espaces où les gens peuvent mobiliser des ressources intérieures qu’ils ignoraient même posséder », explique la jeune femme.

Gwen Madiba est également cofondatrice de la Global Black Coalition. Lancé en février 2022, le groupe a aidé jusqu’à maintenant 2 000 membres de minorités visibles ayant fui la guerre en Ukraine. Grâce à son travail, mené en collaboration avec l’un de ses mentors, le professeur Boulou, l’Université a été parmi les premières à admettre des étudiantes et étudiants déplacés par la guerre.

Que ce soit dans le cadre de son travail à Equal Chance, à la Global Black Coalition ou dans d’autres projets, la jeune femme se laisse guider par ses principes et ses valeurs : « Dans la vie, on apprend et on transmet, on reçoit et on donne. Mon père disait toujours que ça ne servait à rien de bâtir quelque chose si on ne pouvait le partager avec les autres. Pour moi, le partage est une marque de bienveillance, une disposition qui change la vie des gens en mieux.