Plus que des messagers : les nanoparticules qui transportent les médicaments peuvent aussi participer au traitement

Par Paul Logothetis

Conseiller, Relations de presse, uOttawa

Macrophages Micrographie électronique colorisée de macrophages
Une équipe de recherche de l’Université d’Ottawa a prouvé que les nanoparticules peuvent contribuer au traitement des maladies complexes en plus de transporter les doses de médicaments

Un autre groupe de l’Université avait déjà montré comment les scientifiques exploitent les thérapies géniques pour concevoir des traitements par nanoparticules qui combattent le cancer, les maladies cardiovasculaires et d’autres pathologies. Malheureusement, les agents de libération utilisés pour ce faire ne possèdent aucun potentiel thérapeutique et finissent par se dégrader après avoir joué leur rôle de messagers.

L’équipe de recherche s’est donc demandé si elle pouvait mettre au point des systèmes de nanoparticules qui ne seraient pas uniquement de simples transporteurs. 

Suresh Gadde

« Comme des millions de particules sont injectées pour chaque dose à administrer, ce serait bien qu’elles ne fassent pas que libérer les agents thérapeutiques. »

Suresh Gadde

— Auteur principal et professeur adjoint à la Faculté de médecine

« Comme des millions de particules sont injectées pour chaque dose à administrer, ce serait bien qu’elles ne fassent pas que libérer les agents thérapeutiques », explique Suresh Gadde, auteur principal et professeur adjoint à la Faculté de médecine. « Notre étude de validation de principe est peut-être la première à faire la preuve que les nanoparticules peuvent contribuer au traitement en plus de le transporter. C’est comme si on leur donnait une arme de plus. »

Les nanomédicaments et les systèmes de libération qui utilisent des nanoparticules peuvent encapsuler une grande variété de traitements possédant différentes propriétés physicochimiques. Ils protègent les médicaments et les libèrent dans les tissus ou les organes à traiter. Leur capacité à préserver, transporter et libérer les agents à base d’ARN à l’intérieur des cellules a permis aux scientifiques d’exploiter le potentiel de l’ARN messager (ARNm) pour le traitement de diverses maladies.  L’efficacité des différents vaccins contre la COVID-19 qui font appel à l’ARNm illustre bien l’importance des systèmes de libération de médicaments à base de nanoparticules.

Toutefois, ces systèmes servent principalement de véhicules pour transporter les médicaments et les agents thérapeutiques. Une fois les médicaments ou l’ARNm livrés à bon port, les millions (voire les milliards) de nanoparticules introduites dans l’organisme vont généralement se dégrader.

Le laboratoire G-INCs du professeur Gadde est un chef de file dans la conception d’outils nanométriques permettant de mettre au point des systèmes de nanoparticules ayant un potentiel thérapeutique intrinsèque ainsi qu’une capacité de libération améliorée. Son équipe a maintenant franchi une nouvelle étape en montrant comment ces mêmes agents de libération présentent un avantage en soi lorsqu’ils possèdent une bioactivité intégrée en plus de leur capacité à libérer le médicament.

« Nous nous sommes dit que ce serait une bonne chose si ces millions de nanoparticules n’étaient pas seulement destinées à se dégrader », explique Suresh Gadde. « Nous avons mis au point des nanoparticules vides qui peuvent faire adopter aux macrophages un état pro-inflammatoire. »

Ce concept pourrait permettre de grandes avancées dans la création de nouveaux médicaments et ainsi mener à des traitements plus ciblés et personnalisés pour soigner des pathologies complexes comme le cancer et les maladies cardiovasculaires.

L’étude, intitulée « Lipid Nanoparticles for Driving Macrophages to Promote Proinflammatory Cytokine Upregulation » (des nanoparticules lipidiques pour forcer les macrophages à promouvoir la régulation à la hausse des cytokines pro-inflammatoires), a été publiée dans la revue ACS Applied Nano Materials le 16 juin 2025. DOI: 10.1021/acsanm.4c06802.

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