Frances Bekking, Développement international et mondialisation, 4e année
Pays de stage : Népal
ONG canadienne : Alternatives
ONG locale : Alternatives
Mener des recherches indépendantes comporte de nombreux défis, en particulier lorsqu'elles sont réalisées à l'étranger et impliquent de travailler avec des communautés marginalisées. En tant que stagiaire travaillant actuellement au Népal sur les systèmes de gestion des déchets, j'ai pris conscience de la complexité des recherches menées en solo. L'une des premières difficultés que j'ai rencontrées était la langue. Bien que les applications de traduction de base puissent sembler une solution simple, j'ai préféré faire appel à un traducteur sur place, car cela est plus pratique pour les entretiens. Cependant, je me suis rapidement rendu compte que le fait d'interviewer en népalais pour ensuite faire traduire les entretiens posait des problèmes pour mes recherches. Le principal problème était qu'une fois que je recevais la traduction des entretiens, j'avais plusieurs questions complémentaires et des précisions à demander que je n'avais pas pu poser pendant l'entretien. Heureusement, lors de ma deuxième série d'entretiens, mon traducteur a eu le temps de traduire les réponses des personnes interrogées sur le moment, ce qui m'a permis d'obtenir des résultats plus complets. Un autre défi auquel j'ai été confrontée était le dilemme éthique lié à l'étude de groupes marginalisés tels que les travailleurs informels du secteur des déchets. Je me suis souvent interrogée sur ma place en tant qu'étrangère et invitée temporaire, et je me suis demandé si je rendais justice aux travailleurs dans mes recherches. Je me suis retrouvée confrontée à des préoccupations quant au risque de renforcer involontairement des stéréotypes ou de faire des généralisations sur la base d'un échantillon réduit. J'ai toujours gardé à l'esprit que ce que je voyais n'était qu'une infime partie d'un ensemble plus vaste, étant donné que je n'avais eu l'occasion d'interviewer qu'une poignée de travailleurs pendant quelques minutes seulement. Si les informations que j'ai recueillies sont précieuses, elles ne sont toutefois pas exhaustives. Il y a également la question du consentement et du pouvoir. Après avoir mené mes entretiens, je me suis demandé si les participants se sentaient libres de refuser l'entretien ou s'ils se sentaient en sécurité pour partager des informations personnelles avec quelqu'un qui, en fin de compte, dispose de plus de privilèges et de ressources qu'eux. Une recherche éthique véritable implique d'être conscient de ses propres préjugés et de donner la priorité à l'autonomie des personnes dont on apprend. Enfin, je me suis demandé si ma compréhension du sujet était suffisante pour mener à bien un projet de recherche significatif. Même après avoir passé des semaines ou des mois dans une communauté, il y a des choses que je ne comprendrai jamais complètement. La politique globale, les subtilités du système de gestion des déchets, les facteurs culturels et historiques qui influent sur le système, les attitudes sociétales, etc. Je crains que, faute de temps, je n'aie pu acquérir qu'une compréhension élémentaire du sujet, ce qui a conduit à des résultats de recherche superficiels. De plus, j'ai peut-être interprété ce que j'ai vu à travers un prisme biaisé, ou j'ai peut-être manqué des sous-entendus qui seraient évidents pour un chercheur local. Malgré ces difficultés, je pense que ce type de recherche a tout de même une valeur. J'ai beaucoup appris sur la recherche, ce que je n'aurais pas pu apprendre en classe, et il y a encore matière à amélioration. J'ai appris que je devais cesser de viser la perfection ou la compréhension totale, mais plutôt être honnête quant à mes limites et rester ouverte à l'apprentissage constant. Je ne suis qu'une observatrice dans une histoire beaucoup plus vaste et complexe, et je pense que mon point de vue a apporté quelque chose à l'ensemble des travaux sur la gestion des déchets dans les pays en développement. Alors que je poursuis mes recherches ici au Népal, je me rappelle que la connaissance est relationnelle. Elle ne découle pas seulement de l'étude, mais aussi de l'écoute, de la capacité à supporter l'inconfort et de la volonté d'admettre ce que l'on ne sait pas. Je suis reconnaissante d'avoir appris cela dans le contexte dans lequel je me trouve, entourée de personnes qui me soutiennent au sein de mon ONG et de mon université, qui me soutiennent et veillent à ce que j'apprenne et grandisse tout au long de cette expérience.