Sentir la chaleur : le vieillissement et ses conséquences sur la température et l'hydratation du corps

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Un homme âgé qui s'éponge le cou avec une serviette tout en buvant une boisson sportive dans une bouteille
Un homme âgé qui s'éponge le cou avec une serviette tout en buvant une boisson sportive dans une bouteille

Une étude de l'Université d'Ottawa révèle que la régulation de la température corporelle chez les personnes âgées n'est pas affectée par l'augmentation de l'osmolalité – ou la salinité – du sang

L'entraînement, surtout lorsqu'il est fait dans un environnement chaud, expose le corps à un stress thermique qui provoque une augmentation de la température corporelle. Notre corps réagit alors en transpirant et perd du liquide, ce qui signifie que nous devons boire de l'eau, ou d'autres boissons, afin d’éviter la déshydratation. Robert Meade et Glen Kenny, de la Faculté des sciences de la santé à l'Université d'Ottawa, ont examiné comment les interactions physiologiques entre les fluides corporels et la régulation de la température changent avec l’âge. L'étude révèle qu'en vieillissant, une osmolalité sanguine élevée – ou une forte teneur en sel dans le sang –, qui se produit lorsque nous nous déshydratons, a moins d'impact sur la régulation de la température corporelle chez les hommes âgés, ce qui rend l'hydratation particulièrement importante, puisque la capacité à préserver le fluide corporel diminue. Ils ont publié leurs plus récentes conclusions dans The Journal of Physiology.

Nous avons parlé au chercheur principal Robert Meade, étudiant en doctorat à l'Unité de recherche en physiologie humaine et environnementale de l’École des sciences de l'activité physique, pour en savoir plus.

Qu'avez-vous découvert?

« La principale conclusion de notre étude est qu'une osmolalité sanguine élevée nuit moins à la régulation de la température corporelle chez les hommes plus âgés que chez les jeunes lorsqu’ils font des exercices dans des conditions chaudes.

Lorsque nous faisons un entraînement sous la chaleur, ou que nous sommes exposés à un environnement chaud, nous nous déshydratons et l'osmolalité du sang augmente. Cette hausse de l'osmolalité, ou de la teneur en sel, dans le sang déclenche notre soif et réduit le taux de transpiration du corps.

Si la diminution du taux de transpiration nous fait perdre moins de chaleur et connaître des températures corporelles plus élevées, ces ajustements limitent également les pertes de liquide et ralentissent le taux de déshydratation. Les réponses physiologiques à la déshydratation agissent ainsi pour équilibrer les besoins de régulation des fluides et de la température du corps. Nos conclusions indiquent que ces ajustements sont affaiblis chez les personnes âgées. »

Pourquoi est-ce important?

« En vieillissant, nous devenons moins efficaces pour réguler notre température corporelle et notre état d'hydratation. On pense que ces facteurs contribuent au risque accru de blessures légères liées à la chaleur (l'épuisement attribuable à la chaleur, par exemple) et de blessures graves liées à la chaleur (les coups de chaleur, par exemple), ainsi qu'aux événements cardiovasculaires indésirables dont souffrent les personnes âgées en cas de stress thermique, comme lors d'une canicule. Nous offrons plus de détails sur ce sujet spécifique dans un récent exposé de synthèse.

Nos conclusions fournissent des informations importantes sur la façon dont la régulation intégrée de la température et de l'hydratation du corps est influencée par le vieillissement.

Ces connaissances pourraient nous permettre de mieux adapter les stratégies de gestion de la régulation de la température corporelle et de l'état d'hydratation pendant l'exposition à la chaleur chez les personnes âgées. En vieillissant, nous pouvons avoir besoin de rappels plus fréquents de boire de l'eau lorsque nous travaillons dans un environnement chaud ou pendant les vagues de chaleur, car nous avons moins soif et notre capacité à préserver les fluides corporels diminue.

Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour appuyer ces affirmations, car nous en savons très peu sur les conséquences de ces changements dans des situations "réelles" ».

Comment la recherche a-t-elle été menée?

« Des groupes de jeunes hommes et d’hommes plus âgés ont participé à deux essais d'exercice et de stress thermique sur des jours différents.

À leur arrivée au laboratoire, les participants ont reçu une perfusion intraveineuse de solution saline par le biais d'un cathéter intraveineux inséré dans leur bras. Dans l'un des essais, la solution saline avait une teneur en sel comparable à celle du sang. Dans l'autre essai, la teneur en sel était environ trois fois plus élevée que celle du sang – une teneur en sodium équivalente à environ 40 boissons sportives standard – ce qui nous a permis d'élever l'osmolalité à un niveau similaire à celui observé lorsqu’une personne est déshydratée.

Après l'infusion saline, les participants ont été transférés dans un calorimètre direct, un appareil de recherche unique en son genre que notre groupe utilise pour mesurer très précisément la chaleur dissipée par le corps humain pendant l'exercice ou le stress thermique.

Avant l'essai, le calorimètre a été chauffé à 40°C et 15% d'humidité relative, soit un indice thermique (humidex) semblable à la chaleur ressentie pendant une canicule à Ottawa, où l'étude a été menée.

Les participants ont effectué 60 minutes d'exercice à environ 50 % de leur capacité aérobique maximale, soit l'équivalent d'un jogging.

Nous avons ensuite comparé directement les réponses physiologiques, y compris la perte de chaleur du corps entier et la température centrale du corps, entre les jeunes participants et les participants plus âgés lorsqu'ils avaient une osmolalité normale et élevée.

 Un participant assis dans le calorimètre

Cette étude a été réalisée à la suite d'une recherche similaire que nous avons publiée en 2019. Dans cette première étude, les jeunes participants et les participants plus âgés étaient déshydratés, ce qui entraînait une augmentation de l'osmolalité et une réduction du volume sanguin, alors que dans cette présente étude, l'osmolalité a été augmentée de manière artificielle et indépendante des changements de volume sanguin. Ces études complémentaires ont démontré presque les mêmes résultats. »

Souhaitez-vous ajouter quelque chose?

« La recherche a eu lieu à l'Unité de recherche en physiologie humaine et environnementale de l'Université d'Ottawa. Le projet a commencé au début de l'année 2018 et la collecte de données a été complétée à la fin de l’année 2019. La recherche a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). »

L’article « Ageing attenuates the effect of extracellular hyperosmolality on whole-body heat exchange during exercise-heat stress » a été récemment publié dans The Journal of Physiology.

 

Pour plus d’informations :
Justine Boutet
Agente de relations médias
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