Cette année, à l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, elle renouvelle cet engagement en braquant les projecteurs sur le Plan d’action autochtone 2025-2030, qui invite à la réflexion sur la situation actuelle et nos aspirations pour l’avenir.
S’inspirant des enseignements du wìgwàm, la demeure anishinaabeg traditionnelle, le plan est structuré selon quatre « cerceaux » interconnectés. À l’instar des perches cintrées d’un wìgwàm, chaque cerceau vient consolider l’un des grands domaines de transformation : l’établissement, les programmes universitaires, l’espace physique et la communauté. Cet article, le premier d’une série de quatre, présente le nouveau plan et son premier cerceau : le changement institutionnel (politiques, procédures, systèmes).
Importance du Plan d’action autochtone pour la communauté de l’Université d’Ottawa
Lorsque Tareyn Johnson est devenue la première directrice des affaires autochtones de l’Université en 2017, elle n’avait aucun modèle pour la guider. Faisant appel à son expérience en autochtonisation, elle a demandé à son bureau de préparer une feuille de route audacieuse et ambitieuse – la première version du Plan d’action autochtone – pour offrir des conseils aux personnes prêtes à agir.
C’est ce plan qui a préparé le terrain. « Certaines personnes le suivaient à la lettre, alors que d’autres s’en inspiraient pour créer leurs propres objectifs », se souvient Tareyn Johnson. Puis, comme de plus en plus de facultés et services l’utilisaient, il a fallu en créer une deuxième édition. La deuxième mouture du plan tire profit du dynamisme institutionnel et transforme l’approche, désormais ancrée dans la collaboration avec les communautés autochtone et allochtone.
Avant de rédiger la nouvelle version, Tareyn Johnson et son équipe ont mené des consultations à l’échelle du campus. Le groupe a écouté, pris des notes et présenté ses idées aux membres de la communauté universitaire pour recueillir leurs commentaires et peaufiner le plan. « Les nouveaux éléments ajoutés à chaque cerceau viennent directement des gens impliqués, explique-t-elle. Ils n’ont pas été imposés par le Bureau des affaires autochtones, mais sont plutôt le résultat d’une réflexion sur ce que l’établissement est prêt à faire. »
Tareyn Johnson croit que l’Université d’Ottawa est prête à changer non seulement ses principes, mais également ses pratiques. « Le plan permet de visualiser la voie à suivre. »

« Le plan permet de visualiser la voie à suivre. »
Tareyn Johnson
— Director of Indigenous Affairs
Principaux changements et résultats du premier Plan d’action autochtone
Le plan 2025-2030 s’appuie sur les leçons tirées de la première version. Les éléments associés aux actions menées à bien ont été supprimés. D’autres ont été peaufinés ou remplacés pour mieux refléter la structure et les priorités de l’établissement. Enfin, de nouvelles orientations ont été proposées en fonction de ce que les facultés et les services avaient déjà tenté, mais aussi ce qu’ils étaient prêts à entreprendre.
Certains changements se concrétisent déjà. Le cerceau 3 – axé sur l’espace physique – a rapidement pris forme grâce à la collaboration avec le Service des immeubles. « Des exigences de collaboration autochtone ont été ajoutées à toutes les propositions de projets, poursuit Tareyn Johnson. On a donc pu installer davantage d’art public et renommer certaines rues du campus, où la présence autochtone est désormais plus marquée. Ce type de présence visible et artistique, c’est ce que j’appelle l’interaction passive. On n’assimile pas nécessairement l’information consciemment, mais on interagit passivement avec les visions du monde autochtone par l’environnement. »
Une autre réalisation importante du plan est la création de l’Institut de recherche et d’études autochtones comme domaine d’étude autonome. Faisant auparavant partie d’un programme plus vaste, l’Institut accueille désormais la recherche et les programmes dirigés par les Autochtones à l’Université d’Ottawa.
Le nouveau plan inclut des lignes directrices, que chaque unité peut adapter à son contexte. « Par ce plan, notre bureau offre une orientation, et l’établissement reconnaît sa propre capacité à changer. »
Cerceau 1 : changements institutionnels à l’Université d’Ottawa
Le premier cerceau du Plan d’action autochtone 2025-2030 est axé sur l’établissement en tant que tel (ses systèmes, ses politiques et sa culture interne). C’est la partie qui interpelle le plus directement le personnel et la direction. Elle met principalement l’accent sur la rétention, l’accueil et l’intégration, et la façon dont l’Université structure ses programmes de soutien.
Par exemple, les Ressources humaines intègrent du contenu autochtone dans les ressources d’accueil et d’intégration des membres du corps professoral ou du personnel venant d’arriver. « En collaboration avec les RH, nous élaborons un processus d’intégration obligatoire qui présente les cultures, les récits et les façons de travailler autochtones, non pas dans le seul but d’offrir du contenu, mais pour donner un autre point de vue », explique Tareyn Johnson.
Le cerceau 1 invite les gens à voir le lien entre le perfectionnement professionnel, le bien-être et les services de soutien. Tareyn Johnson mentionne le concept holistique anishinaabemowin de mno bmaadiziwin, soit une belle vie équilibrée. « C’est l’idée selon laquelle toutes les sphères de notre vie et de notre travail sont interreliées. C’est ce qu’on essaie de refléter sur le plan du fonctionnement de l’établissement. »
Le cerceau 1 porte aussi sur l’augmentation de la représentation autochtone à la gouvernance, l’amélioration des systèmes financiers et le renforcement de l’expertise de recrutement. Une stratégie de finances autochtone, qui devrait ultimement être adoptée partout sur le campus, est en cours d’élaboration.
« Le cerceau force l’établissement à faire de l’introspection. Il doit revoir son fonctionnement, ses formes de soutien et sa façon d’intégrer les perspectives autochtones à ses activités courantes », conclut la directrice.
Utilisation du Plan d’action autochtone par le personnel enseignant et non enseignant
Le Plan d’action autochtone ne s’adresse pas qu’à la direction, mais aussi aux universitaires, aux services, à la gouvernance et à l’administration.
Il guide les gens voulant s’impliquer dans l’autochtonisation et la décolonisation, mais qui ne savent pas comment s’y prendre. « C’est à la fois une mise en contexte, une liste de priorités et une explication de nos besoins. C’est un guide pour mieux comprendre. »
Pendant ce Mois national de l’histoire autochtone, le cerceau 1 nous rappelle que les changements institutionnels prennent du temps. Ils s’opèrent une politique, une décision et une conversation à la fois. Le Plan d’action propose une trajectoire que tout le monde peut suivre.