Photo - Rachel Fayter
Le parcours de Rachel Fayter dépasse de loin les cadres habituels d’un diplôme universitaire. Diplômée d’un doctorat en criminologie à la Faculté des sciences sociales, elle incarne avec force ce que signifie résilience, transformation et engagement social. Son histoire personnelle est aussi bouleversante qu’inspirante : elle témoigne de la capacité du savoir à réparer, élever et redonner espoir.

Avant d’entrer à l’Université d’Ottawa, Rachel étudiait en psychologie au doctorat lorsqu’un enchaînement de violences conjugales, de troubles de santé mentale et de criminalisation l’ont menée à l’incarcération pendant plus de quatre ans. Une période sombre, durant laquelle elle perdait espoir de reprendre un jour ses études.

Mais c’est au cœur même de la prison qu’un déclic se produit. Elle découvre le programme Walls to Bridges, qui offre des cours universitaires en milieu carcéral. Ce programme change sa vie. Elle y trouve non seulement une nouvelle voie, mais une communauté, une voix, une mission.

Une fois libérée, Rachel reprend ses études grâce à l’appui de professeurs de l’Université d’Ottawa, dont la professeure Jennifer Kilty, qui deviendra sa directrice de thèse. Son doctorat s’appuie sur son expérience vécue en milieu carcéral et explore la manière dont les femmes incarcérées résistent à l’oppression systémique, développent des solidarités et se reconstruisent.

Tout au long de son parcours, elle obtient les bourses OGS puis CRSH, publie des articles dans le Journal of Prisoners on Prisons, intervient dans les médias et coanime des formations pour les enseignants souhaitant intervenir dans les milieux de détention.

Rachel ne se contente pas d’étudier le système carcéral : elle le transforme de l’intérieur. Conférencière, chercheuse, activiste, elle milite pour l’éducation accessible en prison, la dignité des personnes criminalisées, et l’importance des savoirs ancrés dans l’expérience.

Aujourd’hui, elle est chercheuse postdoctorale à l’Université Carleton et donne un cours à l’Université d’Ottawa sur les femmes et la criminalisation. Elle travaille également sur une proposition de livre inspiré de sa thèse.

Son conseil aux étudiants :« Choisissez un sujet de recherche qui vous passionne vraiment, car il habitera vos journées — et parfois vos nuits — pendant des années. Et surtout, entourez-vous de personnes qui croient en vous et vous élèvent. »

Sa citation fétiche :« Dieu a renversé les puissants de leurs trônes, et élevé les humbles. Il a rassasié les affamés de biens, et renvoyé les riches les mains vides. » (Magnificat, Évangile selon Luc 1:52–53)


Pour elle, une vision d’un monde enfin réparé, renversé dans le bon sens.